Chapitre Seize: Véritable

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Bourdun, le lendemain matin, 8h - 


Le soleil venait de se lever et ses rayons m'avaient réveillée. Je me redressais en tentant de sortir de mon sommeil. Je me lavais et m'habillais en décidant qu'aujourd'hui je m'occuperai de préparer mes prochains cours de piano. Je descendais les escaliers et me dirigeais vers le salon où se trouvait ma tante, mon oncle, Claudie, Jean et Hermann. J'étais assez étonnée de voir ces deux-là de bon matin, mais cela me rendait heureuse.

-"Ah Louise, te voilà !" Lançais mon oncle le nez dans son journal.

-"Bonjour Loulou !" Me dit ma cousine en souriant. Ma tante et Jean me souriait tandis qu'Hermann se levait pour tirer ma chaise :

-"Bonjour Louise". 

-"Bonjour Hermann". Lui dis-je en souriant. 

J'attrapais la cafetière pour en verser dans une tasse tandis que je remarquais les messes basses de ma cousine et de son fiancé. Ils discutaient discrètement en ayant légèrement l'air paniqué. Mon oncle et ma tante relevaient les yeux vers eux, interloqués.

-"Allez-vous bien les enfants?" 

Claudie et Jean sursautèrent et hochèrent la tête :

-"Mm o-oui !" Lançais ma cousine en assénant un léger coup de coude à son fiancé : "Vas-y !" Lançais t-elle discrètement. Jean se redressait et se levait en nous regardant tous, effrayé. 

-"Je... Hum, nous avons... Enfin, nous voulons... Claudie et moi avons ... Après avoir... Enfin, comment dire". Je reposais ma tasse de café en fronçant les sourcils, je ne comprenais rien à ce qui se passait comme personne à table. Claudie soupirait et se levait :

-"Nous voulons nous marier le mois prochain !" Toute heureuse, ma cousine souriait et touchait son ventre qui s'arrondissait de semaines en semaines.

-"Toutes mes félicitations ! C'est une excellente nouvelle !" Je souriais heureuse de cette nouvelle. Je sais qu'ils avaient ce projet depuis leur 16 ans et voilà qu'aujourd'hui, ils pourraient accéder à leur rêve. Toute la table les félicitent avec un grand sourire. Il faut avouer que les bonnes nouvelles se font rares depuis la guerre, alors, quand nous en avons il faut savoir en profiter. 

-"A ce propos, Colonel je voulais vous demander si... Si vous accepteriez d'être mon témoin...?"

Hermann relevait la tête vers Jean qui semblait terriblement gêné. Il regardait ses mains et mordillait sa lèvre inférieur. Je souriais avant de regarder Hermann qui s'avançait vers Jean.

-"Bien sûr Jean. A la seule condition que tu cesses de m'appeler Colonel et que tu ne te mettes plus aussi droit lorsque tu es au garde à vous. On dirait que tu vas décoller du sol à tout instant". 

Je riais avec mon oncle et ma tante qui hochaient tout deux activement la tête.

-"Ah ça oui alors, c'est bien vrai Hermann". 

Jean souriait et haussait les épaules en tendant sa main à Hermann :

-"Entendu, merci infinement Hermann". 

Le gradé attrapait sa main en souriant.

-"Je t'en prie Jean". 

Claudie quant à elle, décidait de s'avancer vers moi et d'attraper ma main : 

-"Louise... Je crois que tu sais déjà ce que je vais te demander. J'ai réellement envie que tu sois mon témoin. Je n'ai jamais eu de soeur, réelle je veux dire. Et pourtant, j'ai toujours eu l'impression d'en avoir une en toi. Tu as été et tu es mon modèle, je voudrais que tu m'accompagnes à mon mariage, cela signifierait tellement pour moi". 

Je souriais à ma cousine, émue de sa demande. Je hochais la tête activement en la prenant dans mes mains.

-"Evidemment. Evidemment que j'accepte Claudie. Merci." Profitant de cette étreinte, je fus vite ramené à la réalité lorsque la sonnette de la maison retentit. Martha allait ouvrir avant de venir nous voir dans le salon : 

-"Mademoiselle Louise, il y a quelqu'un pour vous dehors". 

Je souriais à ma cousine en venant caresser sa joue avec ma main. Puis je me dirigeais vers l'entrée de la maison pour y apercevoir Henri. J'ai eu un moment de recul en me remémorant ce qui avait eu lieu, quelques jours auparavant. J'avais été très surprise du comportement d'Henri et pourtant il était devant moi aujourd'hui.

-"Louise je... Je suis venu pour m'excuser". Il s'avançait vers moi, les bras bâlants. Ses yeux semblaient me fuir. Il fixait nerveusement le sol. "Je suis désolée. Réellement, j'ai perdu pied." 

Je croisais mes bras sur ma poitrine en soupirant : 

-"En effet..." 

-"Ce n'est en rien une excuse Louise mais ce jour-là, c'était les un an de la disparition de ma soeur." 

Je relevais mon visage vers le sien en écoutant attentivement ses paroles. Cela ne pardonnait effectivement ses actes mais je pouvais tout de même l'écouter et comprendre combien la journée avait dû être éprouvante pour lui. 

-"Elle est partie il y a une année maintenant avec un gars du groupe qu'elle aimait follement. Elle a juste laissé un mot et elle est partie, comme ça. Elle me manque. Elle manque à mon père et ce matin là, mon père a pleuré et Claudie venait elle aussi de disparaître alors j'ai..."

Je m'approchais encore de lui et je posais une main délicate sur son épaule.

-"Je suis désolée Henri. J'espère sincèrement que ta soeur va bien et je suis aussi terriblement désolée que vous ayez à vivre ça, toi et ton père."

Henri regardait toujours le sol et semblait ne pas vouloir me regarder. Il avait mit ses mains dans ses poches et avait replacé sa casquette d'un geste maladroit. 

-"Et aussi... Quand j'ai vu ce gars là, Hermann, j'ai vrillé encore plus". 

Je le regardais en ne comprenant pas, je posais mes mains sur ses épaules.

-"Henri, pourquoi ? Tu sais que c'est une bonne personne ? Qu'a t-il fait pour que tu réagisses de cette façon ? " 

-"Oui oui. Je sais Hermann est un bon gars. Il nous aide, nous couvre, nous sauve. Et j'aimerai bien pouvoir en faire autant. Et en plus, visiblement, tu lui plaît." 

Henri serait-il... Jaloux ? Pourquoi n'ai-je rien vu ? Aurais-je pu prévenir quoi que ce soit ...? 

Henri reculait et attrapait son vélo pour monter dessus en relevant enfin son visage vers moi.

-"Je voulais juste m'excuser, pardonne moi Louise. Je t'apprécie beaucoup. Trop peut être. Mais je voulais réellement te dire ces choses". 

Je hoche la tête et lui souris : 

-"Je comprends. Merci Henri. Je t'apprécie aussi, gardons une bonne relation !"

Henri était parti et j'étais restée la, quelques minutes à regarder le ciel avant de rentrer. En arrivant sur le pas de la porte, Michel, un ami de mon oncle arrivait en vélo en me souriant :

 -"Oh, bonjour Louise ! J'ai un message pour ton oncle et ta tante." 

Je lui souriais alors: 

-"Bien sûr je vous en prie, entrez". 

Il me remerciait et entrait dans la maison avec un petit pli à la main. Qu'est-ce qu'il pouvait bien contenir ? 



Les Corbeaux dans le ciel, Tome IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant