CHAPITRE VINGT-SEPT

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Ascenseur phobique

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Hier soir, en me couchant, j'ai rédigé une liste. Oui, j'adore les listes et je pourrais en écrire à longueur de journées. Pour les cours, les courses, les activités, les cadeaux d'anniversaire, les livres... Mon bureau en est rempli. Dès que j'ouvre un tiroir, des dizaines de post-it s'en échappent, donnant au sol une teinte multicolore. Il faut que je me calme car à trop planifier ma vie, elle me file entre les doigts. J'ai l'impression que plus j'organise mes journées, plus elles ne se passent pas comme je le voudrais. Sur le papier, tout paraît simple, mais la réalité est la plupart du temps toute autre.

A défaut qu'elle se déroule comme je le souhaiterais, ma liste m'a au moins aidée à y voir plus clair dans ma vie qui est en train de s'effondrer de toute part. J'y ai inscrit mes pensées les plus profondes, mes rancœurs, mes doutes, les choses que je veux accomplir. Ça va du « faire plus de boxe » à « trouver un moyen de me venger de ma famille » en passant par « ma vie est un bordel : mes parents sont mes grands-parents, ma sœur est ma mère et mon père est un salopard qui a profité de ma mère. Qui dit mieux ? » et en finissant par « je déteste aimer Carter mais je l'aime. #jehaismessentiments »

Mais l'élément qui me préoccupe aujourd'hui ne concerne ni mes parents, ni mes amours compliqués. J'ai prévu d'arranger les choses avec Andrew, mon cousin – techniquement mon petit cousin au vu des changements familiaux récents qui ont eu lieu. Je lui en ai voulu pour avoir appelé Scarlett après qu'il m'ait annoncé qu'elle était ma mère biologique et ça a été idiot de ma part. J'ai agi sous le coup de l'impulsion et de ma bêtise. C'est lui qui a pris toute ma haine alors qu'il n'y était pour rien, au contraire. Il faut donc que j'aille m'excuser.

C'est pour ça que dès que j'ai fini mon interminable journée de cours, je fonce à l'appartement d'Andrew pour tenter de l'intercepter avant qu'il n'aille à la salle de sport. Normalement, s'il suit toujours le même programme, j'ai une petite demi-heure pour le trouver et lui adresser mes excuses. C'est tout à fait faisable.

Comme chaque fois lorsque j'arrive devant sa résidence, je remercie le ciel pour qu'il loge dans un immeuble sans système de sécurité comme le mien. Si je devais l'appeler pour qu'il vienne m'ouvrir, cela compromettrait le discours que j'ai mentalement préparé. A la place, j'ai seulement à pousser la porte qui ne résiste pas et entrer dans le long hall où s'alignent les boîtes aux lettres.

En arrivant face à l'ascenseur, j'hésite. Monter quatre longs étages de marches mais éviter de faire une attaque ou emprunter l'ascenseur pendant dix secondes ? Mes muscles meurtris par ma séance de musculation de la veille m'intiment de choisir la facilité mais ma respiration qui s'intensifie n'est pas d'accord. Mais après tout, il faut affronter ses peurs pour les transformer en forces. « Vaincre ma claustrophobie » fait partie de la liste que j'ai effectuée la veille. C'est le moment de rayer un tiret en plus, il faut que je la saisisse.

On dit que le vrai courage, c'est d'affronter ses peurs. A cet instant, je crois que je n'ai jamais été courageuse en pénétrant dans le petit habitacle métallisé.

Élan d'audace qui ne dure que quelques microsecondes car quand les portes enclenchent leur mouvement de fermeture, je me sens défaillir. Je suis prête à ré appuyer sur le bouton pour stopper leur fermeture, quand elles se rouvrent toutes seules, suspendant mon mouvement. J'ai à peine le temps d'apercevoir les doigts longs et fins de la personne qui s'est glissée dans l'ascenseur à côté de moi.

DES NUITS PLUS CLAIRES QUE TOUS VOS JOURS [IS HE A BAD BOY ?]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant