Il fait froid et la nature est vraiment belle, mais putain qu'est-ce qu'il fait froid. Je savais que partir en randonnée avec je ne sais combien de centimètres de neige serait galère mais à ce point-là. Quelle idée nous avons eue ! Cela fait une bonne heure que nous sommes partis et on n'avance pas. J'ai l'impression de faire du surplace. À ma droite, Jonas et Magalie ont trouvé un rythme à deux, Thelia en est au même point que moi, c'est-à-dire à faire du surplace et Arthur tente de la motiver, et devant nous, à l'aise, comme si c'était une promenade de santé, William marche tranquillement. Il se retourne de temps en temps pour nous motiver et voir où nous en sommes, mais je suis jaloux de sa facilité actuelle.
— Allez, vous n'en avez pas l'impression, mais on a avancé.
Mouais, à ce rythme-là, on y sera arrivé à la nuit tombée. Heureusement que le ciel est clair qu'il ne neige pas. Je jette un coup d'œil derrière moi. On ne voit plus le chalet, juste des sapins mélangent de vert et de blanc. Pour redescendes, je tenterais bien le roulé-boulé. Ça ira sûrement plus vite.
Une présence se fait à mes côtés et William me prend le bras.
— Est-ce que ça va ? Tu veux de l'aide ?
Je fronce le nez et hésite entre oui et non. Oui parce que j'en ai marre de galérer et non parce que, merde, il est vraiment trop proche. Je sens son odeur légère d'orange et d'after-shave et cela me donne des frissons dans tout le corps. Et il est hors de question que je flanche. Hier, c'était hier. Même si j'ai décidé que je pouvais, peut-être, revoir ma copie le concernant. Je n'arriverais pas à tout lui pardonner. Mais je suis faible.
— Comment tu peux marcher avec autant de facilité ? demande Magalie qui se tient à Jonas en soufflant.
— J'ai fait plusieurs excursions comme ça au Canada.
— Le Canada ? Vraiment ?
Magalie a des étoiles dans les yeux. Dès qu'on parle voyage, de toute manière, elle devient intéressée.
— Oui. C'est beau le Canada, et avec la neige, il y a beaucoup d'activités sympas.
William m'attrape le bras sans faire attention et m'aide à me remettre en marche. Je n'ose rien dire mais j'ai soudainement plus chaud.
— Il y a de très belles régions. Les promenades en raquette, chien de traîneaux sont très agréables. Les paysages sont époustouflants.
Et il continue de parler comme si gravir ce chemin n'était rien pour lui. Tout en l'écoutant, on continue d'avancer si bien que c'est avec une heure de retard que nous arrivons enfin au lac. Et je ne regrette pas de ne plus ressembler à rien. Je suis en sueur, sûrement rouge, et mon souffle est celui d'un bovin mais, la vue est magnifique.— C'est superbe !
Le lac est gelé et recouvert par endroit de neige. Les arbres tout autour sont blancs. On dirait que la nature est figée dans le temps. Il n'y a personne. Pas un bruit. À part nos souffles de sportif amateur.
Magalie se laisse tomber dans la neige en poussant un petit cri aigu parce que oui, c'est froid et humide. Mais ce sera la seule à le faire, car, c'est la seule à avoir pris un pantalon de ski. L'expression préférée de Magalie, c'est « être parée à toute éventualité ». Je comprends mieux pourquoi leur voiture était blindée. Moi avec mon pauvre jean... Bon, j'avais quand même pensé à apporter des bottes fourrées. Non, c'est Arthur qui m'a dit de mettre ça dans ma valise au cas où ? Je n'y croyais pas à la neige, mais ma mère m'a dit la même chose lorsque je l'ai vu à Noël. Toujours être préparé au pire. Enfin, il n'empêche que je n'avais pas prévu la combinaison de ski non plus, faut pas exagérer et je le regrette un peu. Parce que je me serais bien laissé tomber aussi dans la poudreuse.
VOUS LISEZ
Une fin d'année entre amis
RomanceSolange, William et Arthur se connaissent depuis le bac à sable et ont toujours été inséparables quoi qu'il advienne. Lorsque Solange, poussé par Arthur, fait sa déclaration à William, il ne s'attendait pas à un oui. Malgré leurs études différentes...