Déclaration

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Rubis était étonnée de sa propre initiative. Elle avait vraiment dit ça tout haut? Oh mon dieu... La honte. 

Charles avait plongé ses magnifiques yeux azurs dans les siens et l'observait, étonné, depuis une longue minute déjà. Il ne s'était pas enfui en courant, c'était déjà ça. Le temps était comme suspendu et aucun des deux n'osait parler, de peur de briser la magie du moment. Rubis s'était redressée et sa position ne laissait pas de place à l'imagination. Elle s'était assise sur le bord du divan, le dos droit, le menton levé vers Charles et les lèvres, pile à la bonne hauteur. Mais il devait faire le premier pas. 

Pour lui faire comprendre qu'elle en avait assez d'attendre, la jeune fille haussa un de ses sourcils parfaitement épilé et l'interrogea du regard. Étonnement, Charles semblait très à l'aise. Il sourit...d'un sourire tellement arrogant que Rubis fut tentée de s'éloigner. Non mais, elle qui pensait maîtriser la situation, venait de se faire avoir. Au lieu de tenter Charles, c'est elle qui attendait impatiemment qu'il pose ses lèvres sur les siennes. Elle aurait du l'embrasser immédiatement, afin de le surprendre mais elle n'avait pas osé de peur qu'il la repousse ou qu'il croie qu'elle était tombée sous son charme. Ce qui n'était pas tout à fait faux. 

Ne voulant pas perdre le courage qui l'habitait quelques minutes plus tôt, Rubis ferma les yeux et soupira. C'était la technique que son père lui avait appris pour se calmer...faire le vide autour de soi et respirer. Elle rouvrit les yeux, et pencha le menton un peu plus vers l'avant pour murmurer: 

— C'est maintenant ou jamais. 

Charles sourit. Ses yeux se plissèrent... Rubis fut surprise de détecter un vrai sourire. Il se riait d'elle...et c'était super mignon. 

— Elle est loin la Rubis indécise du début des vacances... 

— Charles...,murmura-t-elle. 

Rubis se maudit de détecter une note de supplication dans sa voix. Pourquoi fallait-il qu'elle ait des idées bizarres: Tu peux m'embrasser si tu veux... Non mais?! Qui disait ça à l'heure actuelle? Elle n'aurait jamais du dire ça. Surtout à Charles qui prenait un malin plaisir à la malmener. Pourquoi s'était-elle senti d'humeur courageuse tout à coup? Elle s'était pourtant dit qu'elle ne voulait pas s'attacher à Charles! 

Ce dernier la dévisagea intensément et attrapa délicatement son menton entre ses doigts longs et fins. Rubis arrêta de respirer lorsqu'il prit une brève inspiration et posa ses lèvres sur les siennes. 

De peur de tout faire foirer comme la dernière fois, Rubis n'osa pas bouger ses mains. Elle les laissa là, de part et d'autres de son corps et s'abandonna au doux baiser de Charles. Elle n'avait pas les idées claires...à vrai dire, elle ne savait pas si elle avait encore des idées étant donné qu'à ce moment-là, c'était le vide total. Elle ne pensait plus à rien, excepté à  la bouche de Charles qui avait passé ses doigts dans sa nuque et qui s'était agenouillé face à elle. 

Soudain, il se sépara d'elle. 

Tellement brusquement qu'elle n'osa rien dire. 

Son visage était fermé. Vraiment fermé. Il avait perdu et son sourire et sa chaleur humaine et n'avait plus rien à voir avec le garçon qui avait décidé de l'embrasser. Bon sang... Elle embrassait si mal que ça?!

— Ton père est en bas. Ta mère est avec lui... Elle est sortie de l'hôpital. 

Rubis, assise sur son fauteuil, se figea. 

Baptiste. 

Baptiste était là. 

Merde. 

La demoiselle au parapluie rougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant