A poney

Chapitre 18 : Pas si bien cachés

« Je te l'avais dit, j'ai toujours raison ! »

Bien qu'on soit au téléphone, j'imagine très bien Cha' faire une danse de la joie. Je viens de lui raconter que j'ai passé toute la fin de l'après-midi dans les bras de Jordan, isolés au fond d'un pré. On a failli se faire surprendre par Edward qui venait nous dire de rentrer les poneys. A vrai dire, je le soupçonne de nous avoir vus et de nous couvrir.

Cette nuit je suis allée me coucher de très bonne humeur. Je ne sais pas si nous sommes vraiment ensembles, mais une chose est sûre, je ne supporterais pas qu'il aille voir ailleurs.

« Je suis vraiment contente pour toi, me dit Charline en me sortant de mes pensées.

- Dit, tu penses pouvoir venir à la maison la semaine prochaine ?

- Nan, ma mère ne voudra jamais. C'est la rentrée dans deux semaines. En plus il y a la TDA de Niort le week-end juste après la rentrée alors je n'ai pas intérêt à sortir avant.

- Tu vas à Niort toi ? Ca fait loin.

- Ouais, mais il faut qu'on active dès maintenant les tournées des as, et puis faut que Nothing s'y remette. Et maintenant j'ai Roméo aussi. Il faut que ça sorte tout ce petit monde. Vous venez vous ?

- Je ne sais pas, j'en parlerais à mon père. Je ne sais pas s'il va vouloir. En plus il ne faut pas trop qu'on tarde à bosser sérieusement Sunshine si on veut commencer les Cycles classiques l'année prochaine.

- Allez, négociez et venez avec vos quatre poneys !

- J'adorerais. Si je veux réussi à le convaincre, il faut que Vanon passe les murs. Sinon ça ne sert à rien de l'emmener si c'est pour qu'il se plante.

- Tu veux une motivation ? On s'organise une bonne soirée le samedi soir avec Thomas et toute la bande. On se revoit à Niort. »

Et elle raccroche. Ok, il faut vraiment que je négocie. On n'a eu aucune soirée au Sologn', il faut qu'on se rattrape. Je me lève de mon lit. Avant de sortir de ma chambre, j'écoute pour savoir si mes parents sont partis se coucher. Il est minuit, normalement ils devraient dormir. Aucun bruit, je sors en silence.

Je me dirige à pas de loup vers la chambre de Jordan. Je ne toque pas, ça ferait trop de bruit. J'entre tout doucement, il ne m'entend pas car il ne bouge pas. Ou alors il dort. Non, il est sur son téléphone. En regardant mieux, il a ses écouteurs. Je m'avance tout doucement, et je monte dans son lit, dans son dos.

Le bond qu'il fait m'oblige à retenir un fou rire. Le regard qu'il me lance fait froid dans le dos, mais je rigole quand même face à sa tête. Il s'apprête à parler, mais je lui fais signe de se taire. Il ne faut pas que mon père sache que je l'ai rejoint dans sa chambre.

Il enlève enfin ses écouteurs pour se mettre à chuchoter.

« Qu'est-ce que tu fous la ?

- J'ai besoin de toi, il faut convaincre mon père d'aller à la TDA de Niort.

- Niort ? Mais c'est loin !

- Pas tant que ça.

- Pourquoi tu veux à tout prix y aller ?

- Déjà parce que j'ai des chevaux à sortir, mais aussi parce que j'ai une meilleure amie à revoir, et surtout parce que... il y a une soirée entre cavaliers samedi soir. Il y aura Thomas et toute la bande ! »

Il me regarde sans dire un mot. Je lui fais une tête de chien battu, et il finit par parler.

« Pourquoi ton père ne voudrait pas y aller ?