Conséquences - Partie 2

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(point de vue de Spike)

J'étais sur le point de succomber à la fatigue lorsqu'une douleur m'attaqua directement à la poitrine. Je voulus me palper le haut du corps avant que mes liens me rappellent que cela m'était impossible, m'arrachant un grognement énervé.

Mon âme s'envole ? me demandais-je. C'est bien ça qu'il se passe ?

Je tentai de me redresser, mais les chaînes me retenaient toujours fermement à cette stupide civière dans ce labo à la con. Après maintes tentatives, je me résignai et me laissai retomber sur le dos afin de reprendre mon souffle qui n'existait pas. À chaque fois que j'avais le malheur d'inspirer de l'air, je sentais le démon en moi s'impatienter à l'idée de voir le monde. Je l'imaginais attendre, prêt à bondir à tout moment pour s'extirper de moi.

Une fois mes paupières de nouveau fermées, je sentis une main caresser mon visage. Buffy ? J'ouvris alors les yeux afin de m'en assurer, et j'aperçus ma reine : Drusilla et son teint toujours aussi pâle. Ses yeux bleutés et ses lèvres minces et pleines à la fois. Sa robe rouge et ses cheveux bouclés, dont la moitié était ramenée en toque au-dessus de son crâne.

— Bonsoir mon cruel, tendre... William.

Je tentai de hurler afin d'attirer l'attention de quiconque se trouverait à proximité du laboratoire, mais la beauté qui m'avait engendré un siècle auparavant me bâillonna de sa main. Soudain, le monstre se libéra de sa cage. Je perdis le contrôle, et à partir de là, je ne fus plus au fait de rien. Si ce ne fut ma dernière pensée que je dédiai à Buffy.

B

J'avais quitté le laboratoire afin d'aller me chercher un petit encas dans la cuisine de chez Wolfram & Hart. Angel m'avait donné la permission d'y aller à ma guise pour me nourrir, évidemment, mais aussi pour récupérer des poches de sang pour Spike.

En entrant dans la minuscule pièce simplement équipée d'un réfrigérateur, d'un micro-ondes et d'une petite cuisinière portative, je tombai sur Dawn. Elle était en train de brasser un mélange à pancake avec détermination. En m'apercevant, elle demanda :

— Spike est toujours civilisé ?

— Pour l'instant. Je redoute le moment où tout va se gâter. Ça va être une belle cata ici.

Je me faufilai derrière elle et volai un des morceaux de fraises qu'elle avait découpés et mis dans un bol.

— Tu as faim ?

— Je suis affamée, mais je ne peux pas me permettre de quitter le labo trop longtemps pour faire à manger, expliquais-je avant de reprendre une autre bouchée de fruit rouge. D'ailleurs, pendant que j'y pense, Spike doit être affamé...

— J'allais faire des pancakes si jamais ça te dit, ajouta Dawn avant de se mettre à rire soudainement. En fait, non. J'avais l'intention de faire croire à Angel que je ne savais pas comment faire pour savoir s'il était capable. Après cent ans d'existence, il doit bien savoir comment préparer des pancakes, non ?

Je retins un rire lorsque je remarquai celui-ci entrer dans la pièce avec une expression un peu semblable à la mienne. Il avait tout entendu. Perdu pour perdu, je regardai ma petite sœur en répondant :

— Tu n'as qu'à lui demander.

Sur le coup, elle ne réalisa pas le traquenard qui lui pendait au nez. Du moins, jusqu'à temps qu'elle remarque mon expression amusée. Elle se retourna et découvrit Angel, planté derrière elle. Elle se mit à bafouiller, morte de honte.

— Pour répondre à ta question, oui, je sais faire des pancakes, mais je ne peux pas te promettre que ce seront les meilleurs que tu n'auras jamais mangés, se défendit Angel. Tu préfères peut-être une poche de sang à la place ?

Il lui tendit le paquet d'hémoglobines et Dawn déclina en grimaçant :

— Non, ça va aller. Ew...

— Moi je la veux bien, intervenais-je. Pour Spike.

— J'espère bien que c'est pour Spike, sinon je risquerai de me poser des questions.

J'attrapai la poche de sang en lui échangeant un sourire amusé et disposai. Je me rendis à l'autre bout du couloir et je me décomposai sur place en remarquant que la porte du laboratoire était désormais entrouverte. Seigneur, non. Par pitié, ne me dites pas qu'il s'est enfui !

Je me précipitai dans la salle où se trouvait Spike et le trouvai tout de suite. Cependant, je ne fus pas plus rassurée, car il n'était plus attaché. Il était debout devant moi et tenait Drusilla dans ses bras. Son visage humain était manquant.

— Tueuse ! m'appela-t-il.

Aussitôt, je fis ce qu'il m'avait demandé quelques heures plus tôt, j'adoptai l'expression la plus froide et neutre possible. De toute façon, mon instinct de Tueuse avait déjà pris le dessus sur tout le reste. Je sortis alors le pieu en bois que je cachais dans ma jambière. Ce geste eut pour effet d'amuser Spike, ce qui ne m'étonna pas.

— Fais attention avec ça, Tueuse. Je ne voudrais pas que tu te casses un ongle.

— Je n'ai jamais été du genre à me faire les ongles.

— Parfait...

Tout à coup, il me chargea à une vitesse phénoménale. Ce qui déclencha une peur intense en moi, car pour la première fois, je perdais mes moyens. Je tenais mon pieu mollement et mes jambes tremblaient. Malgré tout, je me devais de garder une attitude assurée.

Je lui flanquai une première droite, puis une gauche suivie aussitôt, question de l'affaiblir. Quand il fut un peu plus sonné, je le poussai de mon chemin et fonçai sur Drusilla dans l'intention d'en finir une bonne fois pour toute avec elle. Mon plan B était de la prendre en otage afin de marchander avec Spike le temps que du renfort arrive et le capture de nouveau. Il était hors de question qu'il mette un pied en dehors du laboratoire.

Tandis que je prenais mon élan pour planter mon pieu dans le cœur de la brune, Spike m'attrapa à l'épaule et me retourna vers lui d'une telle dureté que je gloussai de surprise. Puis, il me casa un coup de poing si bien calculé, si bien placé et si puissant que je m'effondrai sur le sol. Mes oreilles se mirent à être victimes d'acouphènes bruyants, me déstabilisant complètement.

Alors que les seules forces qu'il me restait me donnèrent la possibilité de relever la tête, je vis Angel et Alex entrer. Et là, je devinai ce qu'il allait se passer.

— Non... ! tentais-je de crier.

Tel que je l'avais anticipé, le fait que je sois à terre les inquiéta et donc, ils n'eurent pas le réflexe d'arrêter Spike et Drusilla dans leur ascension dans le couloir. Angel et mon meilleur ami se précipitèrent vers moi afin de vérifier mon état. Je voulais, j'essayais de leur hurler de ne pas laisser Spike s'échapper, mais je tombai dans les vapes avant de pouvoir le faire.