Rubis était complètement crevée. La veille au soir, elle avait travaillé très tard au Coffee Club et était rentrée chez elle aux alentours de quatre heures du matin.
La poisse...
En plus, aujourd'hui, elle allait devoir bosser comme une dingue étant donné qu'elle n'était nulle part dans ses cours. Elle n'avait encore rien étudié alors que les examens approchaient à grands pas. Quelle idée de s'être lancée dans un cursus universitaire sans un seul sous de côté !
Huit heures du matin... La jeune fille s'extirpa avec beaucoup de difficulté de son lit, les cheveux tout emmêlés à force de ne jamais les coiffer et se dirigea vers son salon, le pas lourd. Six heures, elle avait à peine dormi six heures ! D'un geste agacé, elle replaça une de ses mèches brunes derrière son oreille et grimaça lorsque ses doigts rencontrèrent un nœud. Il était vraiment temps qu'elle passe chez le coiffeur.
Arrivée dans son minuscule salon qui faisait aussi office de salle à manger et de cuisine, elle ouvrit la porte de son vieux frigo, en sortit une boîte de jus d'orange et but à même le goulot. En replaçant son bouchon jaune, elle inspecta le contenu du frigidaire et soupira...elle aurait dû faire les courses hier. Mais le temps lui avait manqué ! Il lui restait juste un vieux plat de pâtes, du soda et du fromage...qui ne datait pas d'hier. Elle farfouilla dans ses placards et en ressortit une boite de céréales au chocolat qu'elle mangea à même le paquet. Sans lait. Lorsque l'on vit seule, pas besoin de faire de chichis. Personne ne regarde, personne ne sait et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes ! Voilà pourquoi elle aimait sa solitude.
Son petit déjeuner englouti, elle referma rapidement le paquet et décida de ranger et nettoyer l'appartement à fond avant de se mettre à travailler. Elle n'avait peut-être pas de manières, mais la propreté, ça, c'était important. Sur sa lancée, elle établit rapidement une liste de courses avec tout ce qui était réellement nécessaire, puis finalement s'attabla à la table de la salle à manger avec ses cours de Langue romane, qui pesaient au moins 2 kg chacun.
Quatre heures et demie plus tard, Rubis referma son cours de latin et soupira. Il lui restait tant de choses à faire avant les examens de juin...elle n'était pas certaine d'y arriver. Entre son boulot, ses études et son appartement ce n'était pas toujours facile à gérer. Elle aurait pu demander de l'aide à sa mère, mais elle ne parvenait pas à s'y résoudre étant donné les circonstances de leur séparation. Tout ça à cause de ce foutu David! Préférant ne pas y réfléchir, la jeune fille s'engouffra dans sa salle de bain...il était vital qu'elle parte faire des courses.
Rubis évita soigneusement de s'observer dans le miroir. Elle savait très bien ce qu'elle allait y voir et cela la déprimait un peu plus chaque jour. Elle n'était plus qu'une pâle copie de la fifille à maman qu'elle avait été autrefois. Elle se savait mince, trop mince à son goût, et pâle. Elle n'avait plus pris le soleil depuis ce qui lui semblait une décennie et surtout, étant donné qu'elle ne dormait pas énormément la nuit, elle avait des poches sous les yeux et un regard souvent éteint. Heureusement, elle ne désespérait pas et savait qu'une fois les examens finis, elle pourrait s'occuper un peu plus d'elle et surtout : dormir enfin à son aise. Autant qu'il le faudrait. Deux mois s'il le fallait.
Après sa petite douche rapide, elle prit quand même le temps de brosser ses cheveux qui en avaient vraiment besoin. Cette étape lui prit au moins une quinzaine de minutes tant ils étaient longs et emmêlés. Finalement victorieuse, elle se les attacha en une haute queue de cheval et fila s'habiller dans sa chambre, traversant son appartement dans le plus simple appareil. Le choix de ses vêtements ne fut pas difficile, elle s'empara d'un jeans clair, d'un top bordeaux et de ses vieilles converses grises.
Avant de partir, elle prit son vieux pull qui traînait sur une chaise, son sac à main et son vieux parapluie rouge, puis referma la porte de son appartement en priant pour que cette fois-ci, la clinche de la porte ne lui reste pas entre les mains.
***
Une fois dehors, Rubis prit la direction du centre-ville. Elle allait toujours faire ses courses au même endroit parce que la patronne de son épicerie était une habituée du Coffee Club et n'hésitait jamais à lui refiler des trucs gratuits. Ces derniers temps, la jeune fille devait faire attention à ne pas trop dépenser d'argent...elle avait dû s'acheter deux nouveaux livres pour l'école qu'elle n'avait pas réussi à trouver en occasion et un micro-onde, étant donné que le sien avait rendu l'âme. Bien qu'elle ait obtenu sa demande de bourse, elle avait parfois du mal à joindre les deux bouts. Vivre seule, ce n'était pas toujours évident. Surtout que son propriétaire n'acceptait aucun paiement en retard.
Malgré la pluie qui battait les rues, il ne faisait pas froid. Rubis était bien protégée sous son vieux parapluie qu'elle adulait. Il avait peut être un trou, certes, mais il était solide et bien utile! Serrant son sac à main sous son bras, elle hâta le pas. Son jeans et ses converses étaient déjà percés ! Et dire que l'on était début du mois de juin... Quinze petites minutes séparaient son immeuble du centre-ville, aussi Rubis ne tarda pas à arriver à la supérette.
Il y faisait plutôt froid. Marge y tenait étant donné que pour elle, une bonne conservation de ses produits devait obligatoirement passer par une température basse. Ce que l'on pouvait comprendre...bien que le contraste avec l'extérieur soit plutôt frigorifiant ! La jeune fille salua d'un geste de la tête les deux caissières qui l'avaient vu arriver, referma son parapluie, puis s'engouffra dans les rayons de l'épicerie en prenant grand soin de consulter sa liste, histoire de ne rien oublier.
Alors qu'elle arrivait à hauteur du rayon "produits laitiers", la jeune fille perçut une voix assez haut perché. Elle leva les yeux de sa liste de course, reconnaissant la douce voix de Marge et se figea devant le rayon. La grosse dame était en pleine discussion avec un homme qui lui tournait le dos et elle n'avait pas l'air contente.
Pas l'air contente du tout !
— Je vous ai déjà dit que cela ne m'intéressait pas le moins du monde ! Reprenez-votre argent et allez-vous-en !
— La prochaine fois, ce n'est pas moi qui viendrait. J'espère que vous en avez conscience !
Rubis s'avança dans l'allée et Marge la vit du coin de l'œil et lui fit un sourire forcé. Voyant ce manège, l'homme se retourna et planta son regard glacé dans les yeux de la jeune demoiselle...qui recula d'un pas, ne s'attendant pas à être dévisagée de la sorte.
Il s'agissait d'un jeune homme d'une vingtaine d'année. Ses yeux étaient d'une froideur impressionnante, ce qui avait poussé Rubis à reculer. La jeune fille plissa les yeux. Il n'avait pas l'air sympathique celui-là. Le jeune homme la détailla de la tête au pied avec une mimique arrogante pour finir par se retourner vers la gérante et lui claquer au visage :
— Je vous aurais prévenu !
Il tourna les talons et se dirigea vers la sortie, ses chaussures claquant sur le carrelage du magasin, agacé.
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Bonjour à tous! J'espère que ce premier chapitre vous a plu! C'est une histoire totalement différente du Félin mais qui me trotte dans la tête depuis trop longtemps!
Alors différence majeure avec mon autre roman, c'est que cette histoire va s'écrire au fur et à mesure sur wattpad (Le félin, lui je l'ai déjà terminé sur word ^^ )!
J'espère que Rubis vous plaira, autant qu'elle me plait à moi !
Bisous !!
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La demoiselle au parapluie rouge
RomanceCharles est un fils à papa pourri gâté et a l'habitude que tous acquiescent à ses moindres demandes. Il a toujours reçu énormément d'attention étant donné qu'il est le fils du plus grand directeur de l'usine à papier de Cherwood & Sons. Cependant, s...