Deux mois de liberté

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Un mois plus tard...

Rubis échangea un regard complice avec Aude qui venait elle aussi de tourner la dernière page de son examen de Théorie et pratique poétiques au Moyen Age. D'ailleurs ce n'était pas seulement un examen, c'était l'examen final de leur troisième année de bachelier en langue romane ! Après ça, direction le master.

La jeune fille rassembla ses affaires et les fourra dans son sac qu'elle avait dû placer correctement en dessous de son siège pour éviter toute tentative de triche. D'un pas rendu raide par le fait d'être restée plus de trois heures assise sur son siège, Rubis descendit la longue rangée de marche qui prenait fin au pied de l'estrade, là où se trouvaient les surveillants. Sans proférer une seule parole, elle leur tendit sa copie d'examen et tourna les talons, direction la sortie.

Aude était déjà dehors et piétinait d'impatience en l'attendant. A peine son amie avait-elle passé le seuil de l'entrée, qu'elle lui sautait dessus pour lui demander si ça c'était bien passé. Rubis haussa les épaules, agacée et répondit :

— Je crois, oui.

Elle détestait qu'on lui pose cette question. Comment pouvait-on être sûrs d'avoir réussi un examen alors que l'on n'avait pas encore reçu les résultats !

— Tu travailles ce soir ? lui demanda son amie en fronçant les sourcils.

— Ouep ! Et ça va être intense à mon avis !

Effectivement. Aujourd'hui, normalement, la session de juin était totalement terminée. Les jeunes avaient pour habitude de sortir dans les cafés jusqu'au bout de la nuit. Rubis allait donc avoir beaucoup de travail. Heureusement, demain, elle allait enfin pouvoir dormir ! Une bonne grasse matinée telle qu'elle n'en avait pas faite depuis longtemps. A peine cette idée avait-elle surgit dans son esprit, qu'elle esquissa un sourire rêveur s'attirant le regard perplexe de son amie.

— Je rêve de mon lit et de ma grasse matinée future, dit-elle à son amie.

Aude s'esclaffa devant l'air bienheureux de Rubis et lui répondit :

— Tu m'étonnes ! Ton visage est si fatigué qu'il commence doucement à ressembler à celui de ma grand-mère lorsqu'elle était dans son cercueil.

Rubis lui tira la langue. L'humour d'Aude était, comment dire, spécial. Elle avait sa propre façon de raconter les choses et même si ce n'était pas spécialement drôle, on avait toujours envie de rire, tant ce dernier était communicatif. La jeune fille était une des rares personnes qui parvenaient à remonter le moral de Rubis et pour cela, elle lui en était à tout jamais reconnaissante. Les deux jeunes filles s'étaient liées d'amitié alors que Rubis entamait sa deuxième semaine au Coffee Club et qu'un garçon immonde n'arrêtait pas de draguer Aude. Rubis avait alors pris les devants, payé un verre à la jeune demoiselle en détresse, et demandé expressément à Lucas qui travaillait avec elle, de se faire passer pour le petit ami de Aude. A partir de ce moment-là, la jeune demoiselle n'avait pas cessé de coller Rubis, comme s'il s'agissait de la plus courageuse des femmes, et plus encore lorsqu'elle avait constaté qu'elles suivaient le même cursus universitaire. Rubis avait fini par la prendre sous son aile et en faire une de ses amies. Sa seule amie à dire vrai.

— On se voit ce soir, Rubis ? Je t'envoie un SMS dès que je démarre d'accord ?

— Parfait ! J'ai une pause vers vingt et une heure donc sois à l'heure pour une fois.

Aude avait la fâcheuse tendance d'être toujours en retard...

La jeune fille hocha la tête en riant et partit en direction du centre-ville, rejoindre son appartement. Rubis l'observa disparaître au coin de la rue, un sourire toujours affiché sur ses lèvres. Techniquement, elle avait une première pause vers vingt et une heure...mais bon, il valait mieux être prévenante avec elle.

Rubis observa l'heure à sa montre. Il n'était que onze heures. Elle avait encore tout son temps. A son aise, elle se dirigea vers son appartement. Il était encore possible qu'elle fasse une sieste avant que sa soirée ne commence.

Qu'allait-elle faire durant ces deux mois de vacance ? Travailler, certes... Mais elle pourrait quand même profiter de deux mois de liberté !





La demoiselle au parapluie rougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant