La déception est encore là, même deux semaines après la fin des championnats. J'ai vu Charline partir aux Europe avec Nothing, plus heureuse que jamais. Ils sont revenus avec la médaille d'argent par équipe, et une médaille de bronze en individuel. Vous imaginez bien qu'après ça, on a fait la fête comme jamais à son retour.
Je n'ai plus eu de nouvelles de Jordan depuis les championnats. Des rumeurs disaient qu'il était parti de chez son père, mais son cas a été bien vite oublié avec l'approche des Championnats d'Europe Poney.
Vivaldi a été mis au repos pendant deux semaines, ce qui m'a évité de penser au coup qu'il m'a fait. Mais aujourd'hui, on a décidé qu'on reprendrait le travail par un trotting. On va y aller doucement, mais il va falloir y aller quand même. Après deux semaines à ne faire que du pré et des balades, Monsieur Vivaldi a perdu un peu en forme.
Mes parents me cachent quelque chose. Je ne sais pas quoi, mais ils me cachent quelque chose. Je les ai entendu parler de tribunal la semaine dernière, mais je ne sais pas pourquoi. Je ne sais pas ce qu'il se passe, et ça m'inquiète. J'ai essayé de questionner ma mère et mon père, mais rien à faire, ils ne lâchent rien. Ma sœur quant à elle, n'est au courant de rien.
Je suis en train de préparer Vivaldi pour partir quand j'entends du bruit dans la cour. La chienne de la famille, Anya, se met à aboyer. Elle a beau être une adorable Golden, elle aboie un peu trop à mon goût.
« Anya ! Ferme là ! »
Je sors de l'écurie pour voir après qui elle gueule. La voiture de mon père. Il croise mon regard, et paraît surpris.
« Tu n'es pas encore partie ?
- Nan, j'allais y aller là.
- Oh. »
Je ne comprends pas pourquoi Anya lui aboie dessus. S'il y a bien deux personnes sur qui elle n'aboie pas, c'est lui et moi. Mais à mieux regarder, elle se dirige vers la portière passager, que mon père me cache.
Je hausse les épaules, et retourne dans l'écurie. Je leur parlerais de leur comportement étrange ce soir. Pour le moment, je vais aller me détendre en trotting.
A peine à cheval, Vivaldi s'agite déjà. Ce n'est pas de la nervosité, c'est de l'impatience. Si certains poneys adorent leurs vacances, lui ne demande qu'à travailler. Quand je remonte sur mes rennes, j'ai l'agréable sensation de n'avoir rien perdu. J'ai mis une paire d'éperons et j'ai pris un stick de dressage pour qu'il ait des allures actives et qu'il ne flemmarde pas sous prétexte que je ne les ai pas.
Je connais les chemins du coin par cœur. La balade que je préfère est celle de deux heures, qui finit dans le gué qui est à cinq minutes à cheval des écuries. C'est toujours un bon moment de détente après un long trotting.
Je commence au pas très actif. Je veux qu'il se serve des muscles de son dos et de ses postérieurs pour avancer. C'était son plus grand défaut quand il est arrivé, il était lent parce qu'il ne se servait pas de son dos. Mais à force de persévérance et de travail de la part de ma sœur, il est parvenu à tout utiliser pour se déplacer. Et il est beaucoup mieux maintenant.
Je suis tellement dans mes pensées que je ne fais pas attention à la voiture de mon père quand je passe devant. Je siffle Anya pour qu'elle me suive. Elle adore partir avec moi en trotting, même lors de nos longues galopades. Elle nous suit, en marchant tranquillement derrière nous. Je jette régulièrement un œil sur elle, mais je sais qu'elle ne me perdra pas.
Je repense à mes championnats. Je pensais que me remettre définitivement à cheval sur Vivaldi me rappellerait de mauvais souvenirs, mais c'est tout le contraire. Je repense à ses deux magnifiques tours qu'il m'a donnés lors des deux premières étapes. J'essaie de ne plus penser à la déception de la finale. Après tout, quand Vivaldi ne veut pas, Vivaldi n'y va pas.
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A poney
Roman pour AdolescentsEtre cavalier de Grand Prix à poney, à 15 ans, c'est être plongé dans un monde qui fait rêver. A nos années poneys, à nos meilleures années. Photos de couverture : Valentine Delaveau et Si Jolly des Ifs (photo prise par mes soins)