Une fin d'année entre amis

20/ Solange

Je me demande si je dois rester ou partir alors qu'il se douche. J'en ai terriblement envie aussi, mais je sais qu'en allant sous le jet d'eau avec lui, mon désir reviendra. Cela fait longtemps que je n'avais pas autant eu envie de quelqu'un. William a toujours été l'homme de ma vie. Je me tourne pour observer la porte qui donne sur le couloir. Si je me lève maintenant, que je franchis la porte et que je rejoins ma chambre, je pourrais me dire que tout cela n'était rien. Juste une partie de jambe en l'air en souvenir du bon vieux temps... alors que si je reste... cela voudra dire bien plus.

Trop tard, l'eau ne coule plus, William va revenir. Il entre dans la pièce avec uniquement une serviette autour de la taille. Il me regarde, je peux voir dans son comportement qu'il s'attendait à ce que je sois parti. Sauf que je suis toujours là. Toujours. Alors que lui... Je me lève en claudiquant et prends sa place. Pendant que l'eau coule sur mon corps lavant toute trace de nos ébats, je m'attends à ce qu'il me rejoigne, mais il ne le fait pas. Je m'observe dans la glace une fois sec. Que m'a-t-il pris ? Pourquoi suis-je venu ? Je connais la réponse. J'y ai réfléchi de longues heures en attendant qu'il remonte. J'en avais envie. Tellement envie. Le simple baiser échangé sous le gui a fait remonter tellement de choses à la surface. Ces quelques jours en fait ont tout fait remonter. William, les souvenirs, notre couple, nous... Je ne peux empêcher mon cœur de battre pour lui. Alors j'ai fait le pas. Ce que j'aurai dû faire lorsqu'il est parti. Aller vers lui, passer une merveilleuse nuit en sa compagnie et lui dire au revoir. Peut-être écouter ce qu'il avait vraiment à dire. Lui laisser une chance. Nous laisser une chance alors qu'il s'envolait de l'autre côté de cet immense océan. Je ne peux pas refaire le passer, comme je ne peux pas oublier que d'ici quelques jours, ce même putain d'océan sera de nouveau entre nous. Il aime sa vie aux États-Unis. Je l'ai compris. Je n'ai plus ma place en tant que petit ami. Mais juste pour ces quelques jours, j'aimerai ne pas les gâcher.

Je quitte la salle embuée pour voir que le lit a été changé, les draps sont en boule sur le sol dans un coin et William est assis sur le lit, attendant mon retour. Il ne dit rien. Attends que je prenne une décision. Après tout, c'est moi qui a initié les premiers pas. Il me tend la main, je le rejoins et on se glisse sous les draps frais.

Lorsque je me réveille au matin, tout mon corps est repu. Ce tiraillement que j'avais depuis des années a disparu. Je suis bien. Le corps chaud contre le mien me rappelle que ce que nous avons fait cette nuit n'est pas un rêve. Je me redresse, fait glisser le bras de William de mon corps et je m'assois pour l'observer. Il est beau. J'aurai aimé voir ce spectacle tous les jours de ma vie. Je dépose un baiser sur son épaule, il marmonne quelque chose d'inaudible avant de se rendormir. Je souris et me lève pour attraper mes affaires et retourner dans ma chambre. Le chalet semble bien vide. Je me change et descends les escaliers en me tenant fermement à la rampe. Un vrai danger. Lorsque la dernière marche est atteinte, je soupire de soulagement. Enfin. Je retrouve Magalie dans la cuisine, comme à son habitude, debout dans les premiers.

— Mais tu ne dors jamais ?

Elle me sourit en me tendant un mug de café chaud. Je m'installe sur le tabouret en remontant le col de mon pull. J'ai l'impression qu'il fait plus frais qu'hier.

— Dormir est une perte de temps. J'optimise tout.

Elle avale une gorgée de son café en mordant dans une tartine. Une de nos dernières. Lorsque je lui fais la remarque, elle me répond malicieusement.

— Premier debout, premier servit.

J'acquiesce et en attrape une. Nous sommes bientôt rejoints par Thelia toujours de bonne humeur. Elle dépose un baiser sur ma joue avant d'aller lancer le feu dans la chemine.