20. LE JOUR OÙ TOUT A BASCULÉ

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Je venais de passer une nuit inoubliable avec Cyrille. Ça faisait si longtemps; c'était comme notre première fois.

On était là sous les draps, moi dans ses bras, jambes mêlées, doigts mêlés, il me faisait de petits bisous et de petites caresses avec sa main gauche
Il était 9heures, c'était un samedi, le calme total
On se rappelait nos plus beaux souvenirs,  on se taquinait, on retrouvait notre petite complicité
On était dans notre petit monde et soudain quelqu'un se mit à cogner à notre porte. Mais qui peut nous déranger à cette heure?

  
-Monsieur, vous avez de la visite. Dit Jeanne, la femme de ménage, de l'autre côté de la porte.

-À cette heure? Il est 9heures bon sang! Gronde Cyrille

-c'est votre mère monsieur. Dit-elle

-Oh! j'arrive. Dit-il en enlevant sa main de mon dos

Après s'être habillé, il me fit un petit bisou, en me disant qu'il serait mieux que je ne descende pas vu mes rapports avec sa famille.
De toutes les façons, je n'ai pas envie de gâcher ma bonne humeur.Je sais qu'elle ne m'aime pas, je ne vois pas l'intérêt d'essayer de gagner son amour tant que je suis toujours sans enfants.

Mais qu'est-ce que c'est long d'attendre! Je n'en peux plus. En plus j'ai l'impression d'entendre du bruit provenir du salon. Des femmes qui parlent très fort, des enfants qui pleurent, crient.
Comment on peut se ramener chez les gens un samedi matin avec toute sa famille?
Je me suis habillée rapidement pour voir ce qu'il se passe réellement dans cette maison.

Je descendais les escaliers avec beaucoup d'appréhension.
Ce que j'ai vu et surtout entendu m'a donné la chair de poule, j'ai le sang glacé, j'ai froid au dos, j'ai failli m'évanouir
Je me suis pincé plusieurs fois pour vérifier si c'était un rêve, mais non, ce n'est pas un rêve, c'est le spectacle auquel j'ai droit un samedi matin chez moi à la maison après avoir passé une nuit magique avec Cyrille
C'est elle, c'est cette même femme, je l'ai vite reconnue, c'est le même visage, c'est le même prénom, ce sont les mêmes enfants, j'ai reconnu son prénom, c'est la fameuse Elodie! Il y avait cette Elodie, ses enfants, ma belle-mère, ses deux filles, Sandra et...et des valises.
Ces enfants qui appellent Cyrille papa, cette Elodie qui appelle Cyrille son amour, Sandra qui demande à ma femme de ménage de ranger les valises dans les chambres.

-Mets les valises d'Elodie dans une des chambres avant que la stérile n'enlève ses affaires de la chambre de mon frère. Dit Linda à Jeanne

Je me suis arrêtée sur la dernière marche des escaliers, les yeux humides, des larmes coulaient déjà sur mes joues.

-Ah! Tu es là? Le règne de la stérile est terminé. Dit Sandra en rigolant

-Rita, ce n'est pas ce que tu crois, je... Tente Cyrille pour me berner

-Tout est clair Cyrille. Dis-je en faisant un pas en arrière.
Sans comprendre où elles allaient, mes belles-soeurs ont pris la direction des escaliers.

-j'ai été stupide. Je t'ai proposé le divorce, mais tu as refusé. Et pourquoi? Pour m'humilier de la sorte? Tu m'as caché cette histoire pendant quatre ans, quatre longues années.  Je n'ai pas demandé à Dieu d'être stérile. J'ai fait l'impossible pour te donner des enfants, j'ai fait des choses horribles juste pour te combler, pour faire la joie de ta famille.
En quatorze ans de mariage, j'ai plus été humiliée qu'aimée par ta famille. Dis-je à Cyrille en pleurant.

-Même une femme stérile mérite un peu de respect, un peu d'amour. Dis-je en déterminant la quantité avec mes doigts.  Essayez de vous mettre à ma place. Je suis stérile, je l'accepte, mais au fond j'ai un coeur, j'ai une âme. Je suis et je resterai une humaine. Dis-je cette fois-ci à ma belle-mère.

Je parlais en pleurant, je tremblais même.
Elodie était toujours assise à côté de ma belle-mère, les enfants avaient arrêté de jouer étant donné que toute l'attention était portée sur moi.

J'ai vu ma belle-mère verser des gouttes de larmes, des larmes de crocodile.

Alors que je parlais, j'ai vu mes valises être jetées dehors. Subitement les trois femmes m'ont saisi pour me mettre dehors.
Tout s'était passé tellement vite
Elles m'expulsent de ma maison.
Mais pour qui elles se prennent?

-vous n'avez pas le droit de la toucher, lâchez-la! Hurle Cyrille en avançant vers nous.
La salle de séjour est très grande, nous étions donc un peu éloignées les uns des autres.
Sa mère le retenait pour ne pas qu'il empêche les trois femmes de me mettre dehors.
Au même moment, ma belle-mère s'évanouit.
Tout d'un coup Cyrille, pris de panique, est resté figé un instant comme si la terre avait arrêté de tourner.

Tout le monde était agité dans la maison
Elodie venait de chasser la femme de ménage du salon, les enfants pleuraient , Cyrille appelait une ambulance, mes belles soeurs font ce qu'elles aiment faire: m'insulter.
Je me suis même habituée au fait qu'on me traite tout le temps de stérile. Ça ne m'affecte plus.

Elles ont profité de l'agitation de Cyrille pour me mettre dehors.
Je suis restée debout devant ma parcelle, avec mes valises par terre.
Moi, Rita, chassée de chez moi, parce que je suis stérile.

Je mets une dizaine de minutes avant de me décider. Je trouve rapidement un taxi et en partant, je croise l'ambulance qui venait chercher ma belle-mère.

stérile[ EN CORRECTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant