Amour inespéré

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Même au loin, il était possible d'entendre l'acier des épées s'entrechoquer, quelques cris de force et certaines exclamations. Hargon reprenait vie petit à petit, bien que le village resterait marqué par l'acte de Djafar comme il avait été marqué par les dragons jadis. Les villageois reprenaient goût à la vie et surtout, vivaient grâce à l'espoir. Alors quelques soirs, des veillées étaient organisées, pour se détendre et oublier le temps d'une soirée, que la guerre allait bientôt éclater.

Archibald s'étala de tout son long sur le sol, dans les graviers, la poussière et les quelques cendres qui restaient. La pointe de l'épée d'Yselsa le menaça, prête à se planter dans sa gorge à tout moment. Autour d'eux, d'autres hommes se battaient et quelques femmes s'y étaient tentées. Plus les jours passaient et plus ils savaient se battre. Les forgerons n'arrêtaient de travailler que pour dormir, manger et faire la fête. En quelques semaines seulement, ils avaient conçu presque un arsenal complet. De quoi équiper un quart d'une armée.

— Tu n'es pas assez attentif, ton ennemi te tuera à coup sûr.

Archibald esquissa un faible sourire ce qui fit froncer les sourcils de la jeune fille. Il se pencha légèrement sur le côté, toujours allongé sur le sol. Yselda se retourna légèrement pour voir ce qu'il regardait et lorsqu'elle voulut lui faire face, il était debout, une lame de couteau qu'il avait dissimulé dans sa botte prête à glisser sur sa gorge.

— On dirait bien que toi aussi, lança-t-il plutôt fier de lui.

Yselda plissa les paupières, les lèvres retroussées avant d'abattre sa semelle de chaussure sur sa cuisse. Archibald recula d'un pas, légèrement voûté et elle en profita pour lever son épée au dessus de lui. Heureusement pour l'écuyer, il évita de justesse le coup de grâce qu'elle aurait pu lui mettre, courut sur la droite et récupéra son épée qu'il avait perdu au combat. Il para les coups de la jeune fille chaque fois qu'elle essayait de le désarmer ou de le toucher. Leurs lames s'entrechoquaient dans un bruit métallique, parfois si fort qu'elles formaient des étincelles aussi petites que des miettes de pain.

Gadriel s'aventura sur le terrain, un carnet dans les mains qu'il agita en l'air, ce qui attira l'attention de quelques curieux. Les plus impliqués continuaient leur entraînement.

— Regardez donc là ce que j'ai trouvé sous l'oreiller de notre cher écuyer !

Archibald baissa son bras en même temps qu'Yselda et se tournèrent tous les deux vers l'intéressé.

— Qui t'as permis de fouiller dans mes affaires ? gronda Archibald en rangeant son épée dans son fourreau.

Gadriel s'arrêta devant eux, jeta un premier regard à Yselda avant de poser ses yeux sur l'écuyer.

— Je me le suis permis moi-même.

— Rends-moi ça !

Archibald tenta de le lui arracher des mains mais Gadriel leva le bras en l'air au même moment. Il souriait, il adorait l'énerver et le voir bouillir. Il se redressa puis feuilleta les pages du carnet, la tête penchée sur le côté.

— Que de beaux dessins... commenta-t-il.

Archibald serra les poings puis soupira.

— Ce sont des schémas, c'est différent.

— Gadriel, ça ne nous fait pas rire, on était en train de s'entraîner, rends-lui son carnet ! grommela Yselda.

— J'ai trouvé quelque chose qui pourrait peut-être t'intéresser preux chevalier...

Yselda haussa les sourcils l'air interrogateur. Gadriel tourna le carnet vers elle pour qu'elle puisse en voir l'intérieur et son contenu. En effet, il y avait un dessin et non un schéma cette fois-ci. Un dessin d'une femme qui lui ressemblait étonnamment, on ne voyait que son visage et un bout de son épaule. Les cheveux longs, sombres, des yeux ronds très clairs et des traits fins, comme ceux d'un enfant. Yselda se tourna vers Archibald, l'air interloquée mais ce dernier s'empressa d'arracher le carnet des mains de Gadriel et de le fermer pour le coller contre son torse.

Le Maître des DragonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant