Chapitre dix neuf : Le temps de l'amour

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- Le lendemain matin, Bourdun, maison familiale.



En prenant le petit déjeuné, nous avions décidé de faire une promenade dans les bois avec Claudie dans la matinée. J'avais emporter avec moi mon carnet de dessin et quelques crayons. Je voulais dessiner Claudie en nous promenant. Cette dernière n'avait pas refusé en me demandant si elle pourrait garder le dessin ensuite, ce que j'avais évidemment accepté. Etant en pleine période de vacance de noël, je ne donnais plus de cours avant début janvier. Ainsi, j'avais mon temps libre pour profiter avec ma cousine et ma tante. J'en étais heureuse.

Nous avions enfilé nos manteaux, nos gants et nos écharpes puis nous étions parti en direction des bois. Nous regardions silencieusement les arbres et les quelques oiseaux qui s'affairaient à préparer leurs nids. C'était paisible et reposant. 

Un craquement se fît ensuite entendre et nous nous arrêtions. Je tenais la main de Claudie dans la mienne en posant mon index sur mes lèvres pour lui dire de ne pas faire de bruit. Un deuxième craquement se fît entendre puis une voix s'élevait. Il s'agissait plutôt d'un gémissement en réalité. 

-"Tu as entendu...?" Me murmurait Claudie, interdite. 

Je me contentais de hocher la tête en pinçant les lèvres. Qu'est-ce que cela pouvait bien être...? 

-"Sainte-Marie mère de dieu ! Louise  !" Claudie écarquillait les yeux en fixant vraisemblablement une scène qui se déroulait à sa droite. Je suivais alors son visage pour apercevoir une femme, presque nue, sur un homme. Et évidemment, ils avaient l'air bien occupés... 

-"Partons !" Lançais-je discrètement à ma cousine. Sauf que celle-ci avait marché sur une grosse branche sèche. Le bruit fût incroyablement fort et évidemment les gémissements s'étaient arrêtés. 

-"Eh !" Lançait une voix masculine. Je voulais courir mais il était hors de question de faire courir Claudie ou de la laisser ici seule. Je me retournais alors en tenant toujours la main de ma cousine dans la mienne. Quelle ne fût pas notre surprise lorsque nous découvrions le fiancé de Georgiana en train de se rhabiller avec... Martine ? 

-"Mais ? Martine ?" La mâchoire de Claudie aurait pu se décrocher de son visage à cet instant. Et je pense que la mienne aurait également pu terminer dans la neige. Que faisait Martine avec la fiancé de Georgiana dans la fôret en train de ... 

-"Oh, Louise, Claudie !" Elle se redressait et enfilait de nouveau son chemisier et son manteau. Elle se relevait ensuite et s'approchait de nous. 

-"Que...?" Je ne parvenais pas à aligner un seul mot. Et visiblement Claudie n'avait même pas essayé d'en placer plus de deux. 

-"Je... Enfin..." Martine tordait ses doigts dans tous les sens visiblement gênée. "J'ai réfléchis lorsque vous... Lorsque vous m'avez dit que ma soeur méritait de subir la même chose qu'elle m'avait faite..." Je me redressais en regardant Claudie. Avait-elle réellement prit en compte une simple remarque au point de l'appliquer concrètement ?

-"Oh mais Martine..." Reprenait Claudie. "J'ai dis cela dans le cadre de la conversation mais ce n'était pas vraiment un conseil vous savez..." Claudie se sentait désolée. 

-"Je sais !" Lançait Martine. "Mais voilà longtemps que je voulais me venger de ma soeur, maintenant, c'est fait." Elle se redressait et replaçait quelques unes de ses mèches de cheveux.

-"Vous ne devez rien dire, Mesdemoiselles." L'homme qui avait terminé de se rhabiller s'approchait de nous, une arme à la main. Je n'aimais pas cela. Je me plaçais instinctivement devant Claudie afin de la protéger.

-"Mais, lieutenant, rangez ça s'il vous plaît, ce n'est pas nécessaire". 

L'homme s'approchait toujours tandis que Martine tentait elle aussi de le raisonner : 

-"Allons, pose ça. C'est inutile, elles ne diront rien, j'ai confiance en elles." 

Le gradé n'écoutait rien, il continuait d'avancer et avait maintenant de nous braquer, Claudie et moi. Dire que je n'avais pas peur était faux. Je tremblais comme une feuille. Mais l'important était de protéger Claudie. Elle tremblait bien plus que moi et surtout, dans son état, elle ne devait pas subir de stress important. 

-"S'il vous plaît lieutenant. Ma cousine est enceinte, elle est affrayée. Dans son état ce n'est pas prudent." Je regardais le jeune homme en tentant de lui expliquer. Puis je tournais le regard vers Martine : "S'il vous plaît Martine".

Martine me regardait et s'approchait du gradé en posant une main délicate sur sa joue. Elle lui dit quelque chose en Allemand ce qui, visiblement, fonctionna. Le gradé baissait son arme en nous fixant.

-"Vous avez de la chance. Je n'hésites pas à tuer les traînées dans votre genre en théorie". 

J'attrapais la main de Claudie et la tirait vers la maison qui n'était pas très loin. Nous ne parlions pas sur le trajet, je tirais simplement ma cousine le plus rapidement possible vers la maison. Je respirais fortement, je tentait de reprendre contenance, il le fallait, pour Claudie. Je poussais la porte de la maison et me posait ensuite contre celle-ci, à l'intérieur. Claudie restait immobile quelques instants et fonçait vers le placard de l'entrée. 

-"Claudie ? Louise ? Vous êtes rentrées ? Le repas est prêt, Hermann dîne avec n..." Ma tante se figeait lorsqu'elle me vît, terrorisée. "Louise ?!"

Mon oncle et Hermann avaient également accourus dans l'entrée. Hermann avait ensuite foncé vers moi en attrapant mes épaules : 

-"Louise ? Que se passe t-il ? Qu'avez-vous ?" Il me regardait toujours en me secouant légèrement tandis que je ne parvenais pas à sortir un seul mot. J'avais eu tellement peur que je savais pas exprimer quoi que ce soit. 

Claudie passait devant ma tante avec un fusil dans les mains. Elle avait les larmes aux yeux et semblait dans un état second. 

-"Eh ! Eh ! Claudie !" Mon oncle attrapait sa fille par le bras. "Que fais-tu bon sang !"

Ma cousine se dégageait de la poigne de son père et le regardait dans les yeux : 

-"Ce que je fais ?! Je vais tuer cet enfoiré ! Il nous a braqué Louise et moi !" Hurlait ma cousine hors d'elle. 

-"Vous braquer ?" Lançait Hermann en se retournant vers Claudie. 

-"Le fiancé de Georgiana ! Il couche avec Martine et évidemment il a fallu que nous les croisions ! Il nous a braqué pendant plusieurs minutes ! Il voulait nous tirer dessus ! En plus de nous insulter de traînées !" Jamais je n'avais vu ma cousine dans un tel état. Elle tremblait de rage. 

Le regard d'Hermann croisait instinctivement celui de mon oncle. Je connaissais l'air que prenait le visage d'Hermann. C'était celui de la violence qu'il allait utiliser pour faire payer à l'homme ce qu'il venait de faire. Il attrapait son manteau et chargeait son arme en me regardant toujours aussi effrayée. 

-"Je m'en charge". Dit-il simplement. 

Mon oncle attrapait sa veste et prit le fusil des mains de Claudie.

-"Restez ici, chérie surveillez-les." Mon oncle se tournait vers ma tante qui hochait la tête en attrapant Claudie dans ses bras. 

Ma cousine s'effondrait alors dans les bras de sa mère tandis que je fus à deux doigts d'en faire de même. Je me redressais et retirais mon manteau. J'espérais qu'Hermann et mon oncle n'allaient pas avoir d'ennuis... 



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Les Corbeaux dans le ciel, Tome IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant