Curiosité incarnée

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Ils étaient rentrés depuis deux bonnes heures déjà et Rubis était directement montée à l'étage tandis que Baptiste et Charles avaient décidé d'aller faire un tour en moto. La jeune fille avait préféré ne pas les accompagner, comprenant que Charles avait besoin d'un ami proche à qui parler et surtout...de se détendre un petit peu. 

Depuis, elle était sur son lit, un livre à la main mais ne lisait pas. Ou très peu. Elle n'était pas très concentrée et ses pensées vagabondaient dans toutes les directions. La maison était étrangement silencieuse. La famille Cherwood avait accueilli la nouvelle de la maladie de Catherine avec beaucoup de calme, comme si ce n'était que secondaire et depuis, tout le monde faisait des aller-retours entre le domaine et l'hôpital. Rubis décida qu'il était temps d'arrêter de se morfondre et se s'empara de son téléphone. Appeler Aude lui ferait le plus grand bien. 

Biip Biip Biip 

— Rubiiiiiiiis? 

La jeune fille sourit et éloigna le combiné de son oreille histoire de ne pas avoir un tympan explosé par la voix aiguë de son amie...qui lui avait fameusement manqué. 

— Aude, comment ça va? 

— C'est plutôt à toi que je devrais poser la question! Tu ne m'envoies plus aucune nouvelles, c'est horrible. J'attends toujours les petits détails croustillants sur ta vie de princesse en Ardèche. 

— Ce n'est pas vraiment une vie de princesse sais-tu. 

— Haha. Si tu veux tout savoir, tout va bien. Je reviens d'un weekend à Édimbourg avec ma mère et on a fait pas mal de shopping. J'ai acheté un nouveau divan et un nouveau miroir pour ma salle de bain. D'ailleurs j'ai mis mon ancien dans ton appartement, je sais que tu l'aimais bien et le tien datait de Mathusalem. 

— Euh... Comment es-tu rentrée dans mon appartement? 

— J'ai demandé à ton proprio, en lui disant que c'était urgent. 

— Mon proprio? Mais il ne te connait même pas! Et si quelqu'un avait voulu me cambrioler?! 

— Je sais être très persuasive. 

— Franchement...va falloir que je lui dise deux mots. Et je n'avais pas besoin de ton miroir, dis. 

— Fais semblant que tu es contente pour une fois et arrête de rouspéter sans arrêt. Raconte moi plutôt tout ce qu'il se passe là-bas. 

— Beaucoup de choses, Aude. C'est pour ça que je t'appelle. J'avais besoin de vider tout ce que j'ai sur le cœur. 

— Raconte. Tata Aude est là. 

— Tu es bête!  Et bien, je ne sais pas trop par où commencer... 

— Tu peux même raconter les choses dans le désordre, je suis sûre que je m'y retrouverai. 

— Et bien... Déjà, Charles et Marc ne sont pas du tout les personnes auxquelles je m'attendais. Sous leurs carapaces d'hommes riches et arrogants, ce sont des personnes sympathiques voire sensibles. Charles Baptiste et moi, on a été faire un tour en moto, et c'était vraiment sympa et je crois qu'à partir de ce moment-là, nos relations se sont un peu améliorées. Je sais que Charles ne m'aime pas vraiment, hein, mais quand il est parti chez Ava...Ada...Emma. Fin, bref, chez l'autre fille là, ça m'a fait tout bizarre, comme si je commençais un peu trop à croire en cette histoire. Mais bon, maintenant, on m'a remis les idées en place. Donc ça va un peu mieux.

— Qui donc? 

Rubis soupira. Elle allait devoir lâcher une bombe. 

— Euh Baptiste. Quand il m'a embrassée. 

La demoiselle au parapluie rougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant