4 / Solange

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Je n'y crois pas ! Je n'y crois pas ! Les cons ! Arthur, espèce de traître. Comment a-t-il osé me faire ça ? Comment a-t-il pu ne rien me dire, me cacher qu'il serait là ? Alors c'est lui la sixième personne ? Comment j'ai pu être aussi naïf ? Bien évidemment qu'il allait être là. Comment j'ai pu croire qu'Arthur ne l'inviterait pas ? Parce qu'un océan les séparait ? Trop facile. Un coup d'avion et hop. Pour Arthur, ça c'est sûr, il le prend l'avion. Putain de merde ! Arthur, pourquoi ? Mais pourquoi ?

Je me laisse tomber sur le lit et soupire, la tête entre les mains. Ma semaine de vacances de rêve vient de tourner au cauchemar. J'avais réussi à m'éloigner de Thibault. Je pensais savourer la tranquillité du célibat ne serait-ce qu'une semaine... Pourquoi tu m'as fait ça Arthur ?

Il aurait dû me le dire. Je me frappe mentalement. Bien sûr que non, il ne me l'aurait jamais dit. Si j'avais su, je ne serais pas venu. Mais si. Pour fêter les fiançailles de Thelia et Arthur. Je serais venu.

Je laisse couler quelques secondes. Non. Pour être franc, j'aurai trouvé une excuse. Rien que l'idée de me retrouver dans la même pièce que lui ravive tout ce que j'ai tenté d'enfouir, loin, très loin dans mon esprit.

Putain fait chier !

Je tombe en arrière sur le matelas et fixe le plafond, tentant de calmer ma respiration.

Cela fait six ans, six ans que je n'ai pas vu William. Je me doutais qu'Arthur était toujours en contact. Il n'avait aucune raison de couper les ponts avec lui. Ce menteur ne lui avait rien fait.

C'est à moi qu'il a brisé le cœur.

Je sens les larmes perler au coin de mes yeux mais ne pas couler. Je suis en colère.

Mon portable choisit ce moment-là pour sonner. Je l'attrape dans la poche de mon jean et regarde le nom s'afficher sur l'écran. Je le laisse sonner sans répondre. Je ne suis pas d'humeur.

Mon bras retombe sur le lit et lâche le téléphone. Celui-ci s'arrête pour sonner à nouveau quelques secondes plus tard. Mais je n'ai toujours pas envie de répondre.

Le bip significatif d'un message vocal se fait entendre, puis celui d'un, deux, trois textos. Je ferme les yeux et respire fort. Rester calme. Il faut que je me calme.

On frappe à la porte et je soupire.

— C'est Thelia.

Arthur doit se sentir trop mal pour venir lui-même.

— Tu peux entrer. Promis, je n'ai rien cassé. On récupéra la caution.

Un rire clair me parvient et la porte s'ouvre. Thelia entre timidement et referme derrière elle.

— C'est Arthur qui t'envoie ?

— Non. J'ai décidé de venir. Sinon, c'est Magalie qui venait.

Je me redresse en fronçant les sourcils. Après la soirée et la matinée passées ensemble, je sais qu'elle n'y aurait pas été avec des pincettes.

— Je suppose que tu connais toute l'histoire ?

Elle hoche positivement la tête en me souriant tristement.

— Arthur a beaucoup hésité à faire cette semaine de vacances. Au début, il ne voulait faire qu'un repas dans un bon restaurant. Nous aurions été tous les cinq. Sauf qu'Arthur n'arrivait pas à concevoir ce dîner sans William. Et William n'aurait pas pris l'avion pour un soir.

Je soupire. Je sais qu'elle a raison. C'est évident que William n'aurait pas traversé l'Atlantique pour une soirée entre amis...

— Il aurait dû me prévenir.

Une fin d'année entre amisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant