Chapitre 6

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Enfin ! L'exploration des débutants était programmée pour dans 8 jours. Les jeunes trépignaient rien qu'à l'idée. Ils s'étaient engagés pour cela, avaient été entrainé pour cela, ne parlaient que de cela. Les heures qui précédèrent l'événement s'avéraient longues et terriblement ennuyantes. Le chef-entraîneur Shadis avait refait surface, et malgré son originalité sadique en matière d'exercice, rien ne semblait les intéresser tant qu'ils n'auraient pas passé ces murs.

Gabrielle ne supportait pas ça, ces périodes de dépression, aussi lentes que la mort d'un titan en parfaite santé. Une idée naissait dans son esprit. Une idée malsaine, que tout le monde accueillera avec plaisir, pour enfin la haïr en y repensant. Une expérience excitante, punissable. Elle germa dans sa tête, se propageait dans les gestes et paroles de la fille et la suivit n'importe où elle allait. Alors Gabrielle explosa.
- Mais t'es malade Gab ? s'indigna Charlie en secouant la tête négativement.
- Moi je trouve que ça mérite d'être écouté, dit Conny en éjectant du banc la seule personne sage de la salle.
Le petit groupe qui encerclait Gabrielle reporta toute son attention sur ses propos.
- Eh bien, déjà, personne ne me contredira si je dis qu'on se fait tous chier ici ? Elle marqua une pause pour observer ses camarades silencieux. Alors, je pense qu'on a bien travaillé jusqu'à là et qu'on mérite consolation. Donc pourquoi ne pas s'amuser un peu ?
- T'entends quoi par s'amuser ? s'enquit Jean.
- Rien de dangereux. Familiariser avec nos amis les titans.
- Quoi ?
- T'as quoi dans le crâne, s'énerva Mikasa.
- Si c'est contre les règles, non !
- Tu veux faire quoi ? S'inquiéta Armin.
- Au diable les règles, on a même pas vingt ans, sauf peut-être...
Gabrielle jeta un regard moqueur vers Reiner qui s'en aperçut et s'indigna.
- J'ai 19 ans morveuse !
- Bref, j'avais pensé à empreinter du matériel tridimensionnelle, et, durant la nuit prochaine, faire un petit tour sur les défenses des murs.
Elle les avait tous clouer sur place, voués au silence. Sasha fut la première à réagir.
- Mais on pourrait se faire bouffer !
- C'est ça qui est drôle ! Dans peu de temps, on va risquer notre vie avec ces merdeux, alors autant jouer avec eux quand on le peut encore.
- Tu es vraiment folle, lâcha Charlie.
- Moi je marche, s'écria Eren. Passer ma vie avec Rivaille me fait oublier de vivre.
- Moi aussi, se résigna Mikasa.
La proposition était risquée, inutile, mais ils étaient jeunes et cela était évidement l'un des dernière moments qu'ils vivaient tous ensemble. Ils n'avaient rien à perdre.

Le jour suivant servit à établir le plan. Conny et Marco s'introduiront dans l'entrepôt où était rangé l'équipement. La 104eme brigade devra se réunir vers 23 heures pour démarrer le « jeu » sur la rempart ouest du mur Maria.

Annie s'était désistée, ainsi que Bertol, pour des raisons inconnues. Mais les autres, bien que s'ils se font attraper, sentence sévira, et ce, sévèrement, étaient impatients de vivre dangereusement, ce qui leur manquait cruellement. Bien heureusement, Gabrielle, qui était le chef de ce coup au penchant foireux, avait insisté pour se dénoncer. Après tout, c'est d'elle qu'était venue la péripétie.

Mais en même temps, cette dernière cherchait plus loin. Elle allait dans le sens où, si ils se faisaient piéger, elle aura le droit à un violent tête à tête avec le Capitaine. Peut-être tentait-elle de se venger de ce que lui avait fait subir Rivaille. Et puis, elle ne pouvait se mentir à soi même, il y avait quelque chose qui la poussait à exister au yeux de son supérieur.
Désormais, à chaque fois qu'elle passait devant lui, son regard se perdait, s'éteignait, se durcissait, et elle ne devenait que du vent. Elle se criait mentalement :« J'existe, bon dieu ! j'existe ».
Mais il n'entendait pas ses pensées et jouait la carte de l'indifférent. Gabrielle suffoquait et trottinait jusqu'à ne plus le voir.
Il l'avait cherché.

Le matin même de l'expédition nocturne, personne ne tenait en place, l'excitation les submergeait. l'entrainement semblait n'être qu'une sieste avant l'aventure plutôt désagréable et le repas, un apéritif. Enfin arriva le soir habillé de ses millions d'étoiles magnifiques. Le couvre-feu approcha et lorsque que Shadis eut achevé sa dernière ronde, l'énervement était au comble. Les deux garçons chargés d'emprunter le matériel sortirent de leur lit à pas de loup et s'enfuirent vers le stock tridimensionnel, pendant que les autres rejoignirent leur point de regroupement. Ils sautillaient sur place en enfilant leur tenue. Charlie vérifia tout de même si aucun problème n'avait été de mise, s'assurant de la sécurité. Si au moins ils risquaient leur place dans la brigade, autant le faire soigneusement. Il n'adhérait pas du tout à cette petite expédition , mais si Gab y allait, il se devait de l'épauler.

Dès lors où Gabrielle lança le feu vert, la folie les bouleversa, et dans la nuit noir, une dizaines d'oiseaux s'envolèrent. Les ombres se jetèrent dans le vide, démontrant la parfaite expression du « plus rien ne m'atteint ». Ils étaient libres l'espace de quelques courts instants incroyables, magiques.
Vous voyez, lorsque vous faites ou vivez une action exceptionnelle, et que les larmes vous piquent les yeux, que l'émotion vous coupe le souffle, vous arrachant l'unique parcelle de bon sens pour, à la place, marquer votre cœur de l'indépendance irrationnelle, et, que plus rien ne compte à par le moment présent ? Jamais ces soldats ne pourront tant apprécier la vie que lorsqu'ils ont fait le grand pas.
Gabrielle inspira, et hurla.
Elle n'avait pas passée tous les murs, ni tué tous les titans, loin de là, mais qu'importe, cela lui suffisait. Elle jaugeait les monstres de son piédestal, perchée dans les airs, et son cœur faisait boum boum, sans fin. Enfin elle se sentait à sa place dans ce monde, seule, au dessus de ses créatures sans émotion, vibrante.

Mais vite Charlie la ramena à la raison une énième fois, quand il l'apostropha pour lui montrer que Jean était en situation de panique.
- Il va se faire bouffer ! s'écria Sasha en risquant d'alerter tout le voisinage.
- Mais non...
Gabrielle effectua un tournant sur elle même, prenant appuis sur l'immense mur dans son dos, et s'élança vers le coup du titan. Sans effort, elle lui trancha son point faible avec un sourire carnassier. Tous se mirent à rire, combinés entre la terreur et la joie délirante.
La troupe de sauvages glissa sur les grosses pierres qui faisaient leur palissade face au monde libre, s'exécutant en pirouette pour échapper aux simplets mais immenses personnages qui tentaient sans relâche de les dévorer. L'aventure dura une heure, et pas une seconde ils pensèrent au temps qui passe et au danger qu'ils courraient .
Mais malgré leur puissance incontestée, ils avaient baissé la garde, et cela se fut vite ressentir. Conny, manifestement trop lent, reçu le poing d'un titan dans les jambes. Alors la panique gagna les soldats. Le garçon fut déstabilisé et son grappin se décrocha de la prise. Tout le monde le cru perdu, le voyant chuter dans une gueule béante, ou pendaient des morceaux de chair et gouttait du sang de miséreux. Gabrielle n'eut pas le temps de réagir, ni Mikasa, ni un autre hormis le spectre inespérée. Ce dernier se jeta sur l'ennemie et le tua d'un geste bref. Son agilité était reconnaissable, et sa rapidité, imbattable. L'ombre avait jaillit de nul part et attrapait dans sa chute incontournable le pauvre Conny, pétrifié de peur. Il le ramena vivement sur les ramparts sans même denier les regarder.
- Qu'est ce qu'il se passe ? Qui était-ce?
- C'est Rivaille, murmura Gabrielle, à bout de vie.

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