Cinq ans plus tôt...
C'était ce fameux jour que Nicolas avait été marqué par les flammes, alors que le soleil brillait de milles feux, chauffant la terre qui grouillait d'insectes, éclairant l'eau pour y créer de magnifiques reflets... Nicolas, encore tout jeune, était assis contre la pierre de la falaise, les jambes repliées contre sa poitrine tandis que non loin de lui, se trouvait quatre bébés dragons, en train de se battre pour une aile d'oiseau mort depuis des semaines. Il en avait assez d'entendre ces grognements, ces rugissements aiguës et stridents. Il en avait assez d'être coincé sur cette roche, sur cette montagne si haute, là où il faisait froid et où le soleil pouvait être remplacé par la pluie ou la neige en quelques secondes seulement. Il plaqua ses mains contre ses oreilles et rentra la tête dans ses épaules, il se balança d'avant en arrière, les yeux clos, les lèvres pincées.
Lorsque que quelque chose lui pinça la peau du bras, Nicolas se redressa brusquement et se tourna, faisant face à l'un des dragons. Il était frêle, faisant la même taille que lui, et ses yeux vifs toisaient Nicolas avec une intensité indescriptible. L'animal pencha la gueule sur le côté, ses écailles rouges et rêches brillaient sous le soleil de plomb. C'était comme si la bête avait compris ce qui n'allait pas, d'autant plus que quelques jours plus tôt, Nicolas avait sauté, tentant de mettre fin à ses jours tandis que les dragons avaient appris à voler.
— Qu'est-ce que tu veux ? grogna Nicolas.
Le cri d'un faucon lui fit lever la tête vers le ciel. Ce n'était pas la première fois qu'il en voyait, certainement pas la dernière non plus. L'oiseau fondit sur eux à toute vitesse, Nicolas eut le temps de se lever et de se réfugier dans la grotte alors que Hargon, le jeune dragon, fut saisit par le bec de son ennemi, la pointe biscornue plongeant dans la chair tendre de son aile.
— Non ! hurla Nicolas en se jetant sur Hargon.
Les deux mains entourant ses pattes griffues, il tira le dragon vers lui, ne laissant pas le faucon l'emporter. C'était un oiseau proéminent, gros et imposant, presque aussi effrayant qu'un dragon. Plus Nicolas tirait, et plus l'aile de Hargon se déchirait, les rugissements de ce dernier résonnant à travers les montagnes. Ses griffes acérées se plantaient dans la peau des mains de Nicolas, du sang commençait déjà à couler sur ses bras tant il était lacéré mais il ne lâcha pas prise. Il n'était pas bien grand, pas bien gros non plus et le faucon, avec toute la force dont il pouvait faire preuve, risquait de le faire tomber de la falaise. Nicolas ancra ses pieds dans le sol, hurla pour se donner de la force et tenta par tous les moyens de sauver son dragon. Il croisa les yeux jaunes de Hargon avant que ce dernier, certainement pris de panique, n'ouvre grand sa gueule et ne crache ses flammes à l'aveuglette dans l'espoir de toucher son ennemi. Malheureusement, ce fut Nicolas qui fut touché plutôt que l'oiseau, d'abord les bras avant que des relents de feu n'atteignent la fine peau de son cou. Il poussa un hurlement et tomba en arrière, les mains tremblantes, les yeux noyés de larmes et la peau comme fondue.
L'un des dragons, le plus vif, Djaär, frôla Nicolas de sa queue ornée de piques, battant des ailes au dessus de sa tête. Il poussa un rugissement avant de se jeter sur le faucon sur le point d'emmener Hargon. Les trois êtres chutèrent rapidement, s'entortillant, se mélangeant, se croquant, se griffant...
Nicolas rampa jusqu'au bord de la falaise, sans pouvoir se servir de ses mains, le visage inondé de larmes qui ne cessaient de ruisseler sur ses joues. Il se pencha, à plat ventre, pour voir où étaient passés les deux dragons.
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Le Maître des Dragons
FantasyNicolas est né avec des yeux atypiques, vifs comme un feu qu'on ne peut éteindre. Alors qu'il n'était qu'un enfant, il eut l'étrange capacité d'approcher les dragons. Ce don fit rapidement le tour du village, lui donnant alors l'image d'un démon. Ba...