A poney

Chapitre 15 - Partie 2 : Confiance retrouvée

       

Vivaldi est en forme. Et aux ordres. Je lui demande ce que je veux, il me le donne. Je l'ai rarement eu aussi bien.

Le but de ce tour, c'est le sans-faute. Si j'ai un compteur vierge, je vais au barrage. Et c'est au barrage qu'il faudra tout donner.

Je laisse Vivaldi souffler cinq minutes, et je le remets en route deux cavaliers avant d'aller en piste. On est très peu sur le paddock. Je finis définitivement ma détente, et je m'arrête pour discuter avec un cavalier que j'apprécie. Thomas est un cavalier vraiment sympa, avec qui on peut s'éclater en soirée. Sur certains gros concours, on s'est retrouvés dans les mêmes soirées, et on a bien déconné. Je sais que c'est aussi un pote à Jordan, d'ailleurs on se moque de lui en le voyant stresser.

« Il stresse pour toi ? Me demande Thomas.

-          Il faut croire, je crois qu'il stresse plus que moi en fait, me moquais-je.

-          En effet ! Vous ne vous parliez pas avant Lamotte nan ?

-          Nan, on ne se parlait pas. On ne s'intéressait pas vraiment l'un à l'autre.

-          Vous avez loupé quelques années alors, ça fait un moment que je le côtoie sur les terrains, et toi aussi. C'est dommage de ne pas avoir fait connaissance plus tôt. »

Il est appelé en piste, on doit mettre fin à notre conversation. Je ressaute un vertical avant d'être appelée à la porte. Je me remémore mon parcours pendant celui de Thomas. Il est sans-faute, et il va au barrage. Je le croise en entrant en piste.

« Essaie de faire mieux, me glisse-t-il. »

Je laisse échapper un sourire avant de me reconcentrer. La cloche sonne, Vivaldi essaie d'office de partir. Mais je prends mon temps pour faire un départ dans le calme. Cause perdue, Vivaldi m'arrache les rênes et part à fond. D'accord, il a envie de gagner et il est encore plein de ressources, mais j'aimerais l'économiser pour le barrage, si barrage il y a.

« Et maintenant notre avant-dernier couple. Les écuries Nolan nous présentent Vivaldi de Mel, sous la selle de Camille Nolan. Ce couple remporte la Vitesse hier, nous espérons les voir faire aussi bien aujourd'hui. Allez Camille, et allez Vivaldi ! »

Il n'en faut pas plus, Vivaldi saute le premier obstacle avec une facilité exemplaire. Je suis persuadée qu'il se laisse même un peu de marge. Les difficultés s'enchaînent. Là où tous les chevaux normaux se reculent devant le mur, lui se grandit juste, et fait un énorme saut au-dessus, sans aucune hésitation.

« C'est bien Vivi. »

J'aborde le triple. Ils nous ont laissés exactement le même triple, toujours en numéro 11. Ils ont changé tout le tour, sauf cette partie-là. Je reprends le contrôle sur mon gris, qui s'y jetterait la tête la première si je n'étais pas là pour le retenir. Je parviens à l'équilibrer sans le freiner, afin qu'il ait assez de puissance pour couvrir les deux oxer, mais sans se prendre le vertical comme Tahoma tout à l'heure.

Le triple passe sans grande difficulté, j'assure mon dernier obstacle, un oxer bien large,  et je suis sans faute. Jingle, galop à fond, caresses.

« C'est un sans-faute dans le temps pour notre couple victorieux hier ! Nous les reverrons donc au barrage ! »

Je sors de piste pendant qu'ils donnent le départ au dernier cavalier de l'épreuve. Je confie Vivaldi à Jordan pour qu'il le marche activement, qu'il le fasse boire un peu, le temps que j'aille voir mon barrage. On est deux barragistes seulement, Thomas et moi. Le dernier cavalier de l'épreuve fait tomber une barre mais s'assurer une très belle quatrième place.