Chapitre 9

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A ma demande, Eve a scanné l'édifice pour connaître l'identité de nos potentiels adversaires. Les Kumiho, reconnaissable au renard à neuf queues tatoué dans la nuque, une des « familles » du Collectif. Les Badlands et l'Espace Civilisé ont un accord tacite, on ne se mêle pas des affaires de l'autre, même s'il devenait caduque avec le temps. D'une coté les Puissances récupéraient du terrain et de l'autre, le Collectif élargissait son business. Je comprenais néanmoins pourquoi ils avaient établis leur QG dans Rouge Alley. Le coin n'était pas réputé pour sa haute surveillance. Mais si les autorités locales apprenaient que l'un des membres du Collectif essayait d'étendre ses tentacules sur leur planète, nul doute qu'il ferait un carnage. La politique de tolérance zéro était commune aux Puissances.

Riggs était dans les étages supérieurs, assez amoché mais bel et bien vivant, un bon point. Il fallait élaborer une stratégie au plus vite. J'ignorais leur réelle intention mais l'installation en cours d'une ansible n'annonçait rien de bon Fait intéressant, un nom revenait souvent dans leur communication, Hanno Henke. Pas besoin d'être un génie pour comprendre qu'il s'agissait de l'identité de l'ancien propriétaire du corps de Riggs. Elle allait payer pour ce type. Prévenir la police serait stupide, on lui collerait une balle entre les yeux avant leur arrivée. C'est le passage d'une synthétique qui me donna une idée.

-Eve. J'ai une question.

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Peu après j'entrais, furieux, dans l'établissement. Secouant au passage le personnel en hurlant :

-Où est Henke ?

J'ai saisi une synthétique par les épaules et lui collais une photo de Riggs sous le nom.

-Toi, la machine, dit moi où est ce type.

L'androïde a cligné des yeux, effet d'une contre mesure l'empêchant de me révéler ses informations mais contactant sûrement son propriétaire. Ce dernier ne tarda pas à poindre son nez.

-Je peux savoir pourquoi vous vous en prenez au matériel ?

-Je cherche quelqu'un que tout indique être dans votre établissement.

Je réaffichais sur mon omnicom l'image de Riggs.

-Ce type.

-Vous vous tr...

-Les scanners à ADN ne se plantent pas. Il est ici. Et si votre « famille » ne veut pas voir son business passer au karcher par les autorités locales, je vous conseille de me l'emmener illico.

-Il vous a fait quoi ?

-Il me doit de l'argent. Un sacré paquet.

Pour toute réponse, il afficha un regard circonspect, a réfléchi à la situation et m'a proposé de le suivre. Nous avons traversé un long couloir au défilé de portes impressionnant. Des murmures de tous sortes en sortaient, du gémissement agréable au cri de douleur atroce. Nous prîmes un ascenseur. Deux étages plus haut, un couloir plus petit et bien moins de portes. C'est en entrant dans un salon privé que j'ai compris que nous étions dans les hautes sphères de l'établissement. Un salon richement décoré aux allures d'Extrême-Orient terrien, de multiples coussins, un vaste lit et pas mal d'accessoires pour différents jeux. Un automate aux allures de geisha servait le thé à deux types peu amicaux. Riggs était là, amoché mais vivant, menotté à une chaise, surpris de me voir. Avant que ses gardes du corps, au nombre de cinq, ne réagissent, je sortais mon arme et lui pointé sur le nez.

-Maintenant, connard, tu vas me dire où est mon pognon ?

Les Kumiho m'ont menacé à leur tour. Leur chef s'est exprimé :

Chroniques d'EpsilonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant