CHAPITRE VINGT-HUIT

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Commérages de filles

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Je crois que je n'ai jamais traversé aussi vite la cour et le jardin. En à peine deux minutes j'arrive devant le gymnase. Je suis exténuée, en sueur, troublée et frigorifiée mais j'ai réussi à rattraper mon retard. Mes doigts ne cessent d'effleurer ma bouche, là où quelques instants auparavant les lèvres de Carter se sont posées sur les miennes. De l'extérieur, j'ai très froid mais à l'intérieur de moi, je brûle comme si un incendie s'était déclenché et ne faisait qu'accroître sa progression dans mon corps pour y atteindre chaque partie.

Je me sens étrangement bien. Différente. Jamais je n'aurais cru embrasser un garçon cette année et surtout pas Carter. J'étais censée me focaliser sur mes études afin d'être prise dans une bonne fac et je me retrouve à faire le mur plusieurs soirs par mois et je tisse des liens qui s'avèrent ne pas être de l'amitié avec la personne la plus froide et solitaire de Barrows. On m'aurait dit ça six mois auparavant, j'aurais ri au nez de la personne. Encore maintenant, j'ai du mal à réaliser. Est-ce que ce qui vient de se passer est réel ou ai-je tout inventé ?

Le gonflement anormal de mes lèvres, les frissons qui animent encore mon corps et ma coiffures qui ne ressemble plus à rien me prouvent que ces quelques minutes passées avec Carter étaient bien réelles aussi surprenant que cela puisse paraître.

Quand je pousse la porte de la salle de sport, encore ébranlée par mon premier baiser, le cours a déjà commencé. Les différentes équipes ont été formées et les matchs vont bon train. Les joueurs courent dans tous les sens sur le parquet jaune qui recouvre le sol. Le gymnase où ont lieu les sports collectifs est très lumineux, beaucoup plus que le reste des bâtiments grâce aux immenses fenêtres juste en dessous du plafond qui s'étendent sur chaque mur.

Je me dépêche de déposer discrètement mes affaires dans un coin et en veillant à rester hors des limites des terrains, je rejoins mon équipe où Apolline est prise dans le jeu. En me voyant arriver, une fille - Sarah ou quelque chose comme ça - sort pour me laisser entrer à sa place. Comme nous sommes en pleine défense, ce changement passe inaperçu. Sans me poser aucune question, je me jette sur le joueur le plus proche pour éviter qu'il n'ait la balle. Je n'ai pas besoin de faire une défense trop rapprochée car Apolline parvient à intercepter une passe et s'élance à toute vitesse vers le panier opposé, marquant deux points.

Quand c'est moi qui réussis à reprendre la balle aux adversaires, je la lui lance et c'est à ce moment qu'elle remarque ma présence. Elle est tellement surprise que le ballon de basket frappe la pointe de sa chaussure au lieu de prendre impulsion sur le sol. Sans même s'en soucier, elle se rapproche de moi, un éclair de colère dans son regard sombre. Si ça n'avait pas été mon amie, je crois que j'aurais fui tellement c'est impressionnant à voir. Apolline n'est pas souvent énervée et quand elle l'est ça ne dure pas longtemps, mais il ne vaut mieux pas être sur son chemin.

- T'étais où ? me demande-t-elle en essayant de contrôler le ton qu'elle utilise.

- Aux casiers.

- Tu en as mis du temps ! Qu'est-ce que tu es restée faire ?

J'ouvre la bouche pour sortir l'excuse des baskets mais je n'en ai pas besoin car nous sommes interrompues par le coup de sifflet de notre professeur indiquant que la partie vient de reprendre.

- Retournez à votre poste les filles ! nous hurle-t-elle. Vous discuterez plus tard !

C'est ainsi que je suis sauvée. Je n'ai jamais été si contente de jouer un match de basket.

DES NUITS PLUS CLAIRES QUE TOUS VOS JOURS [IS HE A BAD BOY ?]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant