Chapitre neuf: délicatesse

532 27 4
                                    


Bourdun, le même jour.

J'étais assise sur le fauteuil du salon, pensive. J'avais mon index et mon majeur qui se trouvaient sur mes lèvres en repensant à la scène qui venait de se dérouler. Hermann m'avait embrassé. Je souriais alors comme une idiote en y repensant une nouvelle fois. Je ne savais pas réellement ce que je ressentais pour lui et je ne saurais le décrire. Mais j'avais simplement envie de sourire en profitant. 

Perdue dans mes rêveries je n'avais pas entendu ma tante qui venait d'entrer dans le salon.

- "Louise...?" Elle se trouvait devant moi, les mains tremblantes. Un fin papier se trouvait entre ses doigts. Je me levais et posait mes mains sur les avant-bras de ma tante, inquiète.

- "Ma tante ? Que vous arrive t-il?" 

Elle baissait alors les yeux et me tendait le papier en s'effondrant alors sur le canapé. 

- "Elle est partie Loulou..." Je me redressais alors subitement et lisais le mot aussi vite qu'il m'étais possible. Claudie expliquait qu'elle ne pouvait supporter le fait d'être un "poids" pour ses parents. Elle disait aussi qu'elle devait assumer ses responsabilités et que Jean, son fiancé, n'avait pas à subir sa grossesse. Je tombais des nues en lisant ce mot. Surtout en lisant les mots de la fin : elle était avec Hans en route vers l'Alsace. Il avait donc réussi à la manipuler à ce point, lui qui pourtant ne voulait pas de sa grossesse semblait bien résolu à l'accepter. Je me dirigeais alors vers ma tante pour la prendre dans mes bras. Elle tremblait comme une feuille et je ne parvenais pas à la calmer. Quelques minutes plus tard mon oncle fît son apparition accompagné d'Hermann. Mon oncle se dirigeait vers ma tante pour la prendre dans ses bras et pour la réconforter autant que cela était possible. Lui aussi était très peiné d'apprendre que sa fille était partie. Hermann s'avançait vers moi et déposait délicatement sa main sur la mienne. Son regard en disait long. Il savait que nous étions tous très inquiet.

Au même moment Martha passait avec le petit garçon dont la maman venait d'être exécuté. Elle lui avait donné un bain et lui avait aussi donné un goûter. Martha avait décidé de s'occuper de ce petit afin qu'il ne soit plus seul. Il logeait alors dans l'appartement de Martha qui l'amenerait ici pendant ses heures de travail. Le petit se nommait Peter et ne cessait de demander sa maman. Cette scène en plus de départ de Claudie était assez difficile à supporter. Hermann avait en sorte que ce petit garçon soit en sécurité et qu'il n'ait plus de problème. 

Un énorme bazar était entrain d'émerger dans mon esprit. Je voyais le petit garçon dans les bras de Martha, ma tante en pleure dans les bras de mon oncle. Je me levais alors et m'avançait vers la cheminée du salon avant de lâcher : 

- "Je pars". 

A mes mots, mon oncle, ma tante ainsi qu'Hermann se tournait vers moi.

-"Que...? Quoi?" Mon oncle se redressait et s'approchait de moi.

- "Je vais chercher Claudie". J'étais déterminée et bien décidé à retrouver cette tête de linotte. "J'irai la chercher, en Allemagne s'il le faut, mais je pars". 

Hermann se redressait et s'approchait lui aussi de moi visiblement inquiet.

- "Louise... Vous pourriez être en danger".  Je le regardais et posais une main sur son épaule : "Je dois la ramener..." 

Ma tante s'approchait de lui pour me prendre dans ses bras.

- "Tu es bien courageuse Loulou... Mais je ne veux pas te perdres, toi aussi". Je posais alors ma main sur la joue de ma tante en essuyant ses larmes.

- "Je pars la chercher". Je me reculais alors et me dirigeais vers l'entrée avant qu'Hermann m'attrape la main.

- "Dans ce cas je viens avec vous. Vu l'heure, ils doivent être à Paris afin de pouvoir prendre un train vers Strasbourg dans les jours à venir." 

Je me retournais alors Hermann qui me fixait intensément. 

- "Mais..."

- "Non Louise. J'ai des rendez-vous à Paris de toute façon, laissez-moi vous accompagner". Il soutenait mon regard tandis qu'un sourire se dessinait sur mes lèvres. J'hochais la tête. 

- "Merci Hermann". Mon oncle s'approchait du gradé en lui tapotant sur l'épaule. "Merci". Mon oncle était réellement ému de la situation. Il ne pouvait quitter le village pour chercher sa fille et cela lui coûtait énormément. Mais je la retrouverais pour eux, je le ferais. 

- "Ramène moi ma petite, Loulou". Je prenais alors ma tante dans mes bras et lui en fit la promesse.

- "Toutefois... Hermann, je pense qu'il serait nécessaire de reproduire le schéma qui a été suivit par Anne et Germain." 

De quel schéma parlait-il ? Qui sont Anne et Germain ? Hermann semblait réfléchir et hochait la tête en regardant mon oncle :

- "Vous avez raison Bernard. Ce serait effectivement une bonne couverture". Ma tante hochait elle aussi la tête en tentant de sécher ses larmes.

- "De... Qui parlez-vous?" Je m'avançais alors vers, les bras croisés sur ma poitrine.

- "Anne et Germain sont deux de nos grands amis. Ils ont dû se rendre à Paris en mission pour la groupe il y a quelques semaines. Et pour que rien ne soit suspect, ils se sont mariés". Je regardais alors mon oncle avec de gros yeux. Pensait-il que nous devions faire la même chose avec Hermann? "Et je dois dire que cela a très bien fonctionné. D'ailleurs ils sont toujours mariés aujourd'hui". 

- "Je... Donc nous...?" Lachais-je songeuse. Hermann quant à lui souriait et me répondait par l'affirmative.

- "Oui Louise. Nous allons devoir jouer les couples mariés pour ramener Claudie". Je relevais  mes orbres bleutées vers les siennes afin de l'écouter. 

- "De plus Loulou, en prenant en considération le grade d'Hermann ainsi que sa réputation et ses compétences, tu ne craindras rien". Mon oncle avait une grande confiance en Hermann. Et je dois avouer que je n'étais pas effrayée, pour l'avoir vu à l'oeuvre quelques fois... 

Mon oncle se relevait et attrapait le téléphone de la maison pour prévenir Georges. Il nous fallait un certificat de mariage ainsi que des alliances pour que tout paraisse réel. Après avoir raccroché le téléphone, mon oncle se retournait vers l'entrée et fût grandement étonné de découvrir la personne qui s'y trouvait...

- "Non de dieu..."

Les Corbeaux dans le ciel, Tome IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant