-XXII- Amy [Réécrit]

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Ça y est, Esther est belle et bien enterrée six pieds sous terre. Plus jamais je n'entendrais sa voix, tantôt charmante, tantôt agaçante. Plus jamais elle ne m'énervera jusqu'à me mettre hors de moi. Plus jamais elle ne sera là pour me donner de ses précieux conseils. 

Ce qui est sûr, c'est que sa mort ne laissera pas ma famille indifférente. Je suis pratiquement convaincue qu'Anton va essayer de convaincre l'Ordre de lancer une chasse au chasseur dans Edimbourg. Il est  beaucoup trop entêté. Quant à mes parents, ils vont certainement m'interdire de sortir. J'ai bien vu que mon père s'est détendu ce soir, il a laissé Aaron dormir au manoir, mais ce n'est qu'Aaron. Mon petit ami cancéreux représente tout pour moi ;  mais pour mon père, ce n'est pas le cas, les autre humains vont devenir des chasseurs potentiels, et ma vie va devenir un cauchemar. Pourvu qu'il ne prenne pas cette décision...

Aaron dort sur mon lit. Détendu, perdu dans ses rêves, il à l'air tellement différent par rapport à d'habitude. Toujours morose et dépressif, - sauf dans ses jours de joie intense - il semble soudain serin, comme si sa vie d'avant avait disparue et qu'il était un tout nouvel homme. C'est la première fois en trois ans que je le vois dormir, je veux immortalisé cette vision, ce pur moment de paix absolue. Je prend alors mon carnet de dessin sur mon bureau, je ne m'en suis pas servi depuis des lustres, et attrape un crayon par la même occasion puis commence à dessiner mon tendre amour. Mon insomnie passera peut-être.

J'entame l'esquisse des formes de son corps, Aaron s'est couché torse nu, épuisé par son cancer et ses blessures qui ne se sont pas totalement refermées. Je vois tout ses os sous sous la fine couche de peau qui les recouvre. Ses abdominaux sont parfaitement dessinés, on dirait qu'un véritable Apollon est allongé sur mon lit, entrain de posé pour moi. Sauf que celui-ci est bien plus maigre...

En tout cas, s'il ne l'est pas pour les autres, il l'est pour moi. Je trace d'abord son torse, ses bras reposant derrière sa tête, sa jambe droite, qui pend à mon lit, comme s'il avait eu trop chaud à cause d'une couverture invisible, son autre jambe, repliée tel un danseur exécutant une figure de danse classique, et enfin, je termine par sa tête. Je prend mon temps, et observe chacun de ses détails, de ses yeux bleu clair telle une mer limpide à sa minuscule cicatrice au menton, à cause d'une escapade sur les toits qui avait mal finie.

J'ai de plus en plus de mal à garder les yeux ouverts. Essayant de terminer mon portrait d'Apollon, je crayonne tant bien que mal, jusqu'à ce que je m'endorme complètement, près de mon modèle.


Il doit être environ huit heures, quand Aaron se réveille, et par la même occasion, me réveille. Il a bougé pendant la nuit, et ses cheveux sont tout emmêlés. Quand il ouvre les yeux, son regard est laiteux, comme s'il émergeait d'un autre monde, d'un monde ou les rêves seraient réalité. Il tourne sa tête vers moi, et me fait un tendre sourire, un de ces sourire du dimanche, quand ton corps et ton esprit sont parfaitement reposés.

- Bien dormi ? lui demandai-je.

- Ouaip, et toi ? Tu as rêvé de moi ?

- Comment tu as deviné !? J'ai rêver que tu était mon preux chevalier, et que tu me délivrait de ma tour d'ivoire, dans laquelle un méchant dragon m'avait enfermée.

Il rit, qu'est-ce que j'aime l'entendre rire. Ce son m'emplit de bonheur, à chaque fois. Il se met sur ses coudes et s'assoie contre la tête de lit. Je le rejoins alors, et il passe son bras derrière mon coup. Nous restons un long moment ainsi, à se contempler comme on le ferait pour la Joconde, avant qu'il ne commence à me caresser les cheveux. Doucement, il me masse le crâne en faisant des va et vient de ses longs doigts. Je ferme les yeux et me laisse bercer.

- J'ai une question à te poser, me dit-il soudain.

- Je t'écoute.

- J'ai cru comprendre que le sang de vampire faisait cicatriser les blessures beaucoup plus vite.

- Hum hum, c'est ça.

- Est-ce qu'il pourrait soigner des maladies ? reprend-t-il.

Je vois d'avance où il veut en venir, et malheureusement, il va être déçu. Mais je n'y peut rien, que notre sang guérisse les blessures est déjà un sacré don, il ne peut pas en plus annihiler tout de mauvais dans un corps, qu'il soit humain, ou vampire. Avec un certain regret, regret de ne pas pouvoir lui dire tout simplement "oui", je lui réponds tout de même :

- Non Aaron, ce serait trop facile sinon. En fait, notre sang permet de cicatriser des blessures corporelles légères, comme des coupures, des brulures ou des trous de balles. Tout ça sur un corps humain. On peut aussi le faire sur un autre vampire, comme Anton à voulu essayer sur Esther, quand son propre sang n'est pas assez efficace. Mais on ne peut pas agir sur l' organisme, ou alors il faudrait tout le sang du vampire, et il serait mort... Je ne peux pas te guérir sans mourir Aaron, je suis vraiment désolée...

- Ne t'inquiète pas, me dit-il tendrement, j'étais juste curieux. J'imagine que tu me l'aurais proposé depuis bien longtemps si c'était le contraire.

- Je ne t'aurais même pas laisser le temps de souffrir une seconde, crois-moi...


Habillés et propres, nous descendons dans le jardin, rendre visite à Esther. Anton est déjà là, j'espère qu'il n'est pas resté la veiller toute la nuit. Les vampires ont besoin de beaucoup moins de sommeil que les humains, mais un minimum s'impose tout de même. Il ne nous regarde pas, il est complètement absorbé par ce rectangle de terre retournée sous cet arbre, comme si Esther lui parlait. Mes parents arrivent cinq minutes après nous, comme si un rendez-vous mystère avait été fixé.

Ma mère s'avance vers nous, un sourire sur ces fines lèvres :

- Bonjour vous deux, j'espère que vous vous êtes bien reposés d'hier soir. Je n'ai pas pu m'empêcher de vous écouter tout à l'heure...

- Vous avez une super ouïe ? l'interrompt Aaron, non sans une touche de sarcasme habituel.

- Non, j'ai juste tendue l'oreille, lui répond-t-elle amusée, je voulais vous dire que je connais justement quelqu'un qui pourrait te guérir Aaron. C'est un ami de longue date, un scientifique qui étudie notre organisme, l'organisme des vampire. Mais aussi celui des humains. Il s'intéresse beaucoup à vous étrangement... Il y a peu, il a inventé un médicament, une sorte d'antidote à toutes vos maladies, à base de sang de vampire. Pour que vous viviez plus longtemps.

- C'est incroyable ! je m'écris alors un peu trop fort, on pourrait en avoir ?

- Pas vraiment, il n'en a fait qu'une dose expérimentale pour l'instant, et le plus gros problème, c'est qu'il habite en France. C'est pour cela que je ne vous l'ai pas dit plus tôt... Mais je voulais que vous le sachiez. Un jour peut-être, tous les humains pourront s'en procurer. 

-Merci de nous en avoir parler, c'est toujours intéressant, lui dit Aaron.

- Je t'en prie, lui répond ma mère avec son habituel sourire, ni trop expressif, ni trop désenchanté.


Après cet instant réservé au calme et au recueillement, Aaron est parti, il fallait bien qu'il rentre chez lui un jour, ne serait-ce que pour ne pas inquiéter sa tante et se reposer. Pour moi, il n'en est pas question pour l'instant. Papa nous a tous convoqué dans le salon dans quinze minute. Et tout le monde sait déjà pourquoi : une réunion de famille.

The Cancerous and the VampireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant