-XXXI- Astrid [Réécrit]

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Assise sur un siège, dans une des salles d'attente de l'hôpital, j'attends la fin de l'opération d'Aaron. Ca fait maintenant cinq bonnes heures qu'il est parti, et je ne cesse de ruminer tout un tas de choses. En fait, ce n'est pas vrai, la seule chose à laquelle je pense depuis cinq heure, c'est le fait qu'il pourrait y rester. Je ne peux pas m'en empêcher, c'est plus fort que moi. J'ai beau me dire qu'il y a une chance sur dix mille que l'opération échoue, ça peut tout de même lui arriver.

Je me ronge les ongles, encore et encore depuis tant de temps maintenant, que du sang commence à perler. Je n'en peut plus, je vais finir par craquer. Elias et Amy m'ont rejointe il y a une demie heure, mais ils sont dans le même état que moi. On s'inquiète tous pour Aaron.

J'entends une porte qui claque au loin, quelqu'un arrive. Je me lève, dans l'espoir que l'infirmière que je vois au loin me dise que tout c'est bien passé, mais son air inquiet sur le visage me dit le contraire.

- Qu'est-ce qui s'est passé ?! s'écrit Amy.

L'infirmière prend son temps, elle détermine les bons mots à utiliser pour de telles circonstances. Je connais ça, j'ai dû le faire moi aussi, mais quand tu deviens la spectatrice et non l'actrice, tu te rends compte de la torture que ça représente. Rester là, face à cette figure inquiète qui met un temps fou à te dire ce que tu veux savoir. Elle prend enfin la parole :

- Je suis désolée, on a eu un problème pendant l'opération. Votre neveu, dit-elle en me regardant, n'a plus que quelques heures à vivre. Veuillez nous pardonner. Je vous emmène le voir tout de suite, il est encore conscient, me dit-elle en commençant à marcher en direction de la chambre d'Aaron.

Je ne réalise pas tout de suite ce qui vient de se passer, mais quand j'entre dans cette chambre, la réalité me rattrape. Aaron est là, allongé sur ce lit, les yeux fermé et le crâne bandé à la va-vite. Des tas de tuyaux et de perfusions sont reliés à son corps, et lui est immobile. Seul son souffle faible se fait entendre.

Je n'arrive pas à bouger, je reste là, sur le pas de la porte, à le regarder. Seul mes yeux fonctionnent encore, pour pleurer. Je n'arrive pas à parler, je n'arrive pas à bouger, mais je pleure, déversant des marais d'eau salée sur mon pull.

Amy et Elias sont plus téméraires que moi. Dès qu'ils sont entré, Amy est allé prendre la main d'Aaron et Elias s'est mit de l'autre côté de lui, la main sur son épaule.

- Combien de temps ? demande Amy à l'infirmière qui était restée en retrait.

- Six heures maximum, je suis vraiment désolée...

- Aaron, tu m'entends ? le questionne Amy d'une voix tellement douce qu'un ange en resterait bouche baie, je suis là, reste avec moi. Ne me quitte pas tout de suite.

Aaron ouvre les yeux. Ils regardent Amy, puis se referment, et s'ouvrent à nouveau difficilement.

Amy ne laisse même pas le temps à Aaron de parler. Elle prend son visage dans les mains, et l'embrasse. Ses lèvres restent collées à celles d'Aaron comme si elle lui déversait tout son amour en un baiser. Quand elle sépare sa bouche de celle de mon neveu, celui-ci bouge légèrement la tête vers l'avant, pour continuer leur baiser. Je fond encore plus en larmes. Je ne veux pas qu'il meure, ce n'est pas possible. Pas lui, pas mon neveu. Ce que je ne comprends pas, c'est qu'Amy ne semble pas s'apercevoir que c'est fini, cela fait cinq minutes qu'Elias est en pleure sur l'épaule d'Aaron, mais Amy ,elle, lui parle comme s'il y avait encore un espoir.

- Ne t'inquiètes pas mon amour, je ne vais pas te laisser partir.

Elle sort alors sont portable est appelle quelqu'un :

- Maman, où habite ton ami  qui a créé le médicament dont tu m'avais parlé ? Tu sais, celui capable de guérir les humains de tout ?

A peine a-t-elle prononcer cette phrase qu'elle s'élance en courant dans le couloir, me bousculant au passage, moi qui était toujours sur le pas de la porte :

- Je t'aime mon amour ! Attends moi ! s'écrit-elle déjà loin.


Tout s'est passé trop vite, Amy est partie depuis deux heures. J'ai enfin quitté ma place fétiche pour aller au côté d'Aaron. L'infirmière est partie depuis longtemps, refermant la porte derrière elle. Nous ne sommes plus que tous les deux, deux corps emplis de tristesse sur un corps presque vide. Je peine toujours à comprendre ce que fabrique Amy. Elle devrait être avec son petit ami mourant, au lieu de courir n'importe où. Elle a l'air persuadée qu'elle peut le sauver, si seulement s'était le cas...

L'état d'Aaron se dégrade de minutes en minutes. Son souffle s'estompe encore, et il n'est plus du tout réceptif. J'ai tellement peur. Peur d'atteindre se moment critique, ce point de non retour où arrivera son dernier battement de cœur. Elias m'a pris la main, il sentait que je craquais. Nos mains sont maintenant sur celles d'Aaron, posées sur son ventre. Son ventre qui se soulève à peine, on croirait que la Mort est arrivée en avance.


Amy arrive dans la chambre tel un courant d'air. Elle est toute essoufflée,  suante comme si l'on se tenait dans un hammam, mais elle sourit. Elle tient une seringue dans la main. Remplie d'un liquide tellement rouge qu'il est presque noir. On dirait du sang. Elle s'apprête à piquer Aaron, je ne peut pas la laisser faire. Elle est devenue folle !

- Amy, amy ! Qu'est-ce que tu fais ?!

- Ne vous inquiétez pas Astrid, ça ne lui fera pas de mal.

- Tu es devenue folle ! Je ne vais pas te laisser injecter cette chose dans mon neveu !

- Calmez-vous ! Vous savez que j'aime Aaron ! Je n'ai aucune raison de le tuer, faites-moi confiance, je vous en pris  ! Il ne luis reste plus beaucoup de temps.


Sa phrase me percute de plein fouet. Je viens de réaliser que je me bats  avec elle pour ne pas le piquer car j'ai peur que ça le tue. Mais il est déjà entrain de mourir.  A quoi bon éviter un empoisonnement alors qu'il est déjà trop tard ? Je n'ai plus rien à perdre. Si je veux récupérer mon neveu, autant tout tenter.

- Vas-y.

Le liquide s'écoule doucement dans les veines d'Aaron. Ces dernières commencent à devenirs noires, beaucoup trop noires pour que ce soit normal. Je n'ose même pas penser à ce que pourrait être le contenu de cette seringue...

Au fur et à mesure que la seringue se vide, Aaron reprend des couleurs. Des couleurs naturelles. Je n'arrive pas à y croire. Ça ne l'a pas tué, son état s'améliore ! Comment une chose pareille à pu arranger ce qui déraillait dans son cerveau ?

La seringue est vide. Nous sommes tous autour de lui, à attendre un signe. N'importe quoi qui nous prouve qu'il soit encore vivant.

Il ouvre enfin les yeux. Des yeux bien vifs, ceux d'un être vivant. Je m'apprête à le serrer dans mes bras, quand je m'aperçois d'une chose. Un petit détail qui fait tâche. Ces yeux ne sont pas bleus, mais rouges. Totalement rouge.

 Rouge, comme la couleur du sang.



The Cancerous and the VampireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant