5/ William

858 73 1
                                    

Lorsque je repense à cette première journée tout en m'allongeant enfin sous ma couette, je souris. Ça aurait pu être pire. Solange a fait sa crise en me voyant, mais Thelia a réussi à calmer le jeu. Enfin, calmer est un grand mot, il a la rancune tenace et je n'ai pas fini d'en baver. Mais je ne peux pas lui en vouloir...

Quoique si, je pourrais aussi faire ma tête de mule. Après tout, c'est lui qui n'a pas voulu attendre. Une année, ça aurait pu être juste une année, mais non. C'était trop long, trop compliqué. Un océan entre nous, c'était pire que la France.

Solange et le vide, deux choses qui n'ont pas l'air d'avoir changé. Prendre l'avion... la complication suprême. Lui et sa phobie du vide. L'excuse toute trouvée. Facile. Simple... je soupire.

Je ne regrette pas d'être parti, loin de là. Mon expérience professionnelle et sociale sont de vraies réussites. Sauf que cela ne fait pas tout.

Je passe ma main dans mes cheveux tout en regardant le plafond. La lumière de la lampe de chevet donne une ambiance intime à la pièce.

L'après-midi s'est plutôt bien déroulé. Avec Jonas et Arthur, on a regardé comment fonctionnait le sauna. Pendant que Magalie, Thelia et Solange ont préparé le planning des activités, ainsi qu'une première liste de courses pour le premier de l'an. Ensuite, nous avons tous vaqué à nos occupations plus ou moins urgentes. J'ai répondu à de nouveaux mails et passé un coup de téléphone professionnel. Rien de bien palpitant, mais au moins, cela m'a permis d'avoir une journée plutôt calme après le marathon avion, transports, voiture.

Je ferme les yeux, j'ai pris un cachet pour pouvoir dormir correctement et ainsi être en pleine forme demain. Je vérifie que mon réveil est à la bonne heure et j'éteins.

Lorsque je me réveille, j'ai la bouche pâteuse et l'impression de n'avoir pas rêvé de la nuit. L'effet des cachets. Je regarde l'heure et remarque qu'il est encore tôt. Une bonne heure et demi avant que les autres se lèvent. Deux options s'offrent à moi : traîner au lit, ce que je n'ai pas fait depuis longtemps, ou me lever et aller courir un peu.

J'opte pour la seconde option et enfile un jogging bleu marine, un t-shirt blanc et une veste de sport. On reste en hiver. Je me débarbouille rapidement et, mes baskets à la main, je descends sans faire de bruit. Ecouteurs aux oreilles, chaussures aux pieds, c'est parti.

Une bonne heure plus tard, l'air frais m'a fait du bien, je suis réveillé, en forme et en sueur. Le sentier qui longe la propriété et se perd dans la forêt est magnifique. Pendant que je courais, j'ai réussi à me vider l'esprit et ne penser à rien d'autre que mes foulées, mon rythme et la musique. À Manhattan, je ne peux pas sortir sans croiser quelqu'un, même à six heures du matin, il y a les habitués de Central Park. En fait, à New York, il y a toujours du monde, peu importe l'heure. Alors que là, personne. Juste les arbres et la nature. Un pur moment de solitude.

J'ouvre la porte discrètement au cas où les autres dormiraient encore. Il fait bon à l'intérieur. Je retire mes chaussures et me dirige vers la cuisine pour me servir un grand verre d'eau. Je m'arrête à mi-chemin quand je remarque qu'une personne est debout, et pas n'importe laquelle : Solange.

Il ne semble pas m'avoir vu, il a le regard perdu dans son café. Solange n'a jamais été du matin, il aimait prendre son temps à l'époque. J'avais oublié qu'il se levait souvent avant les autres pour savourer sa boisson en paix. Et nous n'avons pas assez bu hier pour qu'il fasse la grasse matinée. Je commence à faire demi-tour, mais c'est trop tard.

- Salut William.

Sa voix est rauque, signe qu'il n'a pas encore bu son café et qu'il tente encore de remettre ses neurones en ordre pour affronter la journée.

Une fin d'année entre amisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant