Le pacte

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Rubis était exténuée.

Pas la peine de vous dire que la soirée avait été horrible. Après avoir servi au bar, Joe lui avait demandé de retourner en salle car, plus les gens étaient ivres, plus ils commandaient à boire. Des montagnes de verres jonchaient le sol de la salle. Fort heureusement, la jeune fille ne devait pas nettoyer, ce n'était pas son tour.

Elle salua Joe qui était affalé sur le comptoir, fatigué, et empocha les pourboires qu'elle avait reçus durant la soirée.

Il était cinq heures du matin passé et elle n'avait qu'une seule envie : dormir. Dormir jusque la semaine prochaine au moins.

Traversant les rues vides tel un fantôme, Rubis finit par arriver à son appartement. Elle prit rapidement sa clé qu'elle avait fourré dans la poche de son jean, ouvrit la porte d'un geste malhabile et, après s'être déshabillée, se jeta sur son lit. A peine sa tête avait-elle touché son oreiller, qu'elle sombrait déjà dans un sommeil réparateur, durement mérité.

***

Rubis fut réveillée par un tambourinement violent contre sa porte d'entrée. Elle observa son réveil : midi.

C'était quoi cette blague ! Pourquoi venait-on la déranger à une heure pareille ! Et déjà, à part Aude, qui savait où elle logeait ?

-J'arrive, hurla-t-elle, alors que les tambourinements reprenaient de plus belle.

Elle enfila un vieux jogging qui traînait sur sa chaise de bureau et passa un pull par-dessus le top qu'elle avait gardé pour dormir. Elle puait la bière, elle ne s'était pas démaquillée, ses cheveux étaient tout emmêlés... Clairement, elle ne ressemblait à rien.

Agacée, d'une humeur massacrante, elle ouvrit la porte à la volée et constata pour la millième fois, qu'en rentrant, elle avait oublié de la refermer à clé.

Baptiste se tenait sur le seuil de sa porte et ne se fit pas prier pour rentrer.

—  Qu'est-ce que tu fous là ? lui dit-elle alors qu'il la dévisageait, le nez plissé.

Ce devait être la tête qu'il faisait lorsqu'il était dégoûté. Il avait eu la même mimique lorsqu'il était entré dans l'immeuble la première fois.

— Moi aussi je suis heureux de te voir, Rubis, fit-il en croisant les bras avec l'air hautain qui le caractérisait tant.

Voyant sa mine agacée, il ajouta, plus gentiment :

—  Je suis vraiment désolé de te réveiller...

—  Je me suis couchée tard. Donc oui, je dormais.

—  Soit. Tu te laves des fois ?

Rubis n'était pas d'humeur. Elle croisa les bras et l'observa, jusqu'à ce qu'il se sente mal à l'aise.

— Bon, reprit-il en ignorant son regard, est-ce qu'on peut s'asseoir quelque part ?

La jeune fille tendit la main vers le fauteuil rose qui trônait dans son salon et lui fit signe de la suivre. Elle s'installa confortablement, un pied glissé en dessous de son derrière, et observa Baptiste qui analysait son divan. Et quoi, le sofa n'allait pas le manger... Il était peut-être vieux mais Rubis l'avait nettoyé, aspiré et même désinfecté.

— Tu comptes t'asseoir, oui ou non ?

Baptiste lui sourit, mal à l'aise, et s'installa de l'autre côté du divan. Il se tourna vers elle et déclara, de but en blanc :

— J'ai un gros problème. Et j'ai besoin de ton aide.

Alors là, Rubis s'attendait à tout, sauf à ça.

La demoiselle au parapluie rougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant