11. AIDE-MOI M'MAN

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Plus le temps passait, plus je fanais
Je suis devenue maigre, laide, négligée, mal coiffée.
J'ai des rides, des cernes, j'ai la peau toute pâle, toute sèche.
Je ressemble vraiment à un cadavre ambulant
Mes yeux sont tout le temps rouges, j'ai une tête d'enterrement.

J'ai arrêté de travailler, pas parce que j'ai tout pour bien vivre, mais parce que même mon lieu de travail était devenu un enfer pour moi.
Les gens murmuraient toujours à mon arrivée, certains me suivaient du regard quand je passais, pire d'autres se moquaient de moi ouvertement.
Une fois j'ai même surpris des collègues en train de parler de moi avec une telle méchanceté.

:-... Sept ans de mariage sans enfants, c'est vraiment une honte. Dit la première

-En plus elle ne se gêne même pas de profiter de l'argent de son mari. Ajoute la deuxième

-d'ailleurs je me demande si elle a toujours ses trompes. Ajoute la première

- Nous qui avons des trompes et des enfants tombons sur des hommes fauchés. Dit la troisième.

Elles ont éclaté de rire comme si c'était drôle.
J'ai décidé de les interrompre, pensant qu'elles allaient craindre ma présence, parce que après tout, je suis  la femme du patron ;mais non, elles ne se sont même pas gênées

-Hum ça sent la stérilité par ici. je m'en vais. Dit la troisième en tournant ses talons

-Ouais il parait même que c'est contagieux. Dit la deuxième en me narguant.
Elles sont sorties en me regardant avec dédain
Non mais, c'est leur problème depuis quand? En quoi mon état les affecte?
Je suis restée  bouche bée, sans remarquer que je pleurais déjà
J'ai cru que c'était un rêve, mais non. L'affreuse réalité à laquelle je dois faire face. Depuis ce jour, j'ai arrêté de mettre mes pieds à la banque, je me rappelle n'avoir même pas terminé ma journée au travail.
Ce jour là, j'ai pleuré comme pas possible
Je me sentais sale, j'avais l'impression d'avoir une étiquette collée à mon front avec comme inscription"stérile"
Ce soir là j'ai dit à Cyrille que je voulais divorcer, que je ne supportais plus cette vie, cette humiliation.

-Ne dis plus jamais une telle bêtise Rita. Tu es ma femme, et tu le seras toujours avec ou sans enfants. Avait-il dit pour me consoler.

Je savais qu'il m'aimait beaucoup, mais je pense sincèrement que le sexe et la présence de sa bien-aimée ne comblent pas tous les désirs d'un homme. Tous les hommes rêvent de devenir papa, et je ne veux pas priver Cyrille de ce privilège.
Il ne peut pas porter ce fardeau autant que moi.  Il n'y est pour rien, il mérite d'être heureux, il mérite d'avoir des enfants
              
           Chez ma mère

         Toc toc toc

-Oui j'arrive, répond ma mère

Elle m'ouvrit la porte et dès qu'elle me vit, elle comprit que j'allais très mal.
Aussitôt elle me prit dans ses bras

- Rita mon bébé, qu'est-ce qu'il t'arrive? Pourquoi tu as cette tête?

Elle fondit en larmes. Je fais vraiment de la peine à ce point? Suis-je devenue si horrible?

-m'man je n'en peux plus. Aide-moi sinon je vais mourir

-Non non non mon bébé, dis pas de bêtises. Entre, tu es ici chez toi. Et puis sèche vite ces larmes. On n'est pas à un enterrement. Dit-elle en prenant mon sac à main.

Elle me fît asseoir sur le canapé. Quelques minutes après elle m'a apporté un verre d'eau qu'elle me fit boire tout en me caressant le dos

- Bébé tu dois manger. Regarde-toi vraiment. Tu as maintenant la peau sur les os. Tu m'as l'air très fatigué

-Ce n'est rien m'man. La fatigue n'est rien face à ma souffrance. Cette fatigue me fait oublier que je suis stérile, ça m'évite de penser.

- Viens là, arrête de pleurer ma fille.

Elle me prit dans ses bras pendant un long moment.
Elle m'a fait des bisous partout.

- Ta chambre est toujours libre, va te reposer le temps que je te fasse à manger.

-D'accord m'man. Dis-je en me levant avec peine.

Je ne marchais pas, je traînais carrément mes pieds
Je ne sais pas comment mais je réussis à m'endormir paisiblement.
Il n'y a que dans les bras de ma mère que je trouve du réconfort , que je ressens de l'amour.
Je crois que j'ai dormi pendant trois longues heures. Ça m'a fait du bien je l'avoue. Je n'ai jamais été aussi paisible depuis très longtemps.
Il n'y a que dans cette maison que je me sens en paix, il n'y a qu'ici que je peux oublier tous mes problèmes. Ici je suis une fille à maman, et pas une femme stérile.
Nous avons mangé, j'ai aidé ma mère à tout nettoyer plus tard, je l'ai même aidée en repassant ses vêtement.

-Rita, je suis aussi triste que toi. Ton problème m'affecte aussi. Mais sache que je serai toujours là pour toi. Ne baisse jamais les bras. Dit-elle en souriant

- M'man je veux mourir. Ma belle-famille ne veut plus de moi, je suis la risée de tout le monde. Les gens ne veulent pas comprendre que j'y suis pour rien. S'ils veulent condamner quelqu'un, qu'ils condamnent mon créateur.

Ma mère se contente de me regarder sans rien dire. Après tout, que va-t-elle dire? Elle ne peut rien faire pour arranger ma situation.

-Bien-sûr tu ne peux pas me comprendre. Tu ne peux pas ressentir ce que moi je ressens. Dis-je brusquement en tapant sur la table

-M'man je souffre. Je suis malheureuse. Au fond j'ai peur de perdre Cyrille, et s'il m'abandonne? Ajoutais-je

Comme toutes les fois que j'aborde ce sujet, je me suis encore mise à pleurer
J'ai vu la tristesse sur le visage de maman. Sûrement elle se sent impuissante face à mon problème.

Il était déjà vingt-et-une heures, et pour plus de sécurité, ma mère a demandé à Cyrille de venir me chercher.

Il est venu aussi vite que possible, c'était mieux parce que j'étais sortie sans voiture.

stérile[ EN CORRECTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant