Rubis se fixait dans le miroir : incroyable. Elliot l'observait aussi, bras croisés, fier du boulot accompli.
La jeune fille ne savait plus très bien comment, mais après le moment détente au spa, les filles avaient décidé de partir faire un peu de shopping. Tante Marie, qui avait rapidement mal aux jambes à cause d'une opération récente, n'avait pas voulu les accompagner, préférant passer chez le coiffeur. Céleste, qui n'avait simplement pas eu envie d'une virée shopping, avait décidé de l'accompagner et par miracle,avait convaincue Rubis de passer la fin de journée avec elles. Au final, alors que Marie se refaisait une permanente, elle avait été envoyée chez Elliot qui avait eu pour unique consigne : de faire quelque chose avec sa tignasse.
À ce qu'elle avait compris, Céleste était une habituée de Chez Elliot Coiffure, l'enseigne du salon. Elliot n'était pas n'importe quel coiffeur. Selon elle, il s'agissait d'un coiffeur visagiste. Dans la région, il avait une très bonne réputation et Céleste adorait y venir. Il fallait dire qu'elle adorait Privas, là où elle avait rencontré son mari, et qu'elle possédait beaucoup de commerces de la région. Bref, au final, elle était parvenue à me faire asseoir dans un des immenses fauteuils blancs et m'avait dit de faire confiance à Elliot et ses talents.
Au départ, ça n'avait pas été compliqué. Le bel homme -gay, en l'occurrence, désolée pour le cliché- l'avait dévisagée, fait le tour d'elle-même, ramené les cheveux au-dessus de la tête et puis, avait cligné des yeux en un sourire. Sans savoir pourquoi, la demoiselle avait été charmée et lui avait immédiatement fait confiance. Elliot avait des gestes doux. Il lui avait massé le crâne en lui lavant les cheveux et avait raconté quelques ragots du quartier, concernant des gens qu'elle ne connaissait même pas. Elle aurait pu dire qu'elle avait passé un bon moment, certes. Mais, lorsqu'elle s'était assise face au miroir, qu'il avait placé ses cheveux de part et d'autre de sa tête, puis, d'un coup sec, avait pris les ciseaux et coupé ses cheveux dans le bas de sa nuque...elle avait failli pleurer. Aussi loin que remontaient ses souvenirs, elle avait toujours eu les cheveux longs. Papa adorait lui tresser les cheveux, elle adorait se faire des queues de cheval: elle aimait les cheveux longs. Vraiment, elle les adulait.
Bref. Rubis avait fixé Elliot, choquée. Réellement choquée par la longueur de cheveux qu'il venait de couper. Plus de vingt centimètres...envolés. Confiant, ignorant sa soudaine raideur, il avait continué son travail, alors qu'elle avait fermé les yeux afin de ne plus observer ce cauchemar ambulant s'agiter autour d'elle.
Lorsque la jeune fille avait rouvert les yeux, après qu'il lui ait séché les cheveux, elle avait été complètement subjuguée. Jamais elle n'aurait osé se faire une coupe pareille de son plein gré. Il s'agissait d'un simple carré, et pourtant, on aurait dit que la coupe était faite pour elle. Comme quoi, le changement, c'était toujours intéressant. Ravie, Rubis avait orienté son regard derrière elle, où se tenait Marie et Céleste. La grand-mère de Charles avait simplement hoché la tête, un beau sourire suspendu aux lèvres qui valait le plus beau compliment du monde. Tante Marie avait carrément applaudi :
— Tu es splendide !
— Merci Tante Marie.
Elle n'avait rien pu dire d'autre.
Lorsqu'elles sortirent du salon, Marie les conduisit vers un joli bistrot au coin de la rue, le temps de patienter en attendant les autres. Le temps était encore magnifique. Il était près de dix-huit heure et le soleil réchauffait encore les dalles de bétons et les chaises de la terrasse. Ici, tout était bien plus beau qu'en Belgique. Tout était coloré, fleuri, propre... Intérieurement, Rubis sourit. Elle était en train de s'y faire... à cette vie peinarde, loin du boulot et de son stress quotidien.
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La demoiselle au parapluie rouge
RomanceCharles est un fils à papa pourri gâté et a l'habitude que tous acquiescent à ses moindres demandes. Il a toujours reçu énormément d'attention étant donné qu'il est le fils du plus grand directeur de l'usine à papier de Cherwood & Sons. Cependant, s...