-Alors Mead, on a du mal à suivre ?
Je lançais un regard à mon adversaire. Bien que ma vision se flouait de plus en plus, Yeltsin était toujours bien visible. Une semaine s'était écoulée depuis mon arrivée sur Lyonesse et j'avais fais sa connaissance ainsi que de son associé, Ekko, ainsi que d'autres maraudeurs. Il formait un duo très étrange. Ekko était un homme plutôt grand, athlétique et ses origines extrême-orientales bien visibles. Né sur une station où il avait vécu une bonne partie de sa vie. Jovial et expressif, le genre de personne à qui l'on accorde facilement sa confiance. Yeltsin était tout autre. Cheveux blonds court aux mèches roses, des traits si juvénile et androgyne qu'il était impossible de faire toute distinction sexuée, j'ignore encore s'il est un homme ou une femme, et son timbre de voix ne permettait aucune réponse. Yeltsin pouvait tout autant être une femme à la voix grave ou l'inverse. Peu causant, très renfermé et taciturne, lui arracher un mot revenait de l'exploit. Et puis ils ont parlé de leur dernière acquisition, vodka svaroguite, une bibine faisant passer son ancêtre pour de l'eau distillée. Je ne sais plus comment la discussion a déraillé, mais nous nous retrouvions l'un face à l'autre, à enchaîner les shots, sous les yeux d'un attroupement de maraudeurs pariant à corps et à cris sur le vainqueur.
-Dans tes rêves, Yeltsin.
Je saisissais avec difficulté un autre shooter et j'en bu le contenu d'une traite. Ses frangins m'ayant anesthésié la gorge, je n'ai rien senti, hormis les effets quasi-immédiats de l'alcool. J'alignais le verre avec les autres.
-T'es costaud, je l'admets.
Il a enquillé le suivant sans ciller.
-Mais tu fais pas le poids.
Derrière nous, Ekko leva les yeux au ciel tandis que derrière son bar, Aether nous a lancé un regard consterné. J'avais sous-estimé mon adversaire, pourtant, j'avais survécu à l'alcool artisanal de Suburra, même si la gueule de bois qui suivit dura une semaine.
Ma vision se distordait de plus en plus, lumière et sons se faisant plus agressifs. Et j'éprouvais de grandes difficultés à garder mes pensées cohérentes, même avec l'aide d'Eve.
Je tentais de suivre une dernière fois... pour reprendre connaissance dans ma bave, la tête posée sur le comptoir.
-Alors, on la minable ?
J'ai reconnu Aether au ton sarcastique de sa voix.
-Si ça peut te rassurer, Yeltsin et toi avez perdu connaissance en même temps. Une première d'après Ekko.
J'avais du mal à le suivre, chaque intonation se répercutant dans mon crâne comme un coup de marteau. Et pourquoi la lumière était si forte ?
-On peut éteindre la lumière steuplaît ?
-Elle l'est déjà, bois ça.
Il m'a avancé un verre contenant un liquide bleu.
-Merci, mais j'ai ma dose.
-C'est pour ta gueule de bois.
Je fixais mon verre, puis inhalais le contenu, aucune odeur., puis avalais d'une traite. Un goût aigre, désagréable.
-C'est horrible ton truc. T'as mis quoi dedans ?
-Recette secrète de famille. L'effet devrait vite se faire.
Son truc était immonde mais efficace. Mes maux de tête passèrent de « chantier de construction » à « après-midi bricolage ».
-Ok, c'est efficace, admis-je.
Une silhouette s'est avancée et s'est accoudée a coté de moi. Je reconnu la femme fulminant à la sortie du bureau de Stuyvesant et croisais les doigts pour qu'elle ne ce rappel pas de moi. Elle portait une tenue similaire à notre première rencontre, mais je ne remarquais l'écusson qu'à cet instant. Grande, très fine, de long cheveux noirs noué en longue tresse, un visage ovale et fin et un petit nez aquilin qui lui donné un certain charme, ses traits indiens étaient très évident de près.
-Je cherche quelqu'un pour une expédition extra-muros, lança-t-elle, avec toute l'autorité pompeuse que peut avoir une haute instance de l'Empire, à Aether.
-Et moi, je voudrais un poney, on va être déçu tous les deux.
Il s'est désintéressé d'elle aussitôt.
-Ecoutez-moi bien, je vous interdis de me parler sur ce ton, je peux faire sauter votre licence de maraudeur d'un claquement de doigts.
-D'une, pas besoin d'une licence pour être un maraudeur, et de deux, j'en suis pas un, je me contente de les loger. Mais y'en a un à côté de vous.
Elle a remarqué enfin ma présence.
-Vous, dit-t-elle.
-Moi.
Pitié, qu'elle ne me reconnaisse pas.
-J'ai besoin de vos services.
Ouf.
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Chroniques d'Epsilon
Science FictionCouverture effectuée par WEcover. Encore merci pour leur superbe travail Une galaxie lointaine dans un futur lointain. Mon nom est Dorian Mead, simple maraudeur à votre service. Du moins je croyais pouvoir l'être. Mais mon passé m'a rattrapé, mon me...