Chapitre 18

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Les quais étaient bondés. Tous les salariés et lycéens qui prenaient le train de bon matin étaient rassemblés dans la gare. Un brouhaha incessant de voix lui transperçait les oreilles, et tous ceux qui le bousculaient sans même prendre la peine de s'excuser, car trop pressés par le temps, l'agaçaient au plus haut point.

Erwin lui avait pris un billet trop tard, et son train était celui de l'heure de pointe... Déjà qu'il n'aimait pas se retrouver encerclé dans les foules, maintenant il en avait presque la nausée. Les gens qui le collaient n'étaient certainement pas propres, du moins pas autant que lui si disait-il alors qu'un haut-le-coeur le prit. Et même si les stations étaient nettoyées régulièrement, Levi redoutait la crasse et la poussière qu'il pourrait y trouver.

Encore quelques minutes d'attente avant l'arrivée de son train. La foule autour de lui devenait plus épaisse et s'était soudain rassemblée prestement sur le bord du quai. Le brouhaha s'était un peu tût. Le tube métallique entra en la gare à grande vitesse et freina sur plusieurs mètres avant de s'arrêter. Les portes s'ouvrirent sur un flot de passagers qui se rua hors et dans les wagons, engageant une sorte de lutte pour entrer ou sortir du train. Levi porta son attention sur le numéro de la porte qui se trouvait devant lui, ce n'était malheureusement pas la bonne. Il remonta en tête de train vers les plus petits chiffres et s'engouffra dans le wagon, cherchant sa place par coups d'œil rapides.

Une femme accompagnée de deux enfants s'assirent sur les sièges voisins au sien. Le premier petit, certainement le plus jeune des deux, hurla d'un seul coup, sans savoir pourquoi et sa mère ne lui sortit qu'un simplement "chuuut" en guise de réprimande. Le trajet allait être des plus agréables, s'enquit Levi.

Au bout d'une demi-heure à supporter les braillements insupportables des gosses, Levi tourna la tête vers la petite famille, un regard empli de haine sur la mère. Évidemment elle ne le vit pas, bien trop occupée avec ses chut qui ne marchaient pas le moins du monde. L'enfant hurla une nouvelle fois, et c'en fut trop pour l'homme au tempérament électrique.

Il se leva brusquement, bien trop agacé pour être délicat, et attrapa l'enfant, le soulevant par le bras. La mère, effarée, cria à son tour quelque chose d'incompréhensible, du genre "reposez mon bébé !" mais Levi n'en eut que faire et lui lança de nouveau un regard meurtrier. Elle frissonna, l'enfant hurlant toujours à plein poumons.

" Écoute moi bien gosse de merde, ça fait une putain de demi-heure que je te supporte alors à partir de maintenant j'aimerai finir mon trajet tranquille. sa voix était froide et énervée, posée et calme, trop calme. Tu vas te la fermer ou je te jette par la fenêtre et on aura tous la paix ici. Alors maintenant t'as intérêt à fermer ta grande gueule de brailleur. Et vous, apprenez à tenir vos enfants. "

Il reposa l'enfant dorénavant calme, sanglotant en silence, effrayé par Levi. Quelques personnes dans le train lui sourirent, comme un remerciement silencieux, pendant que d'autres le regardait, ébranlé par la violence de ses mots, et il se rassit, croisant les bras et les jambes, la tête tournée vers la fenêtre. Le paysage défilait à une vitesse hallucinante. Arbres et immeubles se confondaient presque. Le reste du voyage se passa dans le plus grand calme, personne n'osant faire trop de bruit de peur de recevoir le courroux du Pianiste.

Sonate Pour DeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant