De révélations en révélations

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Tout en longeant les côtes et nombreuses falaises, agressé par le vent et sa fraîcheur, submergé par l'odeur marine, celle qui se dégageait des vagues, Djafar marchait fièrement. Le dos droit, équipé de son épée au manche doré et à la lame étincelante. On le devinait presque à travers son fourreau, qui lui servait également de ceinture, tout cela, caché sous son long et manteau à la couleur d'un corbeau.

Sur le haut de la falaise, à une altitude très élevée, il rejoignit ses hommes. Des cordes traversaient chaque recoins de l'endroit. Chaque corde, chaque chaîne, était reliée à quatre énormes piliers de pierre qui demeuraient ici depuis des millénaires. Au milieu de ce haut rocher était couché une créature légendaire qui par delà les océans et les montagnes, n'avait su qu'abreuver l'imagination des adultes et la terreur des enfants jusqu'à ce jour.

Djafar s'arrêta près d'elle, même si l'un de ses hommes lui avait conseillé de rester à l'écart. La mâchoire du monstre était ligotée à l'aide de chaînes d'acier. De ce fait, Djaär ne pouvait plus ouvrir la gueule et risquer de brûler toute personne se trouvant à proximité. Les ailes nouées, les pattes ligotées. Il n'était plus que prisonnier de ces piliers et de cette falaise, allongé de tout son long, impossible pour la bête de se relever. Seul le bruit des vagues frappant les pierres pouvait le bercer et l'endormir car sa colère était si intense qu'elle serait bien plus chaotique que le feu.

Les hommes nétaient plus sa proie.

Il était la proie des hommes.





— AAAAAAAAH !

Dans l'obscurité des cachots, ce cri résonna à travers le château. D'abord, on put entendre un bruit métallique comme une gamelle se renversant sur le sol avant que des soldats ne descendent les marches vers les ténèbres pour éclairer de leur torche, l'endroit d'où provenait le cri.

Ils purent alors distinguer un homme à califourchon sur un garde, ce dernier criait et ses jambes n'arrêtaient pas de gesticuler. Quand l'agresseur se redressa, il cracha quelque chose sur le sol tandis que le garde hurlait à n'en plus finir, les mains plaqués sur son cou.

Le plus jeune des trois soldats s'empressa d'attraper l'individu par les bras pour le relever de sa victime. En le tournant vers son camarade, la torche éclaira son visage et ses yeux gris. Il se débattit mais les soldats s'empressèrent de le maintenir et de le renfermer dans sa cage.

Ils lui claquèrent la porte au nez. Le « monstre » comme il paraissait l'être, entoura les barreaux de ses mains et leur grogna dessus. Le feu de leur torche l'éblouit au début, il plissa les paupières avant de les ouvrir correctement.

— Espèce de malade, t'es un vrai sauvage ! Tu te comportes comme un animal. Pour la peine, tu ne seras plus nourris ! Nous ferons en sorte que le roi te bannisse ! Sale Monstre !

Ils aidèrent leur ami à se relever et montèrent les marches les uns derrière les autres.

— Je ne suis pas un monstre ! hurla-t-il dans l'espoir qu'on l'entende. Je m'appelle Nicolas !

Remarquant qu'aucune réponse ne lui parvint, il se laissa glisser le long des barreaux et tendit ses jambes sur le sol. Il prit sa tête entre ses mains, serra ses cheveux entre ses doigts et poussa plusieurs grognements. Il n'avait pas su se contrôler mais jamais il n'avait voulu blesser ce garde, bien qu'être enfermé depuis des jours en devenait pesant, il était capable de garder son sang froid, plus jeune il avait vécu bien pire.

Il releva la tête, enfin calmé et souffla à plusieurs reprises pour que les battements de son cœur ralentissent.

— Ils aiment bien donner des noms aux prisonniers, murmura quelqu'un dans l'ombre. Ils aiment nous traiter comme des animaux parce-que nous sommes vulnérables et ils se sentent puissants. Tu as le droit de tenter de échapper.

Le Maître des DragonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant