Chapitre 15

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Chapitre 15

Le troisième rêve

Le matin suivant, Lucas se réveilla en sursaut dans une inspiration bruyante et brusque. Il se remit sur pieds en une seconde et soupira de découragement en voyant la chambre vide, les couvertures inutilisées. Le Faë se retourna vers la fenêtre, curieux, en reniflant pour trouver l’odeur de l’Unseelie. C’est à ce moment-là qu’il sut immédiatement où était allée la jeune fée. Grâce à sa magie de reptile, Lucas prit le même chemin qu’elle et le monta avec beaucoup plus d’habilité. Il fut étonné du paysage qu’il y trouva sur le toit de gravier.

Kay, dos à lui, était assise sur le sol, le dos penché. Elle semblait écrire ou dessiner, mais son crayon glissait facilement et rapidement sur le papier. Mais ce qui stupéfiait Lucas n’était pas ça. Il y avait un nombre incalculable de dessins éparpillés partout, plus qu’une centaine.

-Mais qu’est-ce que…, commença le Vagabond.

Il a voulu prendre l’une des feuilles, mais Kay l’avait férocement empêché.

-Touche pas, Faë ! hurla-t-elle.

Comme prise de démence, la fille de Hale se retourna vers lui et lui lança son crayon directement sur sa main. L’objet atteignit sa cible et Lucas écarquilla les yeux, médusé. Heureusement, la pointe n’étant pas assez aiguisée, Lucas ne reçut qu’une marque flamboyante et brûlante.

-Kay ?

Cette dernière leva la tête vers lui et planta ses yeux dans les siens. Ceux du Vagabond, d’un bleu océan, étincelaient d’inquiétude et d’ignorance. L’Unseelie grimaça et cacha ses yeux avec ses paumes.

-J’ai peur de dormir, Lucas ! s’écria-t-elle. Je ne veux pas que ça se reproduise, je ne veux pas…

Le Faë jura et s’agenouilla devant Kay, puis lui prit le menton entre ses mains. Quand l’Unseelie retira ses paumes, il vit que ses yeux étaient remplis de larmes. C’était la première fois.

-Je t’assure, ce n’est pas un autre rêve, murmura Lucas.

-En es-tu vraiment sûr ? dit-elle sur le même ton.

En la regardant un instant, le Faë sut immédiatement qu’il n’aurait pas dû dire ça. Avec la vitesse que possédaient les Incubes et les Succubes, Kay s’était déjà hissée sur un rebord qui donnait sur l’autoroute bruyante, les pieds se balançant dans le vide.

-Kay, ne fait pas ça !

-Si c’est vraiment la réalité, pourquoi t’aurais-je attaqué avec un crayon ? chuchota la fille de Hale. Je ne veux attaquer personne. Au fond, tu sais que ce n’est pas un rêve.

Sans plus attendre, l’Unseelie se laissa tomber.

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