20 ans plus tôt ...
— Bénédicte, réveille-toi ! chuchota Edouard en secouant délicatement sa petite sœur.
Cette dernière ouvrit lentement ses paupières lourdes et gonflées, à travers l'obscurité, elle reconnut le visage de son frère. Elle se redressa sur ses coudes, toute groggy et se frotta les yeux à l'aide de son poing.
— Qu'est-ce qu'il y a ?
Edouard l'aida à se lever, la petite fille n'eut le temps d'enfiler ses vêtements que son grand frère l'entraînait déjà avec lui en lui tenant fermement la main. Ils coururent à travers les longs couloirs sombres du manoir. Tout était silencieux la nuit, et le bruit des pieds nus de Bénédicte sur le basalte semblait faire un vacarme. Elle avait du mal à tenir la cadence, Edouard courait vite grâce à ses longues jambes élancées et il ne laissait aucun répit à sa petite sœur.
Il ouvrit brusquement la porte donnant sur la cour par laquelle ils pourraient s'échapper mais deux gardes étaient postés là, à moitié endormis. Ils se redressèrent aussitôt et se tournèrent vers les deux enfants. Bénédicte, sans lâcher la main de son frère, se cacha derrière lui, ne laissant qu'un bout de son visage dépasser pour voir ce qu'il se passerait.
— Doucement les gamins, où est-ce que vous comptez aller comme ça ?
Sous la lumière des torches, en levant la tête, Bénédicte put se rendre compte que l'œil gauche de son frère était entouré d'une couleur vive et foncée, violette voire noire... De plus, sa lèvre inférieure était toute gonflée.
— Nous aimerions nous promener au clair de lune, nous n'arrivons pas à dormir.
— Pourquoi es-tu habillé et pas ta sœur ? Pourquoi porte-t-elle cette chemise de nuit ?
Edouard se mordilla les lèvres, lâcha la main de sa sœur pour les croiser devant lui.
— Écoutez, ne pourriez-vous pas simplement nous laisser passer sans rien dire ? Je ne suis pas comme mon frère, je ne vous ferai aucun tort.
— Les règles sont les règles, les enfants du roi doivent rester à l'intérieur. Alors détache ce fourreau de tes hanches et donne-le nous immédiatement avant que ton père n'en soit alerté.
Bénédicte tira sur le bras d'Edouard, ce dernier lui jeta un regard, les yeux de sa petite sœur le suppliaient d'obéir à ces gardes. Mais Edouard n'était pas comme Djafar, il n'écoutait jamais ce qu'on lui disait, c'était en partie pour cela que son père le détestait. Comme il le disait, les jumeaux ne devraient pas exister puisque l'un d'eux est l'avorton de la portée. Il considérait Edouard comme étant le maillon faible, celui qui aurait dû mourir avant de naître pour ne jamais faire d'ombre à sa moitié.
Edouard posa délicatement sa main sur le manche de son épée qui reposait confortablement dans son fourreau. Il entoura ses doigts autour de celui-ci pour le serrer de toutes ses forces, sans pour autant lâcher du regard les deux gardes face à lui. Ces derniers brandirent leur épée sous le nez de leur adversaire et Edouard n'en esquissa qu'un faible sourire. Il sortit sa longue épée de son fourreau, poussa sa sœur pour qu'elle reste en retrait et combattit les deux gardes. C'était un signe de rébellion contre son père, il risquait de se faire trancher la tête à présent. Il parait chaque coup que ses deux ennemis souhaitaient lui asséner, jamais ils ne le touchaient. Il s'était tellement entraîné avec son frère qu'il savait parfaitement comment se défendre face aux autres. Jamais encore il n'avait eu à mettre à l'oeuvre ce qu'il avait appris, mais ce soir-là était le moment idéal pour savoir s'il savait se battre contre quelqu'un d'autre que Djafar.
![](https://img.wattpad.com/cover/87392789-288-k623161.jpg)
VOUS LISEZ
Le Maître des Dragons
FantasíaNicolas est né avec des yeux atypiques, vifs comme un feu qu'on ne peut éteindre. Alors qu'il n'était qu'un enfant, il eut l'étrange capacité d'approcher les dragons. Ce don fit rapidement le tour du village, lui donnant alors l'image d'un démon. Ba...