Une fin d'année entre amis

25/ Solange

Le club est assez sympa. La musique n'est pas assourdissante et la décoration, certes un peu kitch, nous entraîne rapidement dans un autre monde. Un univers cosy, dans les tons rouges et noirs, avec beaucoup de plumes. Les serveurs sont tous travestis et je trouve que cela donne du charme au lieu. Je n'étais jamais allé dans ce genre de club et je le regrette un peu. Il y a même une petite scène où j'imagine facilement les artistes donner le change pour divertir un public friand d'animation.

Arthur me voit et me fait de grands signes pour que je les rejoigne. Thelia est avec lui. Mon cœur se serre en souvenir de ce que Thibault lui a dit et lorsque j'arrive à leur table, je me sens encore plus coupable.

— Merci d'être venu Sol.

— C'est normal. Après ce qui s'est passé...

Arthur me coupe dans mon élan et me propose de m'asseoir et de commander.

— Magalie et Jonas ne sont pas là ?

— Non. Et puis je préférais que nous soyons que tous les trois.

Je comprends. Je commande une limonade, ce qui fait largement sourire le serveur en bas résille, robe courte et talon compensé. Lorsqu'il revient avec ma boisson, j'ai le droit à son numéro en prime. Je deviens rouge ce qui amuse grandement Thelia et Arthur. Lorsque le calme revient, je sirote ma boisson mal à l'aise.

— Tu sais Solange, je ne t'en veux pas. Ce n'est pas de ta faute.

Je pose mon regard sur Thelia qui me sourit. Cette femme est tellement belle d'âme.

— Si. L'enchaînement de mes choix a fait que c'est arrivé. C'est un problème mathématique assez simple. Je n'aurai pas laissé Thibault en plan sur Paris, il ne serait pas venu, je n'aurai pas couché avec William, il n'y aurait pas eu de dérapage.

Thelia soupire et c'est Arnaud qui reprend.

— Thibault est un con. Et j'espère que tu as rompu avec lui.

Je reste silencieux avant de lâcher.

— Pas encore. Je n'ai pas eu le courage de l'appeler.

Mon meilleur ami me fixe avant de boire une gorgée de sa bière.

— Et William ?

— Quoi William ?

Je vois son visage se décomposer de fatigue face à moi.

— Tu l'as appelé, vous avez pu discuter, mettre les choses à plat.

Je ne réponds pas. Arthur lève les yeux au ciel et souffle assez fort pour me faire comprendre qu'il en a marre de nous deux.

— Et je suppose qu'il ne t'a pas appelé non plus ?

Je fais non de la tête. Thelia pose une main sur son bras en signe d'apaisement.

— Tu devrais l'appeler Solange. Vous avez besoin de parler.

Je la regarde à son tour et je m'enfonce dans le siège. J'aimerai disparaître, loin, très loin.

— Je sais.

— Mais ?

— Je n'ai pas son numéro.

L'excuse bidon.

— Si ce n'est que ça.

Arthur sort son téléphone de sa poche et commence à chercher le contact de William.

— Je vais te le donner son numéro et on en parle plus. J'en ai marre de tes fausses excuses. De vos fausses excuses à tous les deux. Quand j'ai eu William au téléphone hier, j'ai eu le droit à la même chose. « Je n'ai pas son numéro. Il ne voudra pas décrocher. Ça ne rime à rien. »