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J'entrai dans le bureau d'Angel, encore chamboulée par l'incident du laboratoire. J'étais préoccupée que, main sur le front, je refermai la porte derrière moi avant même de me rendre compte qu'il se trouvait dans la pièce.

— Tu vas bien ? m'interrogea-t-il d'une voix qui se voulait sans doute inquiète.

Je sursautai légèrement et me retournai vers lui en essayant de retrouver mon sang-froid. Néanmoins, je devinai à l'expression de son visage qu'il savait très bien que ça n'allait pas.

— Oui, mentis-je d'une voix tremblante. Enfin... je crois. Je venais simplement te demander si tu avais quelque chose à boire pour Spike. Il commence à avoir faim, il ne tardera pas à être en état de manque. C'est bien ce qui m'effraie...

Angel ne répondit rien, compatissant dans le silence. Il aurait probablement tout compris sans que j'eusse besoin de lui expliquer. Il alla trifouiller dans un petit réfrigérateur plus ou moins camouflé dans son bureau, et revint avec une poche de sang dans la main.

— Tiens, ça devrait le rassasier pour quelques heures.

— Merci.

J'allai pour partir sans rien ajouter, mais sa voix me retint :

— Tu tiens le coup ?

— Est-ce que j'ai vraiment le choix ? demandais-je en me retournant vers lui, armée d'une mine accablée. En vérité, je me sens impuissante. Plus le temps passe, plus j'ai l'impression de ne plus reconnaître Spike. Rien que d'entrer dans le labo, ça me rend nerveuse.

— Essaie de ne pas le montrer, ça évitera de l'amuser.

— Merci du conseil.

Sur ces mots, je m'empressai de retourner au laboratoire afin de garder un œil sur Spike. S'il y avait bien quelque chose qui m'angoissait plus qu'être en sa présence avec l'appréhension qu'il serait bientôt sans âme, c'était de ne pas être là pour intervenir en cas de danger.

Quand je me retrouvai en face de Spike, ma gorge se resserra douloureusement. Ses sourcils étaient froncés et il me regardait bizarrement. Je songeai avec effroi qu'il avait dû sentir ma nervosité.

— Amour ? Tout va bien ? me demanda-t-il.

— On dirait que tout le monde n'a que cette question à la bouche ce soir, m'étonnais-je.

— Peut-être parce que tu n'as pas l'air d'aller bien ?

C'est officiel. Il l'a senti, pensais-je.

— Non, tout va très bien.

Je retirai le débardeur qui me manifestait d'énormes bouffées de chaleur, et m'approchai de Spike davantage afin de détacher quelques chaînes qui retenaient le haut de son corps. Je voulais qu'il ait au moins la possibilité de se redresser pour se nourrir. J'attrapai la poche de sang avant de la mettre à la portée des lèvres de Spike. Je n'eus pas le temps de me préparer que son visage se transforma et sa bouche s'empara de la pellicule en plastique, la perçant de ses dents. Il se mit alors à boire avec hargne, comme un animal affamé. Les bruits de son ingurgitation me provoquèrent une nausée immédiate, bien que j'eusse passé de longues secondes à le fixer, incapable de m'en empêcher. Je finis par détourner les yeux, espérant qu'il avale le tout le plus vite possible.

À peine deux minutes plus tard, il l'avait entièrement vidé. Cela m'inquiétait et me signalait que sa faim était plus significative que d'habitude. Je lui essuyai la bouche à l'aide d'un linge humide et envoyai la poche de sang aux poubelles dans un soupir de dégoût.

— Merci, fit Spike d'une voix qui sonnait désolée. Je sais que tu détestes ça.

— Ça ne fait rien, répondis-je avant de me rassoir à ses côtés. Ça t'a rassasié au moins ?

— Si on veut. Ce n'est pas ton sang.

À la prononciation de ces mots, il me crut percevoir une noirceur apparaître dans les yeux de Spike. Je baissai la tête en essayant de chasser cette image de mon esprit.

— Puisqu'on en parle... On n'aurait jamais dû commencer ça.

— Quoi donc ?

— Te laisser boire mon sang.

— Ça ne m'a jamais déplu.

— Je le sais bien ça ! rétorquais-je en levant les yeux au ciel. Mais tu ne peux pas nier que pour l'instant, ça n'a causé que des problèmes. Tu as commencé à être en état de manque de manière régulière. La preuve, tu as attaqué un homme l'autre soir.

Spike me lança un regard rempli d'incompréhension, comme si mon discours n'avait pas de sens. Peut-être avait-il l'impression que je remettais mon consentement en cause ? Je n'en savais rien. Mais je voyais bien que mes mots le froissaient.

— Le sang humain et le sang d'une Tueuse, ce n'est pas la même chose.

— Je ne suis qu'un trophée grotesque. Je reste une humaine avant tout. Il n'y a pas de différence.

— Il y a une énorme différence, poussin. D'ailleurs, il va falloir qu'on en parle...

Conséquences - Partie 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant