24/ Solange

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Cette semaine devait être tellement bien. Au final, tout est allé de travers. Et tout est de ma faute. D'abord à cause de mon passif avec William et maintenant à cause de mon actif avec Thibault... Mais quel con je fais ! J'ai un don pour les choisir les mecs. Un vrai de vrai. Tout ça à cause de ce stupide passé à la con. J'ai mal dormi cette nuit. Je n'ai cessé de repasser en boucle ce dérapage monumental.

Je me fou que Jonas soit un travesti à ses heures, et encore plus que Thelia soit trans. Thibault a dû lui faire tellement mal. Putain, Arthur, pourquoi tu ne nous as rien dit ?

Alors que je ressasse et ressasse encore, je fais abstraction total de Thibault qui est assis à l'arrière de la voiture de Magalie. Je n'ai pas envie de lui parler malgré ces vaines tentatives. J'espère qu'il n'attend pas que je lui pardonne. Jamais je ne le pourrais. Pas après ce qu'il a fait à mon meilleur ami et sa future femme.

Magalie a mis la musique à fond et ne parle pas non plus. C'est assez étrange venant d'elle. J'ai envie de m'excuser. J'aimerai pouvoir m'excuser. Sauf que Thibault est là et je ne veux pas engager la conversation avec lui. Ce qu'il fera dès que j'ouvrirais la bouche pour parler.

Le trajet va être long. Heureusement j'ai peu dormi. Si bien que quelques kilomètres plus loin, je sombre contre la fenêtre. Magalie me réveille trois heures plus tard pour qu'on se restaure. Elle s'est déjà arrêtée une fois pour boire un café et faire une pause toilettes, mais n'a pas voulu me réveiller. On se gare sur l'aire d'autoroute et on vaque à nos occupations. Il y a un peu de monde, mais trop non plus. Les vacanciers doivent attendre encore quelques jours pour revenir sur Paris. Du coup, j'en profite pour flâner dans les rayons et m'acheter un paquet de chips. Je repère rapidement Thibault qui tente une approche. Je me dépêche de me rendre à la caisse pour payer et retourner à la voiture. Malheureusement pour moi, Magalie n'est pas encore revenue.

— Solange, attends.

Où veut-il que j'aille ? Je ne vais pas rentrer à pied à Paris. Thibault me rejoint et me fait un pauvre sourire. Il ne m'aura pas avec son côté chien battu.

— Je suis vraiment désolé. J'étais en colère. Mes mots ont dépassé ma pensée.

Je ne dis rien. Je fixe un point derrière lui attendant que ce calvaire se termine.

— Je ne voulais pas te blesser. J'étais jaloux. Tu as passé la semaine avec ton ex et putain, Sol, mais tu as un suçon dans le cou. Tu voulais que je réagisse comment ?

— En n'insultant pas mes amis.

Je ne le regarde toujours pas. Une mère et ses deux enfants passent à quelques voitures de nous, nous lançant des regards inquiets. Elle doit avoir peur qu'on se tape dessus.

— Je... écoute, je ne pensais vraiment pas que tu serais amis avec eux, et encore moins que ton meilleur pote sortait avec un trans.

Je me redresse et pose enfin mon regard sur lui. Le dégoût que j'entends dans le ton de sa voix est palpable.

— Thelia est une très belle femme.

— Cela n'empêche en rien...

— Tu ne l'as connaît pas. Je viens de passer une semaine avec elle. Cette femme — et j'appuie bien sur le mot — est admirable. Elle a toujours été douce, gentille, réconfortante. Et surtout...

Je pointe mon doigt contre son torse couvert par sa doudoune. Malgré le fait que nous ne soyons plus dans les Alpes, il fait frais dehors.

— Elle aime mon meilleur ami et vice versa.

— Elle le trompe !

Je lève les yeux aux ciels.

— Thelia est une femme honnête, elle ne cacherait pas ce genre de chose à son futur mari.

Une fin d'année entre amisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant