Chapitre vingt deux : La montée au ciel

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- Bourdun, 10 heures du matin, demeure familiale. 

J'avais été très heureuse de ma journée d'anniversaire. J'avais été terriblement gâtée. Passer du temps avec ma famille avait été très agréable et m'avait fait un bien fou. 

Je descendais ce matin là avec un grand sourire aux lèvres. Je croisais Martha qui était en train d'éplucher les légumes dans la cuisine. Elle chantonnait avec concentration.

-"Bonjour Martha." Je lui souriais tandis qu'elle se redressait avant de me prendre dans ses bras en abandonnant son ouvrage.

-"Bonjour jolie Louise !Madame a laissée un mot pour vous sur la table dans l'entrée." 

Je me dirigeais ensuite vers l'entrée pour attraper le mot que ma tante m'avait laissé. Je l'ouvrais et commençais ma lecture : 


"Louise, nous avons préféré te laisser dormir un peu, cela te fera du bien.

Nous avons eu une mauvaise nouvelle ce matin. Cela concerne notre cercle d'ami." 


Notre cercle d'ami pensais-je ...? Le groupe ! Elle doit sans nulle doute parler du groupe de résistant que nous avions. Je reprenais alors ma lecture de la lettre.


"IL s'avère que le fils de la famille Bernet qui s'occupe de la ferme dans le bourg, s'est fait suprendre en essayant de saboter une des voitures de la kommandatur. Il s'est fait attrapé et a été torturé dans le but de révéler des informations sur le groupe. Il n'a rien dit alors les nazis ont décidé qu'il serait exécuté ce matin... Hermann n'a rien pu faire malheureusement... Nous assisterons à la sentence, ton oncle étant le maire, puis nous rentrerons à la maison... Prends soin de toi et à tout à l'heure.

Ta tante". 


Mon premier réflexe fût de porter mes yeux à ma montre. Il était 9h45. J'enfilais ma veste en vitesse et me dirigeait vers la grande place du village. Sans savoir réellement pourquoi, je voulais me prendre auprès de ma famille. En étant présente à cette exécution, je voulais rendre homme à ce jeune homme qui avait tenté, pour le groupe et pour les civils, de neutraliser un des véhicules ennemis. 

Je marchais aussi vite que je pouvais en recoiffant mes cheveux qui s'envolaient à cause du vent. 

En arrivant sur la grande place, je pouvais observer un attroupement de personne. Ils discutaient et tentaient de se grandir pour apercevoir l'estrade. Mon oncle était d'ailleurs sur l'estrade. Il semblait discuter avec des gradés en essayant, de ce que je voyais, de dissuader encore ces derniers. Je m'approchais alors en devinant peu à peu les silhouettes de mon oncle, de Claudie et de Jean. 

-"Oh Loulou, tu es là..." 

Ma cousine me prenait dans ses bras. Elle avait l'air tellement inquiète. Ma tante me souriait tandis que je la remerciait pour son mot. Elle me souriait faiblement comme pour me remercier d'être là avec eux en cet instant si difficile. 

J'avais eu envie qu'Hermann vienne pour me prendre dans ses bras. J'avais envie que tout disparaisse pour redevenir comme avant la guerre. Je ne voulais plus que la paix. La paix et Hermann, mon Hermann.

Je décidais d'ouvrir de nouveau les yeux, en prenant la main de Claudie dans la mienne. Elle s'approchait de moi et posait sa tête sur mon épaule. Je regardais de nouveau l'estade pour y découvrir un homme qui se trouvait au centre. Celui-ci discutait avec mon oncle. Je plissais les yeux afin de mieux le voir : il s'agissait du gradé que nous avions vu à la soirée de Paris. Cet homme avait été parfaitement odieux. Et voilà que maintenant, il était là.

Les Corbeaux dans le ciel, Tome IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant