CHAPITRE VINGT-SIX

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Règlement de comptes

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— Non ! nous nous empressons de nous exclamer Carter et moi dès que les paroles de notre ami sont arrivées à notre cerveau.

Je n'ose même pas regarder Carter par peur de ce que je vais lire sur son visage. Il est toujours plus distant quand les autres sont avec nous. Je n'ai pas envie de voir son indifférence habituelle dans ses yeux maintenant que je les ai vus de près, avec un semblant de gentillesse.

— Je... Nous... Enfin on..., je balbutie sans réussir à assembler une phrase complète.

— On discutait, m'aide Carter.

— Oui, voilà, on discutait, j'acquiesce en hochant la tête.

Personne ne paraît convaincu par nos paroles, mais ils ont la gentillesse de ne pas relever. Seule Apolline hausse ses sourcils broussailleux pour signifier qu'elle ne croit pas un traître mot de ce que nous venons de dire. Elle est trop perspicace pour se laisser avoir par nos fausses excuses. Notre état physique comme mental, ma gêne, tout laisse à présager qu'il s'est passé quelque chose. Ils ne savent juste pas quoi. Je sens déjà les questions arriver lorsque nous serons seules elle et moi. Elle va me bombarder de questions. Je sais qu'elle s'imagine déjà le pire. Elle soutient depuis le début qu'il y a quelque chose entre Carter et moi.

— Au fait, pourquoi vous êtes là ? je les interroge une fois que j'ai repris contenance.

— Apolline et Violet te cherchaient. Et je devais rejoindre Carter ici vers dix-huit heures, donc elles m'ont accompagné en espérant te trouver sur le chemin.

J'acquiesce tandis qu'il rappelle à Carter qu'ils « ont un truc urgent à faire ». Apolline a beau essayer de découvrir de quoi il s'agit, les garçons ne lâchent pas le morceau et restent très mystérieux, ce qui attise encore davantage notre curiosité. Je pourrais regarder Carter pour qu'il me le dise mais je ne le fais pas. Son regard est sur moi, je le sens. Et je ne suis pas prête à le soutenir car je suis encore toute émoustillée par ce qu'il vient de se dérouler entre nous.

Rien que de repenser à notre proximité, à ce qu'il se serait passé si les autres n'étaient pas arrivés, je me sens rougir, ce qui n'échappe une fois de plus à personne. Je me mords les lèvres pour essayer de contenir mes émotions, en vain. Il n'y a rien à faire, mon corps ne veut pas cacher mes sentiments. Je suis toujours dans le flou, je ne comprends pas ce qui vient de se passer. Est-ce que Carter a, rien qu'une fraction de secondes, réellement pensé à m'embrasser ? Je dois me faire des films, il ne peut pas m'apprécier, pas même un tout petit peu. C'est impossible. Il n'aime personne à part sa propre personne et peut-être Cédric.

— Et comme il ne restait que nous, avec Apolline on a pensé qu'on pouvait faire quelque chose entre filles, comme avant, intervient Violet de sa petite voix douce quand le silence se prolonge.

Je reporte mon attention sur mes deux amies. A force de penser à Carter, j'avais fini par oublier leur présence. Violet est mal à l'aise et cela se voit autant que la couleur vive de ses joues. Elle se dandine d'un pied sur l'autre en ne cessant de se triturer les mains. Apolline, elle, se tient bien droite, passant son regard de Carter à moi en fronçant les sourcils. Si nous avions été seules, je lui aurait donné un coup dans les côtes pour qu'elle arrête sa petite mascarade. Devant les autres, je me contente d'écarquiller mes yeux en espérant qu'elle comprenne le message.

— C'est une bonne idée ! je m'exclame en prenant un ton que j'espère enthousiaste. Je récupère mes affaires et j'arrive.

Je m'empresse de me décaler vers la fenêtre où nous révisions quelques instants plus tôt. Mon sac contenant mes cours est toujours posé par terre près de celui, maintenant vide, qui contenait nos viennoiseries. De la façon la plus naturelle possible, je m'agenouille par terre pour fermer la fermeture éclaire de mon sac à dos et je le lance sur mon dos. Il me paraît plus lourd que tout à l'heure.

DES NUITS PLUS CLAIRES QUE TOUS VOS JOURS [IS HE A BAD BOY ?]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant