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— Il faut bien que quelqu'un lui parle ! m'écriais-je avec hystérie. On ne peut pas simplement arrêter de la soutenir sous prétexte que le grand Conseil des imbéciles a décidé de lui faire passer un test débile !

Alex qui m'écoutait parler de ma sœur sans répondre depuis de longues minutes, se mit soudain à rire nerveusement.

— Tu es au courant que ce grand Conseil en question nous écoute peut-être jour et nuit ?

— Je n'en ai rien à cirer !

— Dawn ! me réprimanda-t-il.

— C'est bon, c'est bon ! De toute façon, ils ne peuvent rien contre nous puisque nous ne faisons rien pour l'aider ! Personne ne fait jamais rien depuis qu'on est dans cet hôtel minable.

En constatant qu'Alex n'avait sans doute rien d'intelligent ou de constructif à ajouter, je soupirai. Je lui fis volte-face et me mise en route pour ma chambre, le laissant seul dans la salle à manger.

— N'oublie pas ! Si tu vois quelque chose, tu...

— Je sais ! le coupais-je d'un ton insupporté. Je pousse de grands cris hystériques pour être certaine que Spike me tranche la jugulaire ! Merci Alex !

— Oui et merci à toi de m'avoir donné la merveilleuse opportunité de ne plus jamais pouvoir dormir tranquille !

J'entrai dans ma chambre située au bout du couloir et claquai la porte derrière moi. Cependant, je n'eus pas l'occasion de faire un pas en direction de mon lit que je remarquai que quelque chose clochait : ma fenêtre était ouverte. La pièce s'était refroidie et le vent faisait voler les rideaux dans tous les sens. C'était une scène digne d'un film d'horreur que les adolescents de mon âge regardaient les vendredis soir pour se procurer une bonne dose d'adrénaline.

Mon cœur se serra, pourtant, la peur n'arriva pas tout de suite. Je m'empressai de me rendre au niveau de la fenêtre afin de refermer les volets. Et au moment où je pris une grande inspiration, un bruit métallique retenti derrière moi et je me retournai en un sursaut. C'était Spike, armé de son briquet argenté avec lequel il s'allumait une cigarette. D'où le bruit qui m'avait alertée.

— Je suis trop poétique pour me contenter de te couper la jugulaire, Globule, déclara-t-il après avoir tiré une première latte.

Je n'éprouvai toujours aucune crainte. Je savais que Spike ne me tuerait pas, ça aurait été trop facile.

Il rangea son briquet dans la poche de son manteau de cuir et s'avança vers moi avec une démarche de prédateur. Malgré ma tentative courageuse de rester droite face à lui, je reculai d'un pas.

— Qu'est-ce... Qu'est-ce que tu me veux ?

Il ne répondit pas, se contentant de contracter la mâchoire en lâchant un petit rire de gorge. Un rire qui frustre à entendre. Il me contourna et rouvrit les volets en se décidant enfin à parler :

— Pourquoi fermes-tu les volets ? Ça serait triste que ton parfum soit camouflé par l'odeur de cigarette...

— Moi, je crois plutôt que c'est pour que personne ne sache que tu es venu fouiner par ici.

— Oh, tu marques un point ! rigola-t-il. Tu es si maligne...

Je restai silencieuse, ne le quittant pas des yeux. Il me fixait aussi, mais d'un œil amusé, comme s'il cherchait à m'intimider. Ce qui était le cas. Pourtant, il ne tarda pas à afficher une mine un peu plus basse et sa prochaine question me fit comprendre la raison de la soudaine tristesse sur son visage.

— Comment va ta sœur ?

Quel bon acteur, pensais-je.

— Elle va très bien, répliquais-je d'une voix ferme.

— Ce n'est pas bien de mentir, Globule.

— Si tu veux vraiment le savoir, je n'en sais rien. Elle ne nous parle jamais. Tu dois être bien placé pour le savoir, toi.

Il leva les yeux au ciel, mais je n'arrivai pas à savoir s'il s'agissait d'indifférence.

— Tu lui manques, tu sais ? ajoutais-je.

— Ne t'en fait plus pour ça, Globule, répondit-il avant de lancer sa cigarette par la fenêtre. J'irai bientôt la voir...

— Et moi ? Pourquoi tu viens me voir ?

— Tes beaux yeux et ton air innocent me manquait, il faut croire... (J'allai pour m'énerver, mais il me coupa la parole avant.) Par ailleurs, pas un mot sur ma visite de ce soir. Considère ça comme une petite alliance entre nous, comme notre petit secret...

Je restai là, à me demander si obéir à sa demande était une bonne idée. Mais alors qu'il s'apprêtait à sortir par la fenêtre, j'osai lui poser une question :

— Et moi, qu'est-ce que j'y gagne ?

Il s'approcha de moi et à mon oreille, il chuchota :

— L'opportunité de rester en vie.

Conséquences - Partie 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant