« Est-ce qu'on peut appeler ça une réussite ? tenta Gabrielle.
- J'n'en suis pas sûr, tant de morts et de blessés. Puis, cette bataille n'avait pas vraiment de but, répondît Charlie.
- Elle n'était même pas prévue, renchérît Conny.
- Oui, que s'est-il passé d'ailleurs ? Je suis arrivée légèrement en retard.
- À vrai dire, nous n'en savons pas plus que toi. Il y a eu d'abord un grand boucan, un BOUM abominable, faisant trembler sols et murs, et de la fumée s'est échappée de là où devait s'être résonné le bruit. Ensuite, c'était la panique. On nous a rassemblé, et sans s'interroger plus, nous avons foncé.
- Tu était où ? questionna Jean.
- Oh, je suis allée rendre visite à mon frère.
- Comment va Ange ? S'ensuit Charlie.
- Ça pourrait être mieux.
Gabrielle repensa alors à la déclaration de son frère sur cet ami, elle entraperçu ne serait ce qu'une seconde un avenir en commun, et frissonna. Elle ne voyait franchement que Rivaille.
Elle reprit :
- Je crois qu'il attend ta visite. Et Eren, où est-il ?
- Il est entre les mains de la justice.Ce monde demeurait, et ce à jamais, incompréhensible pour Gabrielle. Comment est-ce qu'un garçon qui se donne à l'armée, presque en se sacrifiant, corps et âme, ne peut toujours gagner la confiance d'un seigneur. Eren mérite l'honneur qu'on lui refuse. Il n'est pas un monstre, par trop de fois il l'a démontré. L'injustice prône sur une terre où l'apparence éphémère domine.
Tout n'est qu'éphémère, car périssable est toute chose née.Gabrielle traversa à la hâte le grand hall assourdi par les gémissements ou les rires. Elle se rendit dans la chambre d'Ana. Ce soir, un brasier comme on en avait jamais admiré sera allumé, et ses flammes lécheront le ciel nonchalamment, rendant hommage aux étoiles de garder en leurs seins d'innombrables morts, idolâtres d'un trépas éternel. Gabrielle désirait réunir au complet le peu de survivants qu'elle avait connu au cour de sa jeunesse. Ana en faisait partie.
Néanmoins, alors que le soldat se trouvait à l'angle du couloir menant au chevet des invalides, l'appréhension la gagna et elle entendit cet homme froid murmurer son nom, comme l'appel d'un démon lointain, dans un lointain lendemain. Elle se retourna, et dans un sursaut, buta contre la poitrine du caporal-chef. Comme poussée d'un jeu d'échiquier, elle roula au sol, au pied de Rivaille. Il l'a regarda froidement, et dans un soupire, lui tendit la main.
Ce fut alors qu'il la plaqua contre le mur sans indulgence, et emprisonna ses lèvres. Il était brutal, presque bestial, et ses doigts glissaient dans son cou, jusqu'à sa gorge. Les quartiers étaient vides et bien que seuls, ils ne pouvaient rester à s'étreindre là. Mais elle n'avait pas envie de faire d'effort, ni de quitter cet endroit. Et lui non plus. Il n'y avait qu'elle.
Mais pour combien de temps encore ?
Comme pris dans une tornade d'émotions, ils devenaient frivoles, chétifs.
Lorsque Gabrielle l'embrassait, elle sentait le néant l'envelopper d'un bien fou. Ses main s'attardaient entre les omoplates de l'homme et le griffaient presque.
Mais brusquement, elle arrêta tout mouvement, respirant fortement, collée à un mur de marbre et un mur de pierre. Elle était appuyée contre lui et l'excitation dévorait ses sens.
Et elle dit :
- Levi...je t'aime.Cette déclaration plutôt soudaine sembla déconcerter ce dernier. Il la relâcha et fit quelques pas.
- Je ne t'avais pas demandé ça.
Il était calme, mais ses poings étaient discrètement serrés dans son dos.
- Vous ne m'avez rien demandé oui !
- Mais tu as tout faux. Tu n'es rien. Rien qu'un cadavre à mes yeux. Ici il n'y a pas d'attachement, il n'y a que toi pour toi. C'est la vie.
- Je ne suis pas morte, je respire. Voyez, je bouge.
Elle caressa le bras de son adversaire avec tendresse. N'était-ce pas une preuve amplement suffisante. Pourtant, il se décala fébrilement.
- Pour combien de temps ? »Ainsi, il s'en alla sans un regard, mais des regrets. L'indomptable, l'implacable capitaine avait ses fantômes. Gabrielle trotta vers son but premier, hantée par ses paroles. L'avait-elle dit ? Le pensait-elle. Elle souhaitait simplement cogner sans pitié sa tête contre le mur.
Ana allait mieux, cependant, elle lui fit remarquer que la guerrière portait une veste trouée et inondée de sang, Gabrielle souleva alors son habit, et découvrit une plaie presque immonde, du sang coagulait là, la peau était flétrie et une chaleur douloureuse présente depuis longtemps persista d'avantage. Elle en avait oublié sa propre personne. Elle s'éternise donc à l'infirmerie, grognant à chaque tour de plus que faisait le médecin avec le bandage, puis alla flâner à travers lacs et forêts.
Parfois elle se disait que tout pourrais être différent, sans vraiment l'être. Que ces arbres pourraient être libres, ils ne s'en rendraient compte. Là est la nuance avec l'homme. Lui, il sent le besoin de s'égarer pour se trouver. L'être végétale est née là où il demeurera, là est sa place et le doute n'est que nenni. Le doute à une importance bien trop ample dans le cœur de l'homme.
Peut-être qu'un jour, il n'y aura plus ni plantes, ni écureuil ou chevreuil, ni étang ou rivière, mais simplement un monde de béton. Les titans sont-ils un moyen pour ne pas se développer vers le mal ? Les murs sont-ils une barrière face à une évolution dévastatrice ?Lorsque les ténèbres enfin, contre toute attente, s'empressèrent d'assombrir le ciel bleu, le peignant d'un noir ancré et scintillant, les acclamations, que dire, le brouhaha s'embrasa à l'instant que naquit le feu. Il dévorait la brume et alors la soirée débuta. Les braises escaladaient les nuages et piquaient les étoiles d'or et d'argent ; et les flammes de leurs rayons célestes éclairaient les visages déjà présents, projetants des ombres sur les âmes en deuil. Ainsi les fidèles et courageux guerriers pleurèrent leurs défunts, loin dans le divin monde, regrets et larmes pour leurs morts.
Sous le regard indiscret du caporal-chef, Gabrielle et la 104eme brigade, Ana aussi, pensèrent à Marco et leurs aïeuls dont beaucoup avaient péri durant l'invasion.Affronter la mort est une bien plus grande bataille que de vivre.
La nuit même, minuit dépassé depuis belle lurette, tandis que Gabrielle marchait dans l'austère cité, vide de cri non de ronflements, croisant par rare moments des soldats qui avaient la même envie qu'elle, après la cérémonie mémorial, le monde était en paix. Tel une vague doucereuse, qui lentement, s'était posée sur le cœur de chacun, pour un temp seulement.
Bientôt, la jeune fille, lasse de ses pensées pesantes et parfois dérangeantes, s'attarda contre une colonne et contempla la lune. Elle sentit alors quelqu'un près d'elle. Gabrielle sut déjà qui était là.
« Je vous pensais moins peureux.
- Tu n'as pas à dire ça.
- Je vous pensais d'ailleurs incapable de ressentir quoique ce soit.
Gabrielle gardait ses yeux fixés vers le ciel acharné, ses yeux s'illuminaient du reflet des étoiles.
- t'es une gamine naïve. Tu sais rien de ce que tu crois connaître.
- Mais je commence à me faire une petite idée de vous.
Il ne dit rien mais arqua un sourcil en signe d'impatience.
Elle reprit.
- Vous êtes pessimiste, arrogant, et pour vous la vie ne vaut rien.
- Ta vie vaut bien plus qu'autre chose.
Il s'était rapproché d'elle et une certaine tension embaumait l'air.
- Vous êtes en progrès.
- Je n'ai pas à m'améliorer, ni me justifier auprès d'une morveuse.
- Je ne vous en demande pas tant.
Ceci dit, elle s'en retourna vers le pont reliant le village au centre de l'armée. Les mains dans les poches et la tête baissée vers les galets qui consolidaient le chemin, le vent effleurait à peine ses joues rougis par le froid ou la gêne.
Promptement, Gabrielle s'arrêta, contrainte d'un bras sur le sien. Elle releva les yeux vers les iris d'acier du caporal-chef bien trop près, ses pupilles brillaient d'une lumière nouvelle, plus vive, plus irréelle.
- Tu n'as rien à me demander, simplement de m'aimer.
Et il l'embrassa soudainement, avec ardeur. Gabrielle s'accrochait à lui comme si sa vie en dépendait, et elle se sentait heureuse, légère.
Une alizé parcourut fraîchement la ville, mais ce n'était pas cela qui l'a faisait franchement frissonner.Leur étreinte s'accentua de seconde en seconde, et dorénavant, il n'y avait qu'eux sur terre.
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Dignité
FanficLevi est un homme distant, froid et violent, rattaché à l'armé tout en gardant son indépendance intacte. Il se crée une armure et s'éloigne peu à peu du monde voisin par sa vulgarité et sa froideur. Mais rien ne résiste à l'amour. Levi x reader Simp...