Ils sont là, ils sont venus chercher Tahoma. Ils discutent avec mon père, pendant que je lui mets les protections de transport qu'ils ont amenées. Je fais un dernier câlin à ma ponette.Je prends mon téléphone, et je prends une jolie photo d'elle. Je la mets sur Insta, en noir et blanc, avec mon seul commentaire « Bonne continuation ma Tayo... », avec un cœur. Je sais que ça va faire réagir, que je vais avoir le droit à de nombreuses questions. Et ça ne tarde pas.
Un compte d'actualité sur les poneys de CSO me contacte pour en savoir plus. Je fais un bref message comme quoi elle a été vendu, je n'en explique pas les raisons. Je dis juste chez qui elle va, et je n'oublie pas de laisser un petit message de bonne chance pour la suite.
Charline m'envoie un message.
« Ils sont là ?
- Je vais aller l'embarquer, ça y est, elle s'en va. »
J'essaie de me montrer forte. Le père et la fille vienne aux écuries quand je m'apprête à la sortir. La petite est contente de la voir, et elle lui fait plein de câlins et de bisous. Au moins, Tahoma va dans une écurie où elle sera aimée et chouchoutée. Je n'aurais pas supporté qu'elle parte dans une usine à chevaux.
« Courage, m'envoie Charline. »
Je ne lui réponds pas, je n'en ai pas la force.
Je vais embarquer la ponette dans leur van, parce que c'est mon dernier contact avec elle, et je tenais à le faire. Je ne pensais pas pouvoir autant m'attacher à un autre poney que Vivaldi. Et pourtant, c'est chose faite. Elle me manquera, vous pouvez en être sûr. La petite vient me voir.
« Elle va te manquer ?
- Oui, beaucoup.
- Tu pourras venir la voir quand tu veux, et même si tu veux la monter un jour, tu peux venir. »
Ça me touche venant de sa part. Je lui fais mon plus beau sourire et je la remercie.
« Dit à tes parents de me contacter pour ton premier concours avec elle. Je viendrais vous voir. »
Elle sourit, et s'en va rejoindre son père. Elle s'empresse de lui répéter, et mon père me regarde en souriant. Il est fier de moi. On remonte le pont, on ferme la porte avant, et c'est fini. Il faut la laisser s'en aller. Après une dernière poignée demain, le père et la fille remontent en voiture, et ils s'en vont.
Je soupire quand je les vois partir. Il faut que j'aille m'aérer l'esprit, que je reste seule un moment. Alors je vais chercher Vivaldi, qui a déjà travaillé, et je pars pour une balade au pas, à cru. Je pleure sur le chemin, parce que ça me fait mal. Même si je sais qu'elle ne sera jamais loin, ça ne sera plus jamais comme avant. Je ne l'emmènerais plus en concours, elle ne me fera plus sourire en plein milieu d'un parcours. Tout ça, c'est fini.
Mais j'espère qu'elle me fera à nouveau sourire quand j'irais la voir en concours, avec sa nouvelle petite cavalière. J'espère qu'elle l'emmènera loin, et j'espère du fond du cœur qu'elle sera bien là-bas. Quand je rentre, je reçois une photo sur Messenger. Je regarde, et je vois Tahoma dans son nouveau box. Le père de la petite m'a envoyé ce message, et ça me rend heureuse de savoir qu'elle est tombée chez des gens bien.
Je ramène Vivaldi au box, et je reste un peu dans son box, à l'observer. Le départ de Tahoma me fait de la peine, mais s'il y a bien un départ que je ne vais pas savoir gérer, c'est celui de Vivaldi. Je ne sais pas ce qu'on va en faire quand je ne pourrais plus sortir à poney. On ne va pas garder un poney de cette valeur dans une écurie, à rien faire. Il va falloir le louer, ou pire, le vendre lui aussi. Et ça, ça va être insurmontable.
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A poney
Roman pour AdolescentsEtre cavalier de Grand Prix à poney, à 15 ans, c'est être plongé dans un monde qui fait rêver. A nos années poneys, à nos meilleures années. Photos de couverture : Valentine Delaveau et Si Jolly des Ifs (photo prise par mes soins)