Assis au bord de son lit, les mains sur les cuisses, vêtu d'un pantalon blanc, Nathaniel gardait ses yeux rivés sur la fenêtre face à lui. Le dos droit, le menton levé, le visage inexpressif. Ce pantalon blanc était son pantalon de cérémonie, celui qu'il avait porté le jour de son mariage avec Ivène. Cette femme qu'il aimait tant, non pas pour sa beauté, mais pour tout le reste. Sa voix qui le berçait, ses douces mains qui caressaient ses cheveux lorsqu'il n'arrivait pas à trouver le sommeil, son sourire étincelant, son humour ravageur et tous ces petits détails qui ne lui échappaient pas depuis qu'il l'avait rencontrée.
À son mariage, Nathaniel avait eu le cœur palpitant, les mains moites, les jambes en coton et cette sensation d'être fiévreux. Au fond, il était simplement heureux. Mais comment l'être réellement, lorsque l'on sait que la femme que l'on aime, en aime un autre ? Il avait tout de même continué à espérer qu'elle change d'avis, qu'elle ouvre les yeux et qu'elle se rende compte que le prince ne servait pas seulement à la faire monter sur le trône, mais qu'il servait à quelque chose d'autre, comme lui donner l'amour qu'elle méritait.
Malheureusement, quelques heures plus tôt, Nathaniel avait eu une conversation avec son père, qui s'était transformée en une violente dispute. La marque rouge qui colorait sa joue droite le prouvait, son père l'avait giflé, si fort que cette claque avait résonné dans toute la demeure, le bruit n'ayant échappé à personne. Djafar avait commencé à lui parler de ses dernières actions, les villages brûlés, les personnes tuées et son parcours au dessus de l'Océan sur le dos de son dragon, sans oublier de mentionner toutes ces nouvelles inventions qui allaient révolutionner le marché ! Nathaniel l'avait écouté, sans un mot et quand Djafar lui avait demandé de parler, son fils avait tenté d'être honnête. « Pourquoi faites-vous le mal autour de vous, Père ? » avait-il demandé. En guise de réponse, il avait eu droit à tout un tas d'insultes. « Comment oses-tu t'opposer à mes actions ? Tu es censé me succéder d'ici quelques années et je veux pouvoir compter sur toi pour continuer ce que je ne pourrai plus faire ! J'ai toujours su que tu étais un incapable, notamment depuis que ta femme baise avec le sauvage ! » Quand Nathaniel avait appris que Nicolas couchait encore avec Ivène, son cœur s'était arrêté de battre pour alors se briser en des milliers de morceaux, encore plus lorsque son père rajouta : « Elle n'est pas enceinte de toi, elle est enceinte de Nicolas et son enfant sera le mien, parce-que j'ai été incapable de concevoir un enfant bénéficiant de ce maudit don ! Elle ne t'a épousé que par dépit, tu es bien trop laid pour une femme comme elle... Elle est comme moi, elle ne cherche que la reconnaissance, la richesse, le pouvoir... Si seulement j'avais pu rencontrer une femme comme elle plutôt que ta mère à l'époque ! Heureusement qu'elle s'est tuée avant que je ne le fasse à sa place. »
La mère de Nathaniel s'était donnée la mort alors qu'il était seulement âgé de cinq ans, il ne l'avait jamais réellement connue mais l'avait toujours admiré à travers les tableaux qui la représentaient elle et son époux un petit peu partout dans la demeure. Un époux qui finalement, ne l'avait jamais réellement aimé. C'était simplement une dame de la cour, belle, intelligente, naïve... suffisamment pour avoir épouser un homme exécrable comme Djafar et lui donner un enfant qui ne fit que le décevoir au cours de sa courte vie.Alors il était assis là, sur le bord de son lit, devant sa fenêtre, portant sa tenue de noce, un goût d'amertume sur la langue. Il écoutait tous ces bruits qui provenaient de l'extérieur, ces coups de canon, ces cris, ces coups de feu, ces bruits métalliques, les chevaux qui hennissaient sans arrêt. C'était comme si le chaos s'abattait sur la ville en même temps que sur sa vie. Il tenta de savoir où est-ce qu'il s'était trompé. À quel moment, durant ces misérables dix-neuf années, il n'avait pas fait les choses comme il le fallait. Mais pour lui, il avait agi comme un prince, il avait cru trouver la perle rare mais il ne s'était jamais douté une seule seconde avoir un père habité par la folie.
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Le Maître des Dragons
FantasyNicolas est né avec des yeux atypiques, vifs comme un feu qu'on ne peut éteindre. Alors qu'il n'était qu'un enfant, il eut l'étrange capacité d'approcher les dragons. Ce don fit rapidement le tour du village, lui donnant alors l'image d'un démon. Ba...