Journée pluvieuse

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La pluie avait redoublé d'intensité lorsque Rubis sortit de l'épicerie.

La jeune fille se surprit à pester étant donné qu'elle trimbalait un énorme sac en papier qui contenait ses courses. Elle fourra rapidement son sac noir dans celui-ci et le pris précautionneusement sous son bras, en essayant de maintenir plus ou moins son parapluie droit. La prochaine fois, elle n'oublierait pas de prendre son sac en tissu...c'était certain.

Difficilement Rubis se mit en marche, direction son appartement.

Sur le trajet, elle ne put s'empêcher de penser à ce que Marge lui avait dit, concernant la discussion houleuse qu'elle avait eu avec Charles Cherwood, le jeune garçon avec qui elle parlait. Apparemment, son immeuble était en train d'être racheté par la société de papeterie Cherwood & Sons. Seulement, pour pouvoir disposer de l'immeuble, tous les habitants, sans exception, devaient obligatoirement marquer leur accord quant à l'idée d'être logés dans une autre partie de la ville. Apparemment, dix-huit personnes n'étaient pas d'accord et cela freinait l'entreprise dans son projet d'investissement. Marge, bien évidemment faisait partie des personnes opposées à l'expulsion (comme elle aimait l'appeler). Rubis pouvait la comprendre...elle travaillait là depuis si longtemps et possédait tout le rez-de-chaussée de l'immeuble comme son père avant elle. Seulement, ces derniers temps, la jeune fille avait pu comprendre que Marge avait quelques difficultés financières étant donné que les épiceries commençaient à être démodées, que les supermarchés prenaient le relais et menaçaient son commerce. La somme que promettait Cherwood & Sons en échange de son accord était astronomique et suffisait à perturber la gérante.

Rubis s'était demandé comment elle aurait réagi face à une somme pareille. Techniquement, elle n'aurait pas craché sur un peu de monnaie... Maintenant, elle savait ce que le magasin représentait pour Marge qui y avait passé toute son enfance et qui en avait hérité de son père.

Alors qu'elle arrivait au coin de sa rue, elle entendit un léger craquement qui la fit rapidement sortir de ses pensées. Elle n'eut le temps de penser à rien, le contenu de son sac en papier avait déjà recouvert le sol dallé du trottoir.

Un sac en papier par ce temps...vraiment ?

En soupirant, elle déposa son parapluie encore ouvert sur le sol et commença à rassembler les vivres. Elle fut rapidement trempée par la pluie qui n'avait pas cessé de tomber depuis qu'elle avait quitté le magasin de Marge. D'un geste agacé, elle se hâta de fourrer tout ce qu'elle pouvait dans son sac à main. Bien entendu, l'espace n'était pas suffisant. Alors qu'elle réfléchissait, accroupie à terre, sur la manière dont elle allait procéder pour transporter tout cela, deux pieds chaussés de magnifiques mocassins bruns entrèrent dans son champ de vision.

Elle leva la tête mais ne put rien apercevoir à cause de la pluie qui la gênait.

— Je peux vous aider ? demanda une voix masculine, assez séduisante.

Elle n'eut pas le temps de proférer un seul son ou d'esquisser un geste que l'inconnu s'accroupit près d'elle, lui sourit et commença à ramasser ses affaires. Rubis était choquée, il pleuvait comme jamais et cet homme était quand même venu l'aider !

— Merci, murmura-t-elle dans un souffle.

Elle ramassa ce qu'elle pouvait alors que le jeune homme en question ramassait ses pommes et ses pâtes ainsi que son beau parapluie rouge qu'il plaça au-dessus de leurs têtes. De nouveau, il sourit. Et Rubis ne put que lui sourire en retour, tant il paraissait charmant.

— J'espère que vous n'habitez pas trop loin...

— Non non, s'écria-t-elle. C'est juste au coin de la rue ! Merci encore pour votre aide.

La demoiselle au parapluie rougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant