Le soir même, Bourdun -
L'ami de mon oncle entrait dans la maison et saluait le monde qui était présent dans la maisonnée. Je devais bien avoué que le pli qu'il avait entre les doigts m'intriguait beaucoup. Pourquoi serait-il venu jusqu'ici, le soir, s'il ne s'agissait pas d'une chose d'importance ? Mon oncle remerciait sincèrement son ami et attrapait le papier entre ses doigts. Il le dépliait tandis que nous attendions tous de savoir ce qui se passait.
-"Oh... Les Mansion arrivent beaucoup plus tôt que prévu à Bourdun."
Je fronçais les sourcils en me demandant qui pouvaient être ces gens. Ma tante et Claudie quant à elles soupirèrent et croisèrent leurs bras.
-"Il fallait vraiment qu'ils viennent". Lançais Claudie en pestant.
-"Qui sont-ils ?" Demandais-je curieuse.
-"Une sale famille de collabo !" Me répondit vivement ma cousine tandis que mon oncle vint poser ses mains sur ses épaules pour qu'elle s'apaise.
-"Le père est un général Allemand dans l'armée qui a une sacrée réputation. La mère est une bourgeoise traditionnelle et très conservatrice. Elle a deux filles, Martine, l'aînée et Georgiana, la cadette".
-"Martine est une vielle fille et Georgiana aime les plaisirs de la chair, si tu vois ce que je veux dire". Me chuchotais Claudie tandis que je fus surprise de ces paroles. Mais pourquoi venaient-ils ici ...?
-"Pour te faire un petit résumé, la mère est originaire de France et est très collaborationniste, ce qui arrange de toute façon bien ses affaires puisque son mari est de nationalité allemande. Ils souhaitent pouvoir établir des accords avec les gradés qui sont pour le moment stationnés à Bourdun. Alors, comme ton oncle est le maire et que nous les connaissons par obligation depuis quelques années, ils passent nous voir."
-"Oh je vois". lachais-je en m'asseyant sur un fauteuil qui se trouvait dans un coin de la pièce. Hermann semblait les connaître et semblait déjà être au courant de la réputation de la famille Mansion.
Mon oncle marchait nerveusement dans la pièce en soupirant. Il semblait réellement préoccuper par leur venue. Ma tante s'approchait de lui et posait ses mains sur ses épaules.
-"Bernard, calmez-vous". Elle le regardait en essayant de comprendre ses sentiments actuels.
-"Ils demandent à ce que nous fassions visiter la ville à leurs filles demain. Mais je suis au bureau et en réunion avec les gradés demain une bonne partie de la journée. Comment puis-je faire ? Refuser leur demande reviendrait à annuler les contrats qu'ils veulent passer et à nous mettre dans une situation très délicate avec le général Mansion qui a des amis ici".
-"Je... Nous pouvons nous en charger ! N'est-ce pas Louise ?" Claudie semblait soucieuse d'apporter son aide à ses parents et au village. Je ne saurais dire à quel instant Claudie semblait avoir changé autant. Etait-ce sa grossesse ou les récents évènements qui l'avaient fait changé à ce point ? Elle semblait réellement différente de la Claudie que j'ai cotoyée il y a seulement quelques mois. Je lui souris tandis qu'elle cherche mon approbation afin d'apporter de l'aide à son père.
-"Bien sûr mon oncle, nous pouvons nous en charger".
Mon oncle relevait la tête et nous scrutait, inquiet. Il semblait ne pas vouloir nous inclure dans ce genre de projets. Et pourtant il paraissait qu'il n'avait réellement pas le choix cette fois. Tout était habituellement bien calculé pour mon oncle qui était très prévoyant et organisé. Mais quand des imprévus tel que ce papier fait son irruption dans ses projets, il panique.
-"Etes-vous certaines...?"
Nous lui sourions et nous hochons activement la tête.
-"J'y assisterai également. J'aiderai les filles". Ma tante intervient et vint se poster près de nous en souriant. "Nous allons mener cette mission toutes ensemble".
-"Bien... Je vous remercie, vraiement... Allons dîner puis nous irons nous coucher, nous aurons besoin de force pour demain. Hermann tu restes ? Tu peux aussi dormir à la maison, nous pourrons partir tôt ensemble".
Hermann hochait la tête et retirait la veste qu'il portait pour être plus à l'aise. A cet instant, Claudie s'approchait de moi pour me murmurer à l'oreille :
-"Hm, Louise tu as entendu ça ? Hermann dort à la maison. Et je suis certaine qu'il va dormir dans la chambre juste à côté de la tienne. Quelle chance, ne faites pas trop de bruit". Je toussais alors et tentais de ne pas m'étouffer en regardant ma cousine s'éloigner en riant.
-"Louise ? Tu vas bien ?"
Je relevais mon visage vers mon oncle tandis que je faisais de grands gestes avant de me diriger vers la fenêtre pour l'ouvrir et inspirer de l'air frais. Claudie me mènera à ma perte un de ces jours. Je tente vainement de garder mon calme devant Hermann et elle s'amuse à me faire des choses pareilles. Je me vengerais pensais-je !
Une main se posait dans mon dos et caressait celui-ci avec ma douceur.
-"Est-ce que vous allez bien, Louise ?"
Je me redressais et vît Hermann qui semblait être inquiet pour moi. Je lui souris et referme la fenêtre.
-"Oui oui, je vais bien. Désolée de vous avoir fait peur. "
Il sourit et hoche simplement la tête en continuant de me regarder comme il le fait habituellement. Je pouvais voir tellement de choses dans ses yeux. Il y avait notamment toujours cette même lueur que j'adorais. Cette lumière qui semblait scintiller chaque jour un peu davantage.
-"Hermann, pourrions-nous... Nous tutoyer...?" Je lui posais cette question sans réellement y avoir réfléchie. C'était une question purement naturelle qui était venue en le regardant. Il souriait alors d'autant plus et me laissait sans réponse quelques secondes. "Mon dieu, vous ai-je offenser Hermann ?" Je reculais légèremenent et portais ma main à mes lèvres. Je pensais réellement l'avoir blessé mais il arborait pourtant ce sourire. Il attrapait alors ma main avec ma douceur et y déposait ses lèvres l'espace d'un instant :
-"Bien sûr que nous pouvons nous tutoyer Louise, quoi de plus normal lorsqu'on fréquente quelqu'un. Tu ne m'as pas blessé, au contraire, je suis heureux que tu aies fait cette demande".
J'aurai aimé que nous puissions rester ainsi encore quelques secondes, quelques minutes, quelques heures... Et pourtant, je sentais une drôle de présence derrière moi, alors je décidais de me retourner pour y voir Claudie et Jean, entrain de nous fixer et de se murmurer des mots que nous ne pouvions entendre.
-"Je crois que nous sommes épiés Louise." Hermann passait tendrement son bras sur ma taille en souriant tout en continuant d'observer les deux tourtereaux qui se trouvaient devant nous.
-"Tu vois Jean, je savais qu'ils cachaient quelque chose depuis le début... En plus, cette nuit, ils vont dormir tout proche si tu vois ce que je veux dire."
Je regardais Claudie avec les gros yeux et lui lançais un coussin que je venais d'attraper. Mon oncle et ma tante se mirent à rire tandis qu'Hermann tentait de me retenir alors que Claudie fuyait le salon en riant aux éclats.
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Chères lectrices, chers lecteurs,
Je suis entrain de réécrire entièrement l'histoire :) Ne soyez donc pas surpris de voir qu'à partir de ce chapitre là, il n'y a plus rien ensuite. Le reste de l'histoire arrive de nouveau petit à petit ! L'histoire reste la même mais il y a tout de même quelques changements notables. Je vous invite donc à lire ou à relire l'histoire et à me donner votre avis.
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Les Corbeaux dans le ciel, Tome I
RomanceHISTOIRE EN REECRITURE COMPLETE ! (Les chapitres sont repostés progressivement une fois qu'ils sont réecrits !) Je m'appelle Louise. Ou plus exactement "Louison". J'ai dix neuf ans. J'ai dû partir vivre chez mon oncle et ma tante à Bourdun, un char...