Chapitre 7

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  Au diable Aether et sa camelote. L'envie de faire demi-tour, grimper dans la navette et l'étrangler m'a traversé l'esprit plus d'une fois. Ses « armes » s'avéraient juste bonnes à énerver la faune locale. Entre d'étranges salamandres cuirassées à la bouche hérissée de dents, des créatures volantes rapides munies de longs dards avides de notre sang et autre joyeuseté du même genre, cette escapade jusqu'à la mystérieuse colline et nos trouble-fêtes, fut un véritable calvaire. Quand nous sommes arrivés aux pieds de ce massif singulier, nous étions en sueur, couverts de boue, de vase et harcelés par des parasites volants locaux.
D'après l'analyse d'Eve, nos "amis" étaient peu nombreux. Et de toute évidence, la théorie du professeur Chakir semblait se confirmer. Les intrus avaient emmené avec eux du matériel d'excavation de première main, puis creuser à flanc de colline pour ensuite percer le blindage de l'arche enterrée. Leur navette n'était pas loin et seul deux gardes surveillaient l'ouverture. Un type ressemblant à un jeune universitaire et un grand malabar à la tête d'ahurie assis sur ce qui ressemblait à un coffre contenant des affaires privés d'une autre époque. Ce dernier était en pleine lecture, un petit livre de poche relié de cuir, le genre d'ouvrage coûtant une petite fortune sur les marchés légaux et illégaux. Son bon état de conservation ne faisait qu'accentuer le mérite quant aux capacités de conservation du matos de l'époque.
J'ai fait signe à Alisha de garder le silence tandis que nous profitions de l'épaisse végétation pour nous dissimuler. Faisant appel à mes implants auriculaires pour écouter leur conversation.
-Tu lis quoi ? demanda le plus jeune.
-Je sais pas trop, répondit son camarade. Dès fois, on dirait un conte, puis après ça parle de règles et de rituels bizarre et franchement vieillotte et après ça parle de châtiment d'une espèce d'entité toute-puissante bipolaire, un coup sympa, puis qui punit tout le monde.
Son collègue, intrigué, s'est approché pour regarder la couverture.
-C'est une Bible, crétin.
-Une quoi ?
-Un recueil d'une vieille secte qui n'a plus d'adepte aujourd'hui. Quoique les habitants de Scion s'en servent comme base pour leur philosophie de vie, avec deux autres anciens pseudo-livres saints.
-J'aime pas Scion. Ils ont tous un balai dans le cul et ils se croient meilleurs que les autres.
-Je te le fais pas dire. Mais bon, il y a des gens qui payeront une fortune pour en avoir une en si bon état. Surtout, si c'est une vieille édition. Rien qu'avec ça, on pourra payer une partie de la caution de Weston.
Je méditais sur ce dernier point. Voilà ce qui expliquait leur présence ici. Après le grabuge aux docks, Weston, le rival de Hatch, devait écoper d'une sacrée amende. Il fallait trouver un moyen de les écarter. Je préférais éviter le bain de sang, mais nous n'avions aucune arme non-létale sur nous, mais eux si. J'ai entraperçu une arme neutralisante à la ceinture du plus jeune, un simple Hypnos NT23, une arme envoyant un gel anesthésiant capable de traverser n'importe quel textile, des naturels aux microfibres synthétiques. Le hasard de notre côté, ces types n'avaient aucune tech-armures.
J'eus une idée. Alisha n'y crut pas trop, mais nous n'avions pas le choix. Prenant de la terre et m'en couvrant certaines parties du corps, je demandais à Eve de stimuler des zones de mon visage pour créer de fausses coupures et ecchymoses. Boitant légèrement, j'ai entrepris de secouer quelques branchages, ce qui attira leur attention. Parfait. Je suis sorti du fourré, imitant douleur et trouble.
-Qui va là ? demanda le plus jeune alors que leurs armes me braquèrent.
Je balbutiais une réponse d'un air ahuri et choqué, tout en traînant la patte, sur une attaque.
-Merde ! lança son pote. Il a l'air mal au point, tu crois que...
-On a vérifié avant de venir dans ce coin paumé. Y'avait aucune expédition dans le coin.
-On n'est pas censé être là non plus.
Toujours en menaçant de son arme, le jeune a autorisé son pote à venir me chercher tout en m'assurant qu'au moindre faux-pas, ma cervelle recouvrirait le sol. Son pote me rejoint d'un pas peu assuré. J'ai feins de trembler avant de perdre connaissance. Le type m'a rattrapé.
-Euh ! Saif ! On fait quoi ?  

Chroniques d'EpsilonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant