Chapitre 12

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  Le focus d'Eve s'affolait tandis que je reprenais connaissance. Le sang me montait à la tête alors que le bas était en haut et inversement. Seul le harnais de sécurité m'évitait une mauvaise chute et une nuque brisée. Mon IA me fit un rapport alors que je cherchais une solution. Après une tentative d'évitement des plus catastrophique, nous avions réussi à échapper aux deux ogives en nous écrasant dans l'épaisse jungle du continent. Ce qui expliquait le vert soutenu bien visible par la fenêtre du cockpit. De toute évidence, plus de peur que de mal, du moins en apparence, tout le flanc gauche du vaisseau avait encaissé une partie de l'explosion, détruisant les propulseurs latéraux.
Un grognement m'a rappelé la présence de Cyri. Cette dernière était encore dans les vapes et murmurait des propos dans une langue que mon traducteur eu du mal à reconnaître. Suffisamment proche, je suis parvenu à joindre la maraudeuse du bras et la réveillais d'une petite tape sur le front.
-Qu'est-ce que... mais t'es taré ou quoi ?
Ne prenant pas la peine de lui répondre, du regard, je tentais de lui montrer la situation. Elle comprit enfin.
-Et merde, comment on va faire ?
-Je ne sais pas. Dans la position actuelle, détacher nos harnais sans précaution serait suicidaire. Peut-être qu'en allumant un réacteur et en s'y prenant bien, on pourrait retourner le transporteur.
-On est à quelle distance du sol à ton avis ?
-Je... c'est quoi ce bruit ?
Un craquement sinistre suivit d'un tremblement, traversa le vaisseau. Ce dernier bougea... avant de basculer en arrière, de chuter et de nous arrêter net sans percuter le sol.
-Loin. On était encore loin.
Cette fois, le bas était dans notre dos, une opportunité intéressante se présentait. Eve a confirmé que les circuits internes étaient encore fonctionnels. Nous détachâmes nos harnais. Le voyage jusqu'à la soute ne fut pas une partie de plaisir. Autant le cockpit était petit et la chute fut courte, autant le long couloir de l'espace commun fut un enfer. J'ignore comment nous évitâmes une chute libre jusqu'à la porte de la soute, mais c'est vivant, en sueur et couvert de bleus, que nous l'avons atteint.
Mais un nouveau problème s'est pointé. Notre cargaison obstruait la porte. Sans autre possibilité, Eve l'ouvrit, expédiant notre précieux contenu cinq mètre plus bas. Dans ce qui ressemblait à une petite mare.
-Bon, dis-je assis sur un rebord. Nous ne sommes plus très loin du sol. Aïe !
Profitant de la situation, Cyri m'a asséné un violent taqué.
-C'est ta faute si on est dans cette situation.
-J'ai clairement dit gauche. Et je parlais bien de la tienne, pas de la mienne.
Je ripostais à son attaque.
-EH !! On t'a jamais dit qu'il ne faut pas frapper les femmes ?
-Société égalitaire depuis deux milles ans, quelques soient les critères. Argument plus valable.
Comportement puéril, je sais, mais vue ce qu'on venait de traverser, j'en avais besoin. Elle a tenté une nouvelle attaque. Une série de faux mouvement plus tard, nous chutions. L'atterrissage dans la mare fut douloureux. Et découvris par la même occasion que la fameuse mare n'était qu'une grosse flaque d'eau.
-Je te hais, grogna ma comparse. Merde, j'avais besoin de ça.
-Qu'est ce qui t'arrive ?
-Je crois que je me suis foulée la cheville.
Pour ma part, je n'avais rien. Rien que mes nanites ne puissent réparer elle-même. Mais Cyri semblait encaisser les chocs moins bien que la plupart des gens. Je l'ai rejoint et aidé à ce relever et prendre appui sur mon épaule. Eve a effectué un rapide diagnostic médical.
-C'est bien une foulure. Rien de bien méchant, mais évite de poser ton pied en attendant de trouver une solution. On devait livrer du matos médical, y a bien un truc pourra accélérer la guérison.
-J'espère bien.
Un frottement attira notre attention derrière nous. Un espèce d'oiseau, croisement entre l'ibis et un reptile volant, de petits yeux gris vitreux, une petite collerette sous son « bec », une étrange crête cartilagineuse sur le crâne. Le volatile nous lançait des regards curieux.
-Lepidopteryx à crête, ai-je marmonné.
Enfin, ça y ressemblait, la sienne était plus petite et bleue foncée.
-D'où tu sais ça ?
-Je te rappel qu'on vie sur des planètes pour la grande majorité terraformées par les Premiers. On retrouve parfois des espèces communes sur certains mondes. Et cette bestiole est assez fréquente. S'il est comme ses cousins, il a un instinct de protection très développé.

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