CHAPITRE TRENTE-SIX

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Noël chez Carter 2.0

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Lorsque Carter et moi arrivons au rez-de-chaussée, Brook n'est pas encore là. Mme Evans en revanche nous attend adossée contre l'encadrement de la porte qui doit mener à la cuisine et son mari est confortablement installé dans un fauteuil à parcourir ses mails ou messages sur son téléphone. Il ne prend pas la peine de relever la tête quand nous passons devant lui, absorbé par ses affaires personnelles. Ça commence bien dit donc.

Carter comprend que mon stress remonte, accompagné de mon estomac qui se noue, amenant mon cœur au bord de mes lèvres, quand il sent ma main qu'il tient dans la sienne devenir moite. Il la presse légèrement pour m'encourager avant que je ne la dégage pour aller saluer une nouvelle fois sa mère, laquelle nous toise avec un sourire satisfait et de la chaleur dans les yeux.

— Charles, lâche donc tes affaires pour saluer notre invitée, réprimande-t-elle son mari sur un ton sévère. C'est Noël bon sang ! Tes clients peuvent bien attendre un jour supplémentaire !

A la mention de la dite invitée, a.k.a moi, le père de Carter relève la tête, sa curiosité ayant été suffisamment attisée pour lui faire éteindre son téléphone. C'est bien ce que je me disais, Carter ne les a pas officiellement prévenus de ma venue. Il m'a dit qu'il avait envoyé un SMS à sa mère pour qu'elle ajoute un couvert, mais le message n'a pas dû passer chez tous les membres de la famille.

Un sourire timide sur les lèvres je le salue poliment de loin, ne sachant pas comment réagir ni où me mettre. Il a l'air aussi peu bavard que Violet, ce qui s'annonce compliqué pour la soirée en perspective. Je vois d'où Carter tient son côté distant avec les autres.

— C'est l'amie de Carter, me présente Emily en me désignant de la main. Tu sais, la petite Tanner.

J'ai un mouvement de recul pendant lequel mes sourcils se froncent à la mention de mon nom de famille. Je sais que me présenter ainsi rend les choses plus faciles à situer mais ça ne change rien au fait que je déteste être définie par mon nom plutôt que par la personne que je suis. Ce nom de famille qui me colle à la peau, je le porte comme un fardeau. Je donnerais n'importe quoi pour être normale, ne plus être rattachée à ces gens que je hais au plus au point.

— Cassandra, monsieur, je m'empresse de me présenter à mon tour pour tenter d'atténuer mon nom de famille qui me brûle de l'intérieur.

— Cassandra Tanner, je suis contraint d'avouer que je suis surpris de vous avoir dans mon salon.

Je déteste qu'on me vouvoie mais je n'ose pas le lui dire. Charles Evans est un homme bien plus impressionnant que sa femme. Du haut de son facile mètre quatre-vingt-dix et sa carrure tout aussi imposante, il vous fait perdre vos moyens d'un regard. Ses yeux sont sombres, presque noirs à la lumière artificielle et sa barbe parfaitement taillée lui donne un air sévère. Il a cependant une voix fluette qui ne correspond pas à son apparence. En l'écoutant parler sans l'avoir devant les yeux, on pourrait croire à un gentil monsieur au ventre et joues gonflés, agréable et ouvert. Tout le contraire de l'aspect strict et puissant qu'il est soucieux de faire ressortir.

— Agréablement surpris, juge-t-il bon d'ajouter.

C'est certain qu'avoir la fille de ses concurrents dans son salon, pour reprendre ses termes, est assez inhabituel. J'ignore comment fonctionne le milieu du business, mais je n'ai pas besoin d'avoir fait des études poussées comme Andrew pour comprendre que côtoyer Carter n'est pas la meilleure option que j'ai choisie sur le papier. Heureusement pour nous deux, aucun n'a prévu de reprendre la suite familiale donc ça facilite les choses. Carter se voit dans la police, pas à la tête d'une des plus grandes firmes du pays.

DES NUITS PLUS CLAIRES QUE TOUS VOS JOURS [IS HE A BAD BOY ?]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant