Chapitre 5

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            D'après son enthousiasme, Héméra semblait m'avoir adopter, Cyrène restant distante et suspicieuse tout le long du trajet. Nous avions rejoint un centre de recyclage qui récupéra le stratonef. Ce dernier serait démonté puis réduit à l'état de bouilli par des nanorobots qui le reconstitueraient en lingots avant de les transférer à une usine de montage. Aucune perte de matière, un procédé datant d'avant l'Exile, à une époque où le besoin de ressource se faisait grandissant. Héméra me proposa de rejoindre son relais, lieu de villégiature de tous les maraudeurs de passage. Aillant un mauvais souvenir de ce genre d'endroit, 'ai décliné poliment. Elle ne semblait pas du genre à rester sur un « Non », finalement j'ai promis d'y passer à l'occasion.

Je devais avant tout rencontrer le contact de Hélias. Avec la destruction du conteneur, s'il y avait eu quoi que ce soit d'intéressant, ce truc n'existait plus. Nous nous sommes séparés et j'ai pris la direction d'une station de navette à destination de la ville.

La station, plutôt petite, n'était pas bondée. Une poignée de gens attendait l'arrivée d'une navette. Longue, de forme oblongue, soulevée par de puissants champs anti-gravitationnels, elle s'est posée en douceur sur le quai. Les portes se sont ouvertes, ne laissant que quelques personnes en descendre, probablement la relève des docks et des particuliers. J'ai grimpé à bord puis pris place près d'une fenêtre. Très vite la navette décolla.

Nous n'étions qu'à une certaine distance du sol, à suivre un parcours défini jusqu'à la prochaine station. Sous nos pieds, le défilé de drones était inlassable. Je jetais un œil au loin, en direction de l'escarmouche. Les autorités locales prenaient possession des lieux, grâce à Eve nous étions absent de tout fichier indiquant notre présence là-bas.

Les docks s'avéraient plus étendus en longueur qu'en largeur, le long du Terminal de Lyonesse. La circulation aérienne n'était pas très dense dans cette partie, jusqu'à notre arrivée dans la zone résidentiel baptisée par les locaux « les Faubourgs ». . Du dessus, les Faubourgs formaient un étrange labyrinthe d'avenues semi-enterrées noires de mondes, des dômes devaient se déployer en cas de fortes intempéries, chaque bâtiment faisant la même taille et ne dépassant pas les cinq étages. Les toits formaient un immense dédale vert convergent en direction d'un centre-ville pas si éloigné, d'où les tours étaient visible. Les deux tiers des habitants de la colonie y vivaient

Quatre arrêts plus tard, j'entrais finalement dans le centre-ville. La séparation avec les Faubourgs était assez abrupte. Face à son uniformité , le centre-ville se faisait plaisir.

    Passant d'une architecture régulière à des édifices de toutes tailles et variés. Cosmopolitisme oblige, on retrouvait des gratte-ciel empruntant au baroque aquilan, en passant par la sobriété hégémoniste et  terminant par le chaos unioniste. Tous alliaient modernité et élément rétro, jardins verticaux, terrasses fleuries, larges artères boisées et ponts reliant la plupart des édifices. Chaque tour étant son propre petite ville. Ici, stratonefs officiels, civils et drones en tout genre emplissaient le ciel. Au niveau du sol, publicités holographiques vantaient les mérites de produits locaux ou grandes marques interplanétaires. Difficiles de croire que la Nouvelle-Ys n'eut qu'une trentaine d'années. Avec sa population de près de cinq cent mille habitants, elle demeurait la colonie récente la plus peuplée. 

Quand la navette se posa à son terminus, j'ai poussé un soupir de soulagement, l'habitacle était à présent bondé. En descendant, j'observais ma destination. Une grande place centrale entourée de terrasses aux pieds de bâtiments sûrement administratifs. L'adresse indiquait un édifice plus petit que les autres, en forme de cercle rompu, l'étage le plus haut devait se situer  au centre du bâtiment, puis perdant un étage sur chaque coté jusqu'à rejoindre le sol, les toits couverts de plantes en tout genre. D'après Eve, il s'agissait du siège gouvernemental de Lyonesse. Qui pouvait être mon contact ?

Franchir l'accueil ne fut pas difficile, une charmante hôtesse à l'impressionnante tignasse rouge vif m'a tout de suite indiqué l'étage et le bureau à peine mon identité déclarée. Un androïde secrétaire m'a demandé de patienter. Rare sont les hautes instances à employer du personnel synthétique. À l'heure où tout le monde peut s'en offrir un, posséder du personnel humain est devenu un signe distinctif de richesse et d'influence. Et les androïdes me mettent mal à l'aise. Malgré une apparence et un comportement humain sidérant, rien ne paraît naturel chez eux, tous semblent calculés et mécaniques. Même sans se voyant bleu sur leur tempe droite n'importe qui peut les identifier.

Les portes du bureau se sont ouvertes sur le chapelet d'injures bien fleuries d'une femme. Sûrement de lointaines origines indiennes du fait de sa peau mate et ses longs cheveux bruns presque noires nouées une longue tresse. Elle portait une tenue rose tirant sur le violet et une sorte de long châle autour du cou.  

Chroniques d'EpsilonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant