5. Les prisonniers

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Sicile, plage de Fontane Bianche



Le jeune Hamilcar arrive sur la plage de Fontane Bianche. Il pleut à verse. Il découvre avec horreurs les cadavres entassés sur un morceau de plage.  Il s'avance vers eux et met sa main devant la bouche tellement l'odeur est insoutenable. Un homme qui ramène un cadavre des eaux s'approche de lui, et baisse son foulard pour lui parler.



HOMME (criant sous la pluie)
C'est pas beau à voir petit, hein.

HAMILCAR
Y a-t-il des survivants ?

HOMME
S'il y en a, ils seront pendus, pour désertion.


Hamilcar regarde les têtes violettes encore en état.


HOMME
Tu cherches quelqu'un ?

HAMILCAR
Je connaissais un jeune garçon. Mais je ne le vois pas.

HOMME
Soit son cadavre a été repêché et brûlé, soit il est encore en vie et est retenu captif  à Syracuse.

HAMILCAR
Où ça exactement ?

HOMME
Aux Latomies des Capucins. C'est là qu'ils enferment les prisonniers de guerre.

HAMILCAR
De quel côté est-ce ?

HOMME
Par là, mais il te faut un cheval, c'est à 3 heures de marche.

HAMILCAR
Ce n'est pas grave.


Hamilcar commence à partir.


HOMME (l'interpellant)
Hé petit, si j'ai un conseil à te donner au vu de ton accent, si j'étais toi j'éviterais de mettre les pieds dans Syracuse. Oublie ton ami, et refais-toi une vie. Les temps sont incertains. Depuis que Pyrrhus est parti, les grecs veulent reprendre la ville, et il ne fait pas bon être étranger dans les parages.



Hamilcar ne dit rien et reprend sa route. L'homme le regarde rejoindre le chemin avant de retourner à la mer, repêcher des cadavres sous la pluie.


Trois heures plus tard.... Le soleil se montre plus clément du côté de la presqu'île d'Ortigie. Hamilcar arrive devant les portes de Syracuse. Il demande son chemin à un homme qui le conduit devant les énormes carrières de calcaires au nord de Syracuse. Hamilcar s'approche du garde à l'entrée.


GARDIEN
Hé toi, passe ton chemin. C'est pas un endroit pour venir s'amuser.


Le jeune garçon jette rapidement un œil aux carrières blanches derrière le gardien et rebrousse chemin, quand une petite charrette tirée par un âne arrive dans sa direction. Il se cache derrière un  buisson, grimpe en silence à l'arrière du convoi, et se cache sous une couverture. Le vieil homme arrête son attelage à hauteur du gardien.


VIEIL HOMME
J'emmène les vivres pour les prisonniers.

GARDIEN
Très bien, passez.


Hamilcar attend d'être éloigné de l'entrée et jette un coup d'œil discrètement par dessus la couverture. Il apperçoit au fond d'une immense grotte des soldats prisonniers dans des cages, et d'autres, le long des carrières.

Sicile, grandeurs et décadencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant