Nouveau point de vue

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Rubis venait tout juste de s'endormir, la tête posée contre son épaule. Il fallait dire qu'il était tard et que tout le monde avait beaucoup parlé dans le salon. Le retour de la mère de Charles avait répandu joie et bonne humeur dans la demeure de vacance. 

Charles sourit en la voyant ainsi endormie près de lui. Grâce à elle, il avait l'esprit clair, bien que fatigué. Il l'avait vu hésiter sur les mots, avant qu'elle lui explique tout ce qu'elle avait ressenti après la disparition de son père. Mais surtout, il avait entendu son discours haché, plein d'émotion et de tristesse... Avait-elle déjà raconté cela à quelqu'un avant lui? 

D'une main habile, il dégagea une courte mèche brune qui dépassait de son chignon et l'entendit soupirer. Mais comment faisait-elle pour dormir dans une position pareille? Franchement? Elle avait le cou penché, les jambes pliées et un bras sur sa jambe. En voyant ce dernier, Charles observa la chair de poule qui le recouvrait. Elle avait froid. Il observa sa bretelle de soutien gorge qui retombait sur son épaule et sourit en voyant la marque de bronzage qu'elle dévoilait. Au fil des vacances, il avait pu constater qu'elle aimait bronzer. Lui, il aimait encore plus le teint halé qu'avait pris sa peau. Les traits apaisés, il passa un doigt sur ses lèvres si douces qu'il avait pu explorer un peu plus tôt dans la journée. On voyait qu'elle s'habituait à sa présence... Comme il l'avait dit, elle était beaucoup moins gênée qu'au début des vacances. Il commençait vachement à l'apprécier. Un peu trop d'ailleurs. 

Il se sentait honteux de l'avoir embrassé comme ça aujourd'hui alors qu'il s'était promis de ne plus rien tenter après leur épisode dans la salle de bain où il avait commencé à se dévoiler. Il n'aurait pas dû. Effectivement, elle s'était tout de suite braquée, affolée par ses paroles. Des paroles qu'il n'avait même pas eu envie de prononcer d'ailleurs, il ne savait pas vraiment ce qui lui avait pris. 

Son doigt passa de ses lèvres à ses joues puis à son oreille. Elle avait plusieurs piercings qui lui allaient vraiment bien. Deux à l'oreille gauche et cinq à l'oreille droite. Alors qu'il trouvait ça vulgaire ou hideux sur d'autres filles, sur elle, ça passait. C'était tout à fait son style. Son pouce effleura son cou et il s'imagina y déposer une pluie de baiser. Son cou était long et fin, magnifique. 

— Merde, murmura Charles pour lui-même. 

Il trouvait un cou magnifique. 

Il était vraiment dans la merde. 

Baptiste allait le tuer. 

Dans un soupir, il passa la main dans le dos de la jeune fille assoupie et une autre sous ses genoux. En espérant ne pas la réveiller, il l'apporta à l'intérieur de la maison afin qu'elle puisse continuer sa nuit, dans un endroit un peu plus confortable. 

*** 

Rubis se réveilla assez tard le lendemain. 

Sans surprise, elle constata que le divan où dormait Charles était vide. La couverture était parfaitement repliée sur un des accoudoirs. En se relevant, elle grimaça. Son cou était douloureux. Étrangement, elle ne se souvenait pas de s'être endormie dans le lit la veille. Elle se souvenait de sa discussion avec Charles, mais après, c'était tout. 

Encore à moitié endormie, elle se rendit directement dans le salon, sans même prendre la peine de jeter un coup d'œil dans le miroir. 

— Bonjour Rubis! 

— Oh, bonjour Eudore. Comment ça va? 

Le grand-père de Charles était assis dans un des somptueux divan qui président le beau salon. Il tenait dans ses mains un journal et semblait passionné par sa lecture. 

La demoiselle au parapluie rougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant