-V- Amy [Réécrit]

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Installée dans ma voiture, cela fait cinq minutes que je farfouille dans mon sac à dos à la recherche de mes clés. Les ayant enfin trouvées, je démarre la voiture pour rentrer chez moi. Après une journée de cours, je ne me repose jamais tout de suite. Je doit d'abord m'entraîner. M'entraîner pour rester en vie. Pour chaque jour améliorer mes compétences en maniement de poignard, mon arme fétiche.  Une famille de vampires à Édimbourg passe inaperçue pour les humains ordinaires, mais pour les chasseurs, ce n'est pas le cas du tout. Ces humains là passent leur temps à récolter des informations sur chaque vampire vivant dans leurs environs, en écoutant les ragots, en nous pistant, ou encore grâce à leurs contacts.

J'ai beau être discrète et prudente, le moindre faux pas peut livrer ma famille à la mort. C'est pour çela que tous les soirs, après les cours, je m'entraîne. Pour pourvoir me défendre, et éventuellement massacrer n'importe quel chasseur qui s'en prendrait à ma famille ou à moi. 

Arrivée à la maison, je salue tous les habitants de notre petit manoir. Quand nous sommes arrivés à Edimbourg, nous nous sommes installés dans cette demeure. En l'observant de l'extérieur, avec ses tours pointues, elle a tout ce qu'il y a de plus effrayant. Le bois noirci des ses murs craque au vent, la peinture s'effrite et les volets claquent. Mais à l'intérieur, elle est incroyablement chaleureuse. Des tapis parsèment les sols, les couleurs des murs et de la décoration sont chaudes, et les meubles bien que d'époque, s'accordent parfaitement.

Ma mère lit sur le sofa du salon, mon père joue du Bach au piano et ma tante et mon oncle, s'envoient en l'air dans leur chambre vu le bruit que j'entend, comme souvent d'ailleurs. Je monte ensuite dans la mienne, et me change. Je décroche les poignards de mes chevilles, cachés sous mon jean et j'enfile comme tous les jours mon jogging, mon débardeur et mes baskets.

Dans la salle de combat, au sous-sol du manoir, fermée par une porte à code, je commence à choisir mes armes du jour. En face de moi se trouve une armoire gigantesque, dans laquelle est entreposé un immense arsenal, mais pas d'armes à feu. C'est trop bruyant, n'importe qui pourrait débarquer à l'improviste alors que je serais en plein combat parce qu'il m'aurait repéré à cause du bruit. Oui, c'est beaucoup trop dangereux. 

J'utilise toujours mes poignards, mais j'ai envie de changer aujourd'hui. Je penche alors pour une autre sorte de lame, une épée. Longue et fine, elle siffle dans les airs quand je la fait danser entre mes mains. Sa prise est souple, mes doigts épousent parfaitement son manche. Je commence alors l'entraînement, lacérant des chasseurs imaginaires.

Deux heures plus tard, je fini ma séance en sueur, les cheveux dégoulinant, et les joues rougies par l'exercice. Je me dirige alors vers la salle de bain, au même étage que ma chambre. Je laisse l'eau du bain couler, puis plonge dedans. Un nuage de vapeur se forme, couvrant le grand miroir sur ma droite. La chaleur apaisante du bain me relaxe après cette séance.

Enfin lavée et reposée, je descend pour aller manger. J'aide généralement à mettre la table, ce qui consiste en fait à sortir cinq poches de sang du frigo, à les chauffer et à les mettre dans une tasse. Rien de bien compliqué. Ce soir, c'est lapin au dîner. Ce n'est pas un de mes animaux préférés, mais ça fera l'affaire, je suis affamée.

Notre famille ne boit pas de sang humain, ce que je trouve très bien. Mon père à toujours eu du mal à s'intégrer aux humains, se tenant constamment à l'écart de ces derniers, mais ils refuse de boire leur sang. Non pas parce qu'il les déteste, mais parce qu'il les considère comme les humains qu'ils sont, et refuse de leur porter atteinte. D'autres humains ont besoin de ce sang, alors que nous, le sang d'animaux nous convient tout aussi bien. Le sang de lapin assure donc le remplacement pour ce soir.


Allongée sur mon lit, les mains sous la tête, je repense à ma journée. Avec tous les cours que j'ai, je n'ai pas beaucoup vu Aaron. Je me dis alors qu'il n'est jamais venu chez moi, dans ma chambre, sur mon lit. Depuis qu'on se connait, je suis déjà allé des centaines de fois chez lui, pour une heure, pour la soirée, pour la nuit. Sa tante est tellement agréable, elle me gatte comme si j'étais sa petite fille et elle ma grand-mère. 

J'aimerais tellement que ce soit la même chose avec ma famille, mais ce ne sera jamais possible... Mes parents refusent que qui que ce soit mette le pied chez nous, surtout mon père. Ils savent depuis deux ans que je sors avec Aaron, depuis le début, mais pour rien au monde il ne passera la porte du manoir. Mes parents sont des êtres adorables, qui prennent soin de leur famille et la protège. Mais parfois, ils en font trop, aujourd'hui, en 2017, ils sont resté coincés au dix-neuvième siècle, à l'époque où les vampires étaient considérés comme des êtres du diable et finissaient au bûcher. Ils vivent dans la peur depuis trop longtemps, et un jour, j'espère qu'ils ouvriront les yeux... Le monde à changé, nous ne sommes plus en danger, enfin, nous n'avons plus rien à craindre des humains ordinaires. Pour ce qui est des chasseurs, c'est une autre histoire...

Avant de m'endormir, je griffonne dans mon carnet à dessin, pour me vider la tête.  Avec l'entraînement et son bain post-séance, c'est la seule chose qui me détend. J'adore dessiner ce qui me passe par la tête, à moitié endormie sur mon lit. Je trouve ça tellement relaxant. Mais ce que j'aime le plus au monde, c'est Aaron. Des dizaines de portraits de mon amour traînent dans mon carnet. Je décide alors de l'appeler, j'attrape mon portable posé sur la table de nuit et compose son numéro. Des PIB retentissent, mais personne ne répond. Déçue, je repose mon téléphone et me met sous ma couverture. Bien au chaud en ce moi d'Octobre, je ferme les yeux, en espérant rêver d'Aaron, mon amour, et non pas encore de ces enfoirés de chasseurs.


The Cancerous and the VampireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant